S’il ne perd pas en intensité, l’ouragan Melissa sera le plus puissant ouragan à toucher terre en Jamaïque depuis le début des suivis météorologiques. AFP PHOTO / RAMMB/CIRA
Il pourrait être l’ouragan le plus violent à toucher terre en Jamaïque : l’ouragan Melissa, classé catégorie 5, la plus élevée, se déplace lentement dans les Caraïbes et a frappé l’île caribéenne ce mardi 28 octobre. Plusieurs personnes sont déjà décédées. « Le Nouvel Obs » fait le point.
• Des vents jusqu’à 280 kilomètres par heure
Avec des vents allant jusqu’à 280 kilomètres par heure, l’ouragan Melissa figure en catégorie 5, la maximale sur l’échelle de Saffir-Simpson, et a frappé la Jamaïque de plein fouet tôt ce mardi. Le Centre national des ouragans des Etats-Unis (NHC) a indiqué dans la matinée qu’il était à environ 185 km de Kingston, la capitale de la Jamaïque.
S’il ne perd pas en intensité, il s’agira du plus puissant ouragan à toucher terre en Jamaïque depuis le début des suivis météorologiques. L’inquiétude est d’autant plus grande qu’il évolue à une vitesse très basse, de 4 km/h. Les pluies torrentielles et vents puissants pourraient donc s’éterniser.
Michael Brennan, directeur du NHC, a précisé que Melissa doit provoquer mardi une submersion marine pouvant atteindre quatre mètres, menaçant d’inondations le littoral sud de la Jamaïque, ainsi que des pluies torrentielles dans les terres, a prévenu Michael Brennan, directeur du NHC.
« C’est un ouragan massif » et « son impact devrait être massif » également, a indiqué Anne-Claire Fontan, spécialiste des cyclones tropicaux à l’Organisation météorologique mondiale (OMM) à Genève, auprès de l’AFP. « Il va y avoir des inondations soudaines catastrophiques et de nombreux glissements de terrain », a-t-elle détaillé. Selon elle, « c’est jusqu’à présent la tempête du siècle pour la Jamaïque ».
• Des craintes de destructions massives, des habitants appelés à évacuer
Depuis plusieurs jours, toute la Jamaïque se prépare comme elle peut au déferlement redouté. Les ports et l’aéroport international ont été fermés.
« Ne sortez pas », a insisté le NHC, qui anticipe des bourrasques « potentiellement mortelles », des inondations et des ravages d’une ampleur comparable à ceux causés par les ouragans Maria en 2017 ou Katrina en 2005, à Porto Rico et à La Nouvelle-Orléans. Le Premier ministre Andrew Holness a lui aussi alerté sur des risques de dégâts majeurs dans l’ouest du pays. « Je ne pense pas qu’une seule infrastructure de cette région puisse résister », a-t-il déclaré sur CNN, appelant les habitants à évacuer les zones les plus à risques.
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Mais de nombreux habitants refusent, un témoin interrogé par l’AFP expliquant que beaucoup ont gardé de mauvais souvenirs des abris anti-ouragans proposés par les autorités. Selon le Premier ministre, 881 abris sont ouverts dans l’île.
Pour ajouter à la difficulté et alors que les pouvoirs politiques et secours s’efforcent de diffuser les messages adéquats, des dizaines de fausses vidéos générées par intelligence artificielle ont été diffusées sur les réseaux sociaux, dont certaines minimisant l’ouragan, montrant de faux bulletins d’informations ou des habitants. Des faux contenus qui pourraient amener les usagers à sous-estimer le danger.
• « La menace humanitaire est grave et immédiate »
Selon les autorités jamaïcaines lundi, trois personnes ont été tuées alors qu’elles se préparaient en coupant des branches et en travaillant sur des échelles. Trois autres décès sont à déplorer en Haïti, et un en République dominicaine, où les équipes de secours recherchent également un adolescent porté disparu.
Le risque humanitaire est particulièrement important : sur les 2,8 millions d’habitants que compte l’île, au moins « 1,5 million de personnes pourraient être touchées, y compris les familles qui se remettent encore de l’ouragan Beryl [survenu en juillet 2024, NDLR] », a déclaré Necephor Mghendi, chef de délégation pour les Caraïbes anglophones et néerlandophones à la Fédération internationale de la Croix-Rouge (FICR), lors d’une conférence de presse.
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« Mais ce chiffre est largement sous-estimé, car les conséquences sur la population comprendront des perturbations des services essentiels, des perturbations sur les marchés et, bien sûr, des blocages de routes. Cela signifie que l’ensemble de la population pourrait en subir les conséquences d’une manière ou d’une autre », a-t-il ajouté, s’exprimant depuis Trinité-et-Tobago. Et de marteler : « La menace humanitaire est grave et immédiate. »
Depuis une semaine, la Croix-Rouge jamaïcaine est mobilisée au plus haut niveau d’alerte, avec au moins 400 bénévoles mobilisés, a indiqué mardi la FICR. « Nous espérons le meilleur, mais nous devons nous préparer au pire », a insisté Necephor Mghendi.
• En route vers Cuba
Melissa avait déjà touché la Républicaine Dominicaine, dont il s’éloignait ce mardi. Mais les autorités du pays craignent à présent des inondations et des glissements de terrain provoqués par de fortes pluies, notamment le sud-ouest de l’île et les populations de la région frontalière avec Haïti.
Après la Jamaïque, Melissa devrait toucher Cuba, où les autorités ont commencé à fermer des écoles et à évacuer des habitants, alors que le manque d’électricité empêche la bonne diffusion des messages d’alerte. Continuant sa route vers le nord, il pourrait toucher ensuite le sud des Bahamas et l’archipel des îles Turques-et-Caïques, un territoire britannique.

