Gérard Cassagne, 93 ans, est le supporteur le plus âgé du RC Vannes, club dont il a été dirigeant pendant plusieurs années. Mais sa passion du rugby n’est pas née en Bretagne mais en Lot-et-Garonne, à Prayssas d’où il est originaire.
C’était soir de fête, ce vendredi 28 novembre au stade de la Rabine à Vannes. Le club local, le RCV, célébrait son 75e anniversaire lors de la rencontre de Pro D2 contre le SU Agen (victoire des Bretons 36-15). Dans les tribunes, un supporter vannetais n’aurait raté ce match pour rien au monde : Gérard Cassagne. À 93 ans, l’homme est le plus âgé des fans du RC Vannes. Mais il n’est pas Breton, il est originaire du Lot-et-Garonne. De Prayssas pour être plus précis, où il a vécu jusqu’à l’âge de 19 ans. Né en 1932, le Lot-et-Garonnais entre dans l’armée française au début des années 1950, dans un régiment colonial, et est mobilisé à Madagascar. En 1964, il fait son retour dans l’Hexagone et est affecté à Vannes. Son histoire d’amour avec la ville du Morbihan commence cette année-là.
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« J’y ai rencontré mon épouse et nous avons eu quatre enfants, explique ce dernier. En 1968, j’ai quitté l’armée et suis reparti à Agen où j’ai travaillé pour la Société Générale. J’étais simple caissier. À l’époque, les caisses étaient en verre et fermées. J’ai travaillé à la banque pendant quatre ans, jusqu’en 1975. Cette année-là, on est retourné vivre à Vannes car ma femme est de là-bas. »
Dirigeant du RCV pendant plusieurs années
Et, en bon enfant du Sud-Ouest, le rugby n’a jamais été très loin. S’il a joué à ce sport quand il était militaire à Madagascar, ses premiers souvenirs, Gérard Cassagne les a eus à Armandie. « J’ai toujours été passionné par ce sport. J’allais au stade voir Agen avec ma sœur Carmen. Elle était aussi investie dans le SUA. Elle travaillait à la Sécurité sociale et était une supportrice du SUA très connue », se remémore le vieux monsieur.
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Carmen Cassagne, malheureusement décédée en 2024 à l’âge de 94 ans, était une fan inconditionnelle du Sporting. En 2014, alors qu’elle avait 84 ans, elle confiait dans nos colonnes être abonnée depuis près de cinquante ans. Et comme la passion de la balle ovale est très présente chez les Cassagne, son petit frère est, lui aussi, très assidu au stade, mais du côté de la Rabine. Car, en plus d’être un aficionado du club à l’hermine, le Prayssassais a été dirigeant de la formation bretonne pendant de nombreuses années.
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« Ça a commencé dans les années 1980. Mes deux fils jouaient au RC Vannes. Je me souviens encore du premier terrain où ils jouaient et quand je vois la Rabine maintenant, ça me fait tout drôle, rembobine Gérard Cassagne. Je n’étais pas impliqué au début car je travaillais. Mais à ma retraite, après mes 60 ans, je me suis engagé avec le RCV. J’ai été trésorier et m’occupais des entrées et des cotisations. J’ai été dirigeant jusqu’en 1995. »
“Je suis pour Vannes, mais j’ai une pensée pour Agen”
Pour lui, ce match contre le SUA du vendredi 28 novembre 2025 a donc une saveur particulière. Comme à son habitude, le vieil homme, écharpe du RCV et jumelles autour du cou, s’est installé dans la travée réservée aux personnes à mobilité réduite (PMR). Ce vendredi, une bonne partie de sa famille est également venue pour ce match de gala. Le virus du rugby, Gérard l’a transmis à ses quatre enfants et à ses petits-enfants. « Ce soir, je suis pour Vannes, mais j’ai une pensée pour Agen, confie le Breton d’adoption. C’est toujours très spécial pour moi. Je me souviens quand Agen est venu à la Rabine en 2016, pour notre première saison en Pro D2. On avait fait match nul. Par contre, au retour, on avait pris 56-0 à Armandie. »

Cette époque paraît bien loin quand on voit comment le club vannetais a évolué. La formation bretonne est l’une des plus ambitieuses de Pro D2, un an après avoir connu la première saison en Top 14 de son histoire. Le stade de la Rabine enchaîne les rencontres à guichets fermés. Et la Bretagne s’est prise de passion pour son club de rugby. « C’est extraordinaire ce qu’il se passe. On est redescendu mais on n’a pas été ridicules en Top 14. Tout le monde a loué notre combativité. Il y a un engouement du public, chaque Breton se sent supporter du RCV. C’est sûr que ça nous fait plaisir. On se dit que c’est un peu grâce aux anciens comme nous que le RC Vannes en est là où il est aujourd’hui. »

