Quelques jours après le 11-Novembre, le Café Jaurès des Amis de Jean Jaurès revient sur la disparition d’Alain Fournier et de ses compagnons gascons. Une histoire longtemps ensevelie et réapparue grâce à un exceptionnel travail d’enquête et de mémoire. La conférence de Daniel Hourquebie, ancien journaliste à La Dépêche, qui a longuement enquêté sur cette histoire hors normes, aura lieu mardi 18 novembre à Toulouse.
Dans le sillage des commémorations du 11-Novembre, la rencontre organisée par les Amis de Jean Jaurès à Toulouse* entend redonner un visage aux “oubliés de l’Histoire”. Une manière de rappeler que les premières victimes de la Grande Guerre de 14 furent aussi ces hommes ordinaires, paysans et artisans gascons du 288e RI, happés par la violence dès les premières semaines du conflit.
L’histoire commence le 22 septembre 1914. Dans la forêt de Saint-Rémy-la-Calonne (Meuse), Henri Alain-Fournier, lieutenant et auteur du “Grand Meaulnes”, disparaît avec vingt de ses compagnons. Longtemps, rien ne filtre, sinon le silence et l’incertitude.
La Dépêche ouvre ses archives
En 1989, Le Figaro littéraire, à partir de sources allemandes, interroge les circonstances de leur mort. La question choque en Gascogne, où la mémoire des disparus demeure vive. C’est alors que la rédaction gersoise de La Dépêche du Midi rouvre le dossier et ses archives de l’entre-deux-guerres font émerger les témoignages oubliés des survivants, revenus au pays et déjà porteurs d’un récit clair et net : les hommes sont tombés en combattant.
Cette version trouvera une confirmation bouleversante en novembre 1991. Après des recherches acharnées, une fosse intacte est retrouvée : Alain-Fournier et ses vingt compagnons y reposaient, ensevelis tels quels après l’affrontement. Les analyses balistiques confortent les récits gersois et dissipent les doutes. L’identification minutieuse des corps, dix-neuf sur vingt et un, révèle l’humble humanité d’une France rurale envoyée à la mort, rappel brutal de ce que fut “la grande boucherie”.
En 1992, la réinhumation en Moselle, en présence de familles souvent âgées, referme partiellement la plaie. Mais elle ouvre aussi un chemin de transmission : offrir aux générations futures plus que des noms, des visages et des vies. Une exigence de mémoire chère à Jean Jaurès.

