Le Biquette Club, une ferme de Crayssac, dans le Lot, réinvente l’élevage de chèvres angora. Mathilde et Stéphane transforment leur laine en produits durables. Avec 40 kg de mohair par an, ils défient la fast fashion.
Le Covid, les confinements, qu’est-ce qui est essentiel, qu’est ce qui ne l’est pas… Comme beaucoup, Mathilde Levez, artisan bijoux, sellerie et maroquinerie, a tout remis à plat quand le monde s’est mis au ralenti.
Elle décide alors de réaliser son rêve d’enfant : concilier l’artisanat, le travail en plein air, et si possible les animaux, “surtout sans avoir à les tuer, je suis trop cœur d’artichaut pour ça”. Pour la Lotoise installée avec son compagnon Stéphane Roques à Crayssac, les chèvres angoras cochent toutes les cases.
Une reconversion conforme à leurs convictions
Trois ans après, le couple aux convictions écologiques fortes (“On veut faire partie de la solution, pas du problème”, disent-ils d’une même voix) a consolidé sa reconversion. Un parcours à découvrir ce dimanche 8 novembre, dans le cadre de la Fête de l’arbre à Douelle, où le couple tiendra un stand.
Stéphane, qui arrivait de la communication, du marketing et de l’enseignement, a emboîté le pas de Mathilde et s’est formé. La Ferme des tabliers, qu’elle a créée il y a trois ans aux Vitarelles, à Crayssac, deviendra un Gaec, le Biquette Club, en janvier prochain. Un changement de nom choisi ensemble, pour marquer ce “projet de vie” commun.
Un nuage de laine
D’ailleurs, il n’y a qu’à admirer les 34 chèvres à bouclettes blanches et soyeuses, dans le champ du voisin, de l’autre côté de la route, pour s’en convaincre : la vie est belle et simple, au Biquette Club. “Ce sont des animaux hyper attachants”, résume Mathilde dans un sourire.
Tondues deux fois, leurs bêtes fournissent environ 40 kg de laine par an. “Les chèvres angoras ont une qualité de toison exceptionnelle, proche du cachemire ou de la vigogne”, sourit Stéphane. “Elle est douce, brillante, légère. C’est comme tricoter un nuage”, dit Mathilde joliment. Et qu’on ne vienne pas leur dire que le mohair gratte. “Celui des vêtements industriels, oui. Mais pas le nôtre.”
Conserver une activité créatrice
Une fois prélevées, les toisons sont ensuite expédiées à la Sica Mohair à Castres. Cette coopérative tarnaise collecte environ 16 tonnes auprès de la centaine d’éleveurs français. Puis elle s’occupe des étapes du traitement (lavage, cardage, filage, certaines étant réalisées en Italie) jusqu’à la pelote ou le produit fini, certifié “Mohair des fermes de France”.
“On se fournit en vêtements plus techniques, gants, étoles, chaussettes auprès de la coopérative. Mais les tours de cou, bonnets, écharpes, bandeaux, c’est moi qui les tricote.” Mathilde tenait à conserver une pratique créative, elle a ainsi toute liberté sur la couleur, la forme et la taille.
Des idées à revendre
Le couple s’intègre totalement dans ce renouveau de la filière : relocaliser les activités, privilégier les circuits courts, proposer une mode naturelle, éthique et durable, dans l’air du temps, à contre-courant des ravages écologiques de la fast fashion. Bref, “dépoussiérer l’image vieillotte du mohair”.
Mathilde et Stéphane ont des envies à revendre : ouvrir une boutique au rez-de-chaussée de leur maison, développer les “Tuppermohair” (vente à domicile), organiser des concerts voire de l’agrotourisme à la ferme. Dans ce paysage en mouvement, le Biquette Club entend bien mener la danse.

