Arrivé au TFC en juillet pour succéder à Damien Comolli, Olivier Cloarec a réussi son atterrissage. Pour sa première prise de parole depuis sa présentation, le président toulousain détaille sa vision du poste et dresse le bilan côté terrain, à l’aube d’une semaine décisive pour les Toulousains qui reçoivent Rennes, son ancien club, ce mercredi (21h05).
Vous avez été nommé président du TFC le 8 juillet. Que retenez-vous de ces premiers mois d’exercice ?
Ça a été très intense, mais il ne pouvait pas en être autrement, au vu du contexte dans lequel je suis arrivé, et la période à laquelle je suis arrivé. Damien Comolli était là depuis cinq ans, il exerçait différents rôles au sein du club et son poste était vacant pendant près de deux mois, même si Neil Chugani a assuré l’intérim. Donc quand vous arrivez dans un nouveau club, une nouvelle ville, et en période de plein mercato, dans un contexte économique compliqué pour le foot français, forcément, il y a beaucoup de choses à faire. Donc oui, beaucoup d’intensité. Mais mon adaptation a été facilitée par l’accueil dont j’ai pu bénéficier. Les gens au club, l’ensemble des Toulousains, je ne dis pas ça par flatterie, ont eu beaucoup d’empathie. Cela m’a beaucoup aidé.
Comment avez-vous géré cette arrivée au milieu du mercato ?
On a été dans la continuité de ce qui avait déjà été fait, avec les hommes déjà en place. Carles Martinez Novell était en place avec son staff, Viktor Bezhani venait d’être promu directeur sportif. La connexion avec eux a immédiatement bien fonctionné. Plus globalement, un bon travail d’équipe a été fait, à tous les niveaux, avec les gens dans les bureaux, avec José Da Silva (président de l’association TFC). La jonction s’est bien passée. Je ne vais pas le cacher, il y a eu des moments de doute ; je sais que beaucoup de gens ont pris peur après la campagne des matchs amicaux. Mais ils restent des matchs de préparation, il n’y a pas forcément de corrélation avec la compétition, on l’a vu. La seule chose qui peut être problématique, c’est que la confiance peut être amoindrie, mais sincèrement, il n’y a pas eu de panique, j’ai senti de la sérénité. Et beaucoup de travail accompli.
Qu’est ce qui a été le plus compliqué cet été ?
La priorité était de bâtir une équipe compétitive. Une des choses les plus difficiles à faire était de garder tous les joueurs qui étaient sollicités pendant le mercato d’été. Ça a été une vraie réussite, parce que le challenge était élevé.
Comment avez-vous fait pour convaincre ces cadres, Charlie Cresswell, Cristian Casseres et autres ?
Avec Viktor (Bezhani) et Carles (Martinez Novell), on leur a expliqué nos intentions, en leur disant que l’on comptait vraiment sur eux. Ce sont des joueurs et des personnes qui sont attachés au club, qui avaient le désir de poursuivre l’aventure avec nous. Ce que je retiens aussi, c’est l’état d’esprit que l’on voit aujourd’hui. Il y a quelque chose qui se dégage du vestiaire et du club de manière générale. Il y a une cohésion entre les Pitchouns et les joueurs plus expérimentés. Pour moi, c’est une vraie force sur laquelle on doit capitaliser.
Le bilan sportif à date vous satisfait-il ?
Si on nous avait dit il y a trois mois qu’on aurait 13 points après neuf journées avec un calendrier sur le papier difficile… C’est plutôt encourageant pour la suite. Maintenant, comme vous avez pu l’écrire ce matin dans La Dépêche en parlant de bascule, cette semaine est très importante. Elle peut conditionner un peu plus la suite. Il restera encore beaucoup de matchs, il pourra se passer des choses, mais c’est le moment pour nous de savoir ce qu’on peut faire. C’est un moment clé pour valider notre bon début de saison.
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Le TFC marque beaucoup de buts, ce qui n’était pas forcément le cas les saisons précédentes…
C’est important de le souligner. On a marqué 15 buts, dont 11 à domicile. C’était l’un des challenges de la saison, d’être plus performants au Stadium, de produire du jeu, marquer des buts et être plus performants à domicile. Je sais que ça a beaucoup marqué les esprits ces deux dernières saisons. Après avoir gagné à Lyon (2-1 lors de la 7e journée Ndlr), nous étions très satisfaits, mais cette victoire, il fallait lui donner du sens en battant Metz au Stadium le week-end suivant. Donc oui, produire du jeu, et donner des émotions aux gens. Ça, c’est très important.
