November 13, 2025

Colère des agriculteurs : Macron tente d’apaiser la crise avec un "non ferme" au Mercosur et des aides ciblées

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Alors qu’une centaine de tracteurs ont convergé vers Toulouse ce mercredi 12 novembre, Emmanuel Macron a reçu une délégation d’agriculteurs à l’École nationale de l’aviation civile. Le chef de l’État a réaffirmé son opposition à l’accord UE-Mercosur en l’état et annoncé plusieurs mesures de soutien.

Sous tension, cette journée du mercredi 12 novembre a été marquée par une rencontre à huis clos entre Emmanuel Macron et une délégation d’agriculteurs, à l’École nationale de l’aviation civile (Enac), à Toulouse.

Toute la matinée, plusieurs centaines d’agriculteurs avaient convergé vers le quartier de Montaudran, klaxons à fond et drapeaux au vent, pour protester contre les déclarations du chef de l’État sur l’accord commercial UE – Mercosur. Mais au-delà du traité, la colère portait aussi sur une série de sujets restés sans réponse : l’extension des zones vulnérables, la taxe carbone sur les engrais, la flambée des charges ou encore la dermatose bovine qui frappe les élevages.

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Une semaine plus tôt, depuis le Brésil, Emmanuel Macron s’était dit “plutôt positif” à l’idée d’une ratification de l’accord commercial entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, alors qu’il s’y était jusqu’ici fermement opposé. Dans les rangs agricoles, cette volte-face a été vécue comme une trahison. “On fait des efforts pour produire proprement, et on importerait des viandes qui ne respectent aucune de nos normes ? C’est un non-sens !”, lançait un éleveur de Haute-Garonne, les yeux rivés sur son tracteur.

Un huis clos sous haute tension

En début d’après-midi, le président et la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, ont donc reçu à l’Enac les représentants des principaux syndicats d’Occitanie. À quelques centaines de mètres de là, les tracteurs restaient alignés le long de l’avenue Bernard-Maris, sous le regard des gendarmes. “Si Macron ne nous reçoit pas, on ne bouge pas d’ici !”, jurait un céréalier de Sénarens, tandis que d’autres partageaient un café sur les capots ou faisaient griller des saucisses.

À l’issue de plus d’une heure d’échanges, Annie Genevard a rapporté les propos du chef de l’État : le projet d’accord entre l’Union européenne et le Mercosur, “tel qu’il existe aujourd’hui, recueillera un non très ferme de la France”. En l’absence de clause de sauvegarde, de “mesures miroirs” ou encore de “contrôles aux frontières”, “la France ne peut pas valider à ce stade le projet d’accord avec les pays du Mercosur parce que ce projet d’accord ne protège pas les intérêts de nos agriculteurs”, a ajouté la ministre devant la presse.

Des annonces économiques

Pour tenter d’apaiser la colère, Emmanuel Macron a également annoncé plusieurs mesures : la création d’un fonds de trésorerie destiné aux exploitations les plus fragiles, et la reconnaissance de la région Occitanie comme “territoire d’exceptionnalité”, ouvrant la voie à des expérimentations locales sur l’irrigation et la gestion de l’eau.

Des engagements salués par Jean-Marie Dirat, président de la FRSEA Occitanie : “On s’est mis au travail, on a bossé les dossiers, et c’est grâce à ce travail de fond qu’on a obtenu des choses.” Il a appelé à “rentrer la tête haute et dissoudre la manif”.

Une déception pour les Ultras de l’A64

Mais le discours n’a pas convaincu tout le monde. Jérôme Bayle, figure des Ultras de l’A64, s’est dit “déçu” du contenu de la rencontre. “Je ne me suis pas senti considéré, je vous le dis. Macron ne fait pas sauter l’extension des zones vulnérables, donc on va encore devoir dormir sur les routes.”

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L’éleveur du Volvestre a dénoncé l’absence de réponse concrète sur ce dossier, qui impose de nouvelles contraintes environnementales à de nombreuses communes de Haute-Garonne. “On continuera à se battre pour nos exploitations”, a-t-il prévenu.

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