En lançant sa “Gold Card” vendue un million de dollars, Donald Trump transforme l’accès à la résidence américaine en produit financier assumé. Un dispositif légal et ultra-rapide qui sidère par sa franchise : payer pour immigrer.
Donald Trump n’a jamais caché sa volonté de réorienter l’immigration américaine vers les profils les plus fortunés. Avec la “Gold Card”, désormais opérationnelle, le président pousse cette logique à son point le plus spectaculaire : une voie express vers la résidence permanente, ouverte à quiconque peut verser un million de dollars au Trésor américain. Une mesure que la Maison-Blanche présente comme une réforme économique “bénéfique pour la nation”, mais dont le caractère frontal laisse médusés juristes et défenseurs des migrants.
Née d’un décret signé en septembre, la Gold Card s’adresse aux “contributeurs à haute valeur ajoutée”. Le parcours commence sur Trumpcard.gov : dépôt des documents d’identité et paiement de 15 000 dollars de frais de dossier, non remboursables, pour une vérification renforcée. Si l’administration valide cette première étape, le demandeur reçoit une invitation officielle à verser la contribution décisive. Un million pour un particulier, deux millions lorsqu’une entreprise parraine un salarié. Dans les documents officiels, la somme est qualifiée de “don” destiné à soutenir le commerce et l’industrie américains.
Trump announces the launch of the “Trump Gold Card” which will allow individuals to pay a $1M fee to skip ahead of other applicants for EB visas. A source at DHS says this change will not increase the amount of visas granted.
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— AF Post (@AFpost) December 11, 2025
Une fois le transfert effectué, la machine s’emballe : instruction prioritaire du dossier, décision en quelques semaines pour les nationalités non soumises à quota, et délivrance d’un statut équivalent à celui de résident permanent légal.
Immigration à deux vitesses
De nombreuses analyses l’assimilent à une version accélérée des visas professionnels EB-1 ou EB-2, mais sans les exigences économiques classiques ni quotas stricts. L’administration promet déjà “des milliards” de contributions et revendique plus de 10 000 préinscriptions avant même l’ouverture officielle.
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Ce visa premium tranche avec le durcissement généralisé de la politique migratoire : suspension d’immigration depuis 19 pays frappés par le “travel ban”, gel des demandes d’asile, opérations massives de déportation… Dans ce contexte, l’apparition d’une filière réservée à ceux qui peuvent payer nourrit les critiques d'”immigration à deux vitesses” et interroge la légalité d’un mécanisme créé sans intervention du Congrès.
Trump, lui, assume pleinement cette hiérarchie économique de l’accueil. “C’est une green card, mais en beaucoup mieux”, assure-t-il. Et déjà, la Maison-Blanche prépare l’étape suivante : une “Platinum Card” à 5 millions de dollars, assortie d’avantages fiscaux et d’un séjour annuel prolongé. Une surenchère qui confirme la nouvelle doctrine migratoire du président : fermer la porte à la majorité, l’ouvrir en grand à ceux qui peuvent en payer le prix.