Avez-vous fixé des objectifs chiffrés pour la saison ?
Non. Le premier objectif peut paraître peu ambitieux, mais c’est déjà de s’éloigner du bas du classement le plus vite possible. Plus vite vous pouvez envisager une saison sereine, plus vite il peut se passer d’autres choses. Quand vous vous éloignez du bas, vous jouez avec une pression différente, plus positive, avec plus de confiance, les joueurs prennent plus de risques dans leurs choix…
L’idée, c’est que si on peut garder un peu plus longtemps nos Pitchouns, on va essayer de le faire
C’est exactement ce que disait Carles Martinez Novell la semaine dernière. Pour parler de lui, c’est un entraîneur que vous n’avez pas choisi, que vous ne connaissiez pas. Quelle est votre relation avec lui ?
Cela se passe très bien, humainement, avec lui et son staff. On parle le même langage, et on travaille bien ensemble. Je suis président, Carles est entraîneur, Viktor (Bezhani) est directeur sportif, et chacun est à sa place. Mais c’est très réducteur de ne parler que de nous trois. Il y a les joueurs, le staff, les gens dans les bureaux. Un club, c’est tout ça. Avec Carles, on trouve des moments d’échange – qui ne sont pas quotidiens –, on a notre manière de fonctionner qui marche bien.
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On lit souvent à propos de vous que vous seriez un “homme de dossiers”. Est-ce que cela colle à la réalité ?
Je ne sais pas ce que l’on met derrière cette définition… Je dirais, plutôt qu’un homme de dossiers, que je suis un président opérationnel. Ça veut dire que j’aime bien comprendre, que je suis proche des gens, à qui je donne de l’autonomie et de la responsabilité. Je suis quelqu’un qui aime apporter du liant et qui cherche à mettre les gens dans les bonnes conditions pour qu’ils travaillent de la meilleure des façons. Homme de dossiers, cela voudrait dire que je reste dans mon bureau tout le temps… Ce n’est pas moi. Peut-être que je suis catalogué comme ça parce que médiatiquement, je ne suis pas hyper présent. Mais ma conception d’un club de foot, ce n’est pas un seul homme. C’est un ensemble de composantes, qui va même bien au-delà du club. C’est aussi les médias, les partenaires, les supporters, les institutionnels…
Vous avez récemment prolongé Dayann Methalie jusqu’en 2030. Ces dernières saisons, beaucoup de Pitchouns ont quitté le club sans avoir prolongé leur contrat…
Le centre de formation de Toulouse est hyper performant depuis des années. Nous sommes très contents d’avoir prolongé Dayann, quinze jours après avoir signé le premier contrat professionnel d’Alexis Vossah. L’idée, c’est que si on peut garder un peu plus longtemps nos Pitchouns, on va essayer de le faire. Mais il ne faut pas non plus se voiler la face. Il y a aussi une réalité économique, un marché qui est très concurrentiel, et on ne fait pas toujours ce que l’on a envie de faire. Prenez l’exemple de Jaydee Canvot, que l’on a vendu après seulement 12 titularisations en Ligue ; si on avait pu faire les choses différemment, on l’aurait fait. Mais ce n’est que notre volonté à nous, on ne maîtrise pas tout.
Peut-on vraiment se priver d’une vente comme ça quand on connaît la réalité de la situation financière des clubs ?
Non ! On savait que l’on devait vendre, et que Jaydee souhaitait plutôt partir. Et quand vous avez des clubs comme Crystal Palace en Premier League, qui fait la Coupe d’Europe, nous n’étions pas à même de lutter. Dans ce contexte, la seule chose à faire était de négocier au mieux son départ (le Pitchoun a été vendu à Crystal Palace pour 23 plus 3,5 millions de bonus et 15 % à la revente). Cela nous a aussi aidé à garder les autres, clairement. Mais c’est sûr que ce n’est pas satisfaisant de se séparer d’un Pitchoun qui a fait 12 matchs en pro. Ce serait mieux qu’il y ait une saison de confirmation, qu’il fasse une saison pleine avec le Tef, et qu’ensuite il aille s’épanouir ailleurs. On va essayer de tendre vers ça, mais ce n’est pas non plus une promesse, car cela ne dépend pas que de nous. Le marché est comme ça mais c’est très frustrant.
Vous aviez dit lors de votre conférence de presse de présentation que vous n’aviez jamais travaillé en dessous de la Loire. Qu’est-ce qui vous a marqué après ces quelques mois passés à Toulouse ?
