Au procès de la maison de l’horreur du Gers, le verdict est tombé ce mercredi 19 novembre. La cour acquitte les trois coaccusées et condamne Makhete M. à 30 ans de réclusion criminelle.
La cloche retentit, l’huissier annonce d’une voix ferme : “La cour !”. Les jurés réapparaissent, les visages graves, encore marqués par de longues heures de délibération. Makhete M. rejoint le box des accusés.
Une question obsède la salle, les avocats et les accusés : des acquittements seront-ils prononcés ? Et que s’est-il réellement passé derrière la porte close de la salle des délibérations ? Nul ne le saura jamais.
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La présidente s’installe avant de lever les yeux vers le box. Son visage ne trahit rien, sinon la fatigue d’une audience de huit jours, dense, éprouvante, où se sont succédé le récit et les témoignages de violences psychologiques, physiques, sexuelles, de peur, d’isolement.
Dans le public, les enfants sont sur les bancs et semblent se préparer à recevoir un choc au même titre que leur mère et leurs proches.
Les mots finissent par tomber, nets, implacables après une longue lecture des réponses aux 550 questions auxquelles ont dû répondre les jurés et la cour. Le tout, après plus de 6 heures de délibérations. Une attente interminable.
“Acquittées”
Les trois coaccusées, anciennes compagnes de Makhete M., mère des 29 enfants que compose cette famille, sont acquittées.
Pour la cour, l’emprise était totale.
C’est ce mot, répété durant tout le procès, qui revient comme un verdict moral : emprise. La peur, la domination et l’humiliation constituaient le quotidien. Un autre terme résonne également.
“Dignité”
C’était le maître-mot de ces jours d’audience, celui qu’ont porté les avocats de la défense, ceux des parties civiles. Celui que les victimes ont tenté de préserver malgré des années de cauchemar. Durant huit jours, elles ont revécu, dans cette salle, ces années où chaque jour elles étaient calfeutrées derrière les murs de la maison désormais surnommée : “la maison de l’horreur de Nogaro”.
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Du côté des avocats comme pour les proches des trois femmes acquittées, l’émotion est palpable. De longues étreintes viennent conclure l’audience. “C’est un énorme soulagement d’être enfin reconnu comme victime, de pouvoir tourner ce chapitre douloureux de leur vie”, commente Me François Roujou de Boubée, avocat de l’une des trois accusées.

Le calvaire est terminé, ce mercredi 19 novembre 2025 marque la fin d’une procédure judiciaire inimaginable. Terminé pour elles, peut-être. Mais jamais oublié. “Nous avions à cœur que cet acquittement soit totale, ajoute Me Eric Mathias […] Cette décision fera date.”
“Coupable”
Reste alors la figure singulière de Makhete M., leur bourreau, celui qui a été surnommé dans le dossier et médiatiquement le “gourou”. Reconnu coupable, il a été condamné à la plus lourde peine, celle qui a été requise : trente ans de réclusion criminelle assortie d’une période de sûreté aux deux tiers.
Pendant toute l’audience, durant l’instruction, il s’est muré dans un silence lourd. Non celui du déni, ni de la confusion. Mais comme si le jugement relevant des hommes ne le concernait pas et que seule une force supérieure était en droit de le juger.
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Les jurés, eux, ont dû composer avec ce vide, ils ont jugé sans entendre sa voix… Ni celle de son avocat. C’était l’un des derniers rebondissements au moment même où la parole aurait pu éclairer les faits. Makhete M. a refusé que son avocat plaide pour sa défense. Un geste rare, presque déroutant. Son conseil est resté assis, impuissant. La présidente lui en a donné l’autorisation : il ne prendrait pas la parole.
À l’annonce du verdict, Makhete est impassible, la tête dans ses mains. Que se passait-il dans sa tête à ce moment-là ? Seul lui sait.

