À Tarbes, les consommateurs n’ont pas perdu l’appétit à cause de la dermatose bovine. Au contraire, certains d’entre eux affirment consommer du bœuf pour soutenir les éleveurs mobilisés. Reportage au marché Brauhauban.
La dermatose bovine a jeté un froid dans les fermes. Mais pas derrière les étals de boucherie. Il n’y avait qu’à voir les files d’attente, ce samedi matin, au marché Brauhauban, à Tarbes. Devant la maison Flament, d’abord. ” On continue d’acheter du bœuf par solidarité avec les éleveurs mobilisés, mais aussi parce qu’on a toujours aimé la viande rouge “, lance Elodie. Ce matin-là, elle s’apprête à demander, avec son compagnon Lionel, une entrecôte de bœuf, comme le couple a l’habitude d’en consommer. La dermatose nodulaire contagieuse, elle en est sûre, ne laisse aucune trace dans son assiette. ” On fait confiance, c’est une filière contrôlée “, justifie la cliente. Derrière elle, Jean-Louis, retraité, va choisir de la volaille et une brandade de morue au rayon traiteur. L’absence de viande rouge dans son panier, chez Jean-Louis, c’est un choix du cœur : ” Ma femme ne consomme que de la viande blanche, je m’adapte à son régime “. Et un choix de raison : ” Et il est vrai que je ne mange quasiment pas de bœuf par conviction. Je sais que c’est une filière qui réclame beaucoup d’eau et qui prend du temps pour l’élevage “.
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Pas d’inquiétude particulière pour Sylvie et Aurélie, mère et fille, qui ont pour tradition de faire le marché ensemble. Chez elles, il y aura du bœuf sur la table, comme d’habitude. ” Il y a des protocoles mis en place et surtout, ce n’est pas transmissible à l’homme “, précise la mère, fille de boucher. Elle a été à bonne école. Même argument pour Audrey et Valentin, la trentaine. ” On n’est pas du tout freiné par la dermatose. Surtout qu’on a appris que la maladie ne pouvait pas se transmettre “, assure Audrey. Le couple a réduit la consommation de viande rouge pour des raisons économiques. Mais s’autorise un bon morceau de bœuf une à deux fois par semaine. Sauf ce samedi : ce sera saucisson.
” Parce que j’ai vu mon père travailler à la ferme “
” On n’est pas du tout impacté par cette maladie, nos clients savent qu’on travaille avec des producteurs locaux, ils ne sont pas particulièrement méfiants. D’ailleurs, aucun d’entre eux ne nous questionne au sujet de cette crise “, observe Peyo Flament, l’un des deux responsables de la boucherie sous la halle. Comme souvent avant les fêtes de fin d’année, sa file d’attente déborde. En moins d’une matinée, 40 commandes ont été enregistrées pour les repas de fin d’année. ” On a beaucoup d’activité, au moins autant que l’année dernière à la même époque “, note-t-il. Des extras ont été recrutés, ponctuellement, pour faire face à la demande.
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Devant la boucherie charcuterie l’Occitane, l’engouement ne dément pas non plus. C’est le cas de Chantal, une cliente solidaire des agriculteurs. ” Je soutiens les paysans parce que je trouve que l’État va bien trop loin avec eux. Les règles d’abattage sont trop dures, le gouvernement ferait mieux de contrôler davantage l’importation de bœuf en France “, argumente la consommatrice. Fille d’un éleveur de vaches, elle a toujours bu du lait et mangé de la viande de bœuf en toute tranquillité, ” parce que j’ai vu mon père travailler à la ferme “. Anne-Marie, elle, n’apprécie que le bœuf cuisiné à la bourguignonne et façon daube. Question de goût. ” En fait, je ne m’étais même pas posé la question d’arrêter ou pas le bœuf à cause de la dermatose “, confie-t-elle, loin de la psychose.

