La Renaissance, restaurant inclusif de Lourdes, brille par sa cuisine bistronomique. Plus de la moitié de son équipe est en situation de handicap, mais c’est la qualité des plats qui séduit. Un modèle d’inclusion réussi.
Derrière les fourneaux, Alexandre est le chef d’orchestre. Il annonce à voix haute les bons de commande, coordonne son équipe, et distille de nombreux conseils tout en s’occupant de certaines cuissons et du dressage des assiettes… Bref, depuis trois ans, il gère d’une main de maître la cuisine de La Renaissance, ce restaurant emblématique du centre-ville de Lourdes que l’Adapei des Hautes-Pyrénées a repris pour en faire une entreprise adaptée.
Si l’on se fie uniquement à la qualité des plats ou du service, rien ne permet de deviner que plus de la moitié de l’équipe du restaurant est composée de personnes en situation de handicap. Et c’est bien là la recette du succès de cet établissement, qui affiche en moyenne 35 couverts chaque midi. “C’est un projet que l’on a souhaité vertueux et humaniste, rappelle Evelyne Lucotte-Rougier, présidente de l’Adapei 65. L’objectif n’est pas de mettre en avant le handicap, mais les compétences et le talent de chacun. Ce n’est pas un restaurant d’application, mais un restaurant bistronomique comme tous les autres, avec la qualité, le savoir-faire et la compétence avant tout.”
Rythme de travail adapté
Naturellement, l’établissement a été pensé de sorte à favoriser l’inclusion et permettre à des personnes porteuses d’un handicap de s’y épanouir à travers le travail. “Ici, on a une bienveillance et une bientraitance naturelle puisqu’on connaît la situation de chacun, indique la présidente. Le rythme de travail est par exemple moins exigeant que dans un restaurant “traditionnel” puisque nous ne sommes ouverts que le midi, avec un service bar le matin et en début d’après-midi.”
D’ailleurs, les clients ne sont pas toujours au courant qu’une partie de l’équipe est en situation de handicap. Qu’importe, ce n’est de toute façon pas ce qu’ils viennent chercher. “Je viens manger ici chaque semaine parce que c’est excellent, glisse Pierre, un habitué des lieux. Il y a de bons menus et un super service : rapide, efficace et toujours avec le sourire. Je reviens à chaque fois avec plaisir.”
Un compliment, parmi tant d’autres, forcément apprécié pour Alexandre et son équipe en cuisine – Émilien, Mathieu, Océan et Pedro –, ainsi que pour Anne, la responsable de salle, bien secondée par Léa et Clément. “Je suis très fier de mon équipe, livre le chef cuisinier. Ils sont motivés, progressent et gagnent en autonomie. J’ai une super chance d’être ici.”
Prendre son envol
Formé auprès de grands chefs cuisiniers, Alexandre n’est pas dupe pour autant : pour que ce restaurant inclusif perdure, il doit marcher. Cela repose avant tout sur la qualité des plats, tous faits maison avec un maximum de produits frais et locaux… Certains provenant même des halles de Lourdes, juste en face de la Renaissance !
En cuisine, chacun connaît son rôle. Émilien est en charge des desserts avec Pedro, un jeune apprenti, Océan s’occupe des entrées tandis que Mathieu est aux plats chauds, tous bien épaulés et supervisés par Alexandre. Le tempo du service est géré par Anne, qui s’occupe d’accueillir les clients et de prendre leurs commandes, alors que Clément et Léa se répartissent chacun une partie de la salle.
Porteurs d’un handicap ou non, tous se disent très épanouis dans leur travail à la Renaissance, où ils se sentent “responsabilisés” et valorisés. Certains rêvent même en grand, comme Léa qui aimerait un jour “ouvrir son propre restaurant”. D’autres se voient encore continuer longtemps ici tant ils aiment leur métier. C’est le cas de Clément qui, à force de gagner en autonomie, a désormais son propre appartement sur Lourdes. Petit à petit, il prend son envol… Et c’est tout l’intérêt de La Renaissance.