Donald Trump à Washington DC, le 5 décembre 2025. WILLIAM VOLCOV / BRAZIL PHOTO PRESS VIA AFP
L’administration Trump a émis vendredi 5 décembre un document sur sa « Stratégie de défense nationale », dans lequel elle anticipe l’« effacement civilisationnel » de l’Europe, veut restaurer sa puissance en Amérique latine et juge « l’ère des migrations de masse » terminée.
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« Dans tout ce que nous faisons, nous mettons l’Amérique d’abord », résume Donald Trump dans une préface au document de 33 pages, qui exhorte à « protéger le pays contre les invasions ». Le texte qui constitue un véritable camouflet pour les pays européens.
• Un « risque d’effacement civilisationnel » de l’Europe
Le texte confirme les grandes lignes de la politique étrangère américaine depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier. Il y a un risque « d’effacement civilisationnel » de l’Europe, estime le document publié dans la nuit de jeudi à vendredi par l’administration de Donald Trump. « Si les tendances actuelles se poursuivent, le continent sera méconnaissable dans 20 ans ou moins ». Le document de 33 pages appelle à « restaurer la suprématie américaine » en Amérique latine, et annonce un « réajustement » de la présence militaire américaine dans le monde, « pour répondre aux menaces urgentes sur notre continent, et un éloignement des théâtres dont l’importance relative pour la sécurité nationale américaine a diminué ces dernières années ou décennies ».
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Washington affirme par ailleurs que « l’ère des migrations de masse doit prendre fin. La sécurité des frontières est l’élément principal de la sécurité nationale », affirme le document alors que Donald Trump a considérablement durci sa politique contre l’immigration. « Nous devons protéger notre pays contre les invasions, non seulement contre les migrations incontrôlées, mais aussi les menaces transfrontalières telles que le terrorisme, les drogues, l’espionnage et la traite des êtres humains », poursuit-il.
• Berlin assure ne pas vouloir de « conseils venant de l’extérieur »
Berlin a promptement réagi. L’Allemagne n’a pas besoin de « conseils venant de l’extérieur », a déclaré dans la foulée de la publication du texte, le chef de la diplomatie allemande. « Des sujets comme la liberté d’expression ou l’organisation de nos sociétés libres » ne peuvent être discutées par Washington, a indiqué le ministre des Affaires étrangères Johann Wadephul en conférence de presse à Berlin avec son homologue islandaise. « Nous ne pensons pas non plus que quiconque doive nous donner des conseils à ce sujet, car cela est organisé par notre ordre constitutionnel », a ajouté le ministre conservateur.
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L’Allemagne attache aussi « une grande importance » selon lui à la présence de médias libres sur son sol, un autre sujet récent de dispute avec Washington. En septembre, le chef de la diplomatie allemande avait plaidé pour une presse « libre », « y compris » aux Etats-Unis, quand la Maison Blanche envisageait de raccourcir la durée des visas pour les journalistes étrangers.
• Un texte « inacceptable et dangereux » pour Valérie Hayer
Le texte de la Maison Blanche définissant la nouvelle stratégie de sécurité américaine est « inacceptable et dangereux », a également jugé vendredi l’eurodéputée Valérie Hayer, présidente du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen. « Ce document est inacceptable et dangereux. L’administration Trump n’a pas à se mêler de nos politiques intérieures », a réagi cette élue française sur X. « Cette administration Trump est un ennemi de l’Europe. Nous devons cesser de nous comporter en ami avec elle », a-t-elle encore assuré.
« Ne disons pas aux autres peuples comment ils devraient vivre et n’acceptons pas qu’on nous fasse la leçon », a renchéri la vice-présidente de la Commission des Affaires étrangères au Parlement européen, Nathalie Loiseau (Renew Europe). « Il n’y a pas d’autre réponse possible que de créer les conditions d’une véritable autonomie stratégique et de construire une Europe puissante, qui ne se laisse dicter par personne ses choix de société », a-t-elle ajouté dans une réaction à l’AFP.
• Les Etats-Unis, toujours « plus grand allié » de l’UE
Malgré tout, les Etats-Unis restent « le plus grand allié » de l’Union européenne, a affirmé samedi la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas. « Bien sûr, il y a beaucoup de critiques, mais je pense que certaines d’entre elles sont également fondées », a-t-elle déclaré lors d’une conférence à Doha, au Qatar.
« Les États-Unis restent notre plus grand allié (…) nous n’avons pas toujours été d’accord sur différents sujets, mais je pense que le principe général reste le même. Nous sommes les plus grands alliés et nous devons rester unis », a-t-elle ajouté tout en estimant que « l’Europe a sous-estimé son propre pouvoir ».
Cette position est aussi celle du ministre des Affaires étrangères Johann Wadephul : « Les États-Unis sont et resteront notre allié le plus important dans l’alliance (Otan), axée sur les questions de défense et de sécurité », a-t-il assuré vendredi.