Il y a des différences et des points communs. Mais sincèrement, les gens sont vraiment accueillants, il y a une proximité, une forme de climat familial. Vendredi dernier, j’étais à Colomiers au rugby, je suis aussi allé au Stade Toulousain, franchement l’accueil est assez naturel. Vous vous sentez un peu comme chez vous alors que, comme mon nom l’indique, je ne suis pas de la région. Mais les gens n’en ont cure, ils vous ouvrent les portes, vous tendent la main. Ça m’a beaucoup marqué.
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Vous avez donc eu l’occasion de rencontrer les présidents des autres clubs de sports toulousains…
Tout à fait, ils m’ont réservé un super accueil. Et là pour le coup, il y a une vraie différence ici. Parce que, que ce soit à Strasbourg, à Brest ou à Rennes, je n’ai pas eu de contact aussi rapide et de proximité qu’avec l’ensemble du milieu sportif toulousain. J’ai vu les dirigeants des Dauphins du Toec, j’ai vu le président du Fenix, Didier Lacroix m’a aussi convié rapidement à aller partager un déjeuner avec lui, j’ai visité les infrastructures du Stade Toulousain et j’ai assisté au match contre l’UBB. J’ai donc aussi été à Colomiers vendredi et vu Olivier Dubois, le président du TO XIII. On sent que cette ville est super sportive et très accueillante. D’autant que je suis arrivé au moment du départ et de l’arrivée du Tour de France à Toulouse… Ça vous met dans le bain. Après ces trois mois et demi, je suis pleinement épanoui. Et au-delà de ce côté sympathique, le niveau de performance des clubs toulousains est assez élevé.
Envisagez-vous des passerelles avec ces clubs pour justement se nourrir de ce qui fait leur succès ?
Oui, il y a déjà des échanges. Il y a une dizaine de jours, Julien Lacour, le directeur du centre de formation, était au Stade Toulousain pour échanger avec Ugo Mola et l’ensemble du staff. Cela se fait aussi avec les autres clubs. C’est très bien qu’il y ait cette synergie et cet esprit d’ouverture, de voir comment ça se passe ailleurs pour piocher des choses qui peuvent nous apporter un plus… C’est une vraie valeur ajoutée.
Il y avait des discussions avec le Stade Toulousain, notamment au sujet du Stadium et de son projet d’agrandissement. Avez-vous repris ces dossiers ?
Comme je vous l’ai dit, depuis trois mois et demi je n’ai pas beaucoup chômé. Au-delà du mercato, le TFC compte près de 250 salariés, il y a eu la relance des travaux du centre de performance… Donc le dossier du stade, évidemment je m’en suis un peu occupé, mais maintenant on va se remettre autour de la table avec les principaux acteurs et voir comment on peut faire évoluer le projet.
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Où en est l’avancement des travaux au niveau du centre de performance ?
Les travaux ont repris il y a 15 jours. Si tout se passe bien et qu’on respecte la planification, ce sera terminé fin novembre 2026. Ce sera un outil très important pour la pérennité du club. C’est un sujet que Redbird Capital Partners (l’actionnaire majoritaire du TFC) avait à cœur de relancer, qui est important pour le présent et l’avenir du club.
D’ici un an le TFC entrera dans une autre dimension…
J’y compte bien. On a un peu de retard au niveau des infrastructures et c’est un élément important, d’abord pour le quotidien des joueurs. Mais c’est aussi important pour le mercato, un argument pour attirer des joueurs et des joueuses. Cela tient évidemment à un ensemble de choses, je ne dis pas que c’est l’argument principal, mais avoir un outil moderne, dans lequel les joueurs pourront vivre et s’entraîner de manière performante, c’est important pour nous. C’est un atout supplémentaire.
L’équipe féminine fait un très bon début de saison : revenir au plus haut niveau avec les filles du TFC est aussi l’un de vos objectifs ?
On ne va pas leur mettre de pression supplémentaire, mais elles sont dans la continuité de leur très belle saison dernière. Je connaissais Tatiana Solanet qui était à Dijon en même temps que moi. C’est un vrai projet, mais il ne faut pas non plus oublier la formation. Il y a les pros, les féminines et la formation, je le dis dans le désordre. On essaie de faire avancer ces trois entités de la même manière.
Vous avez aussi découvert le Stadium, son ambiance. Quel est votre avis sur cette enceinte les jours de matchs ?
Le travail qui a été réalisé depuis cinq ans est assez phénoménal. C’est une vraie réussite, aujourd’hui on est à 25 ou 26 000 spectateurs de moyenne. Au sujet du parvis, nous sommes le deuxième club, après Strasbourg, où les gens viennent le plus tôt au stade. Je crois que c’est un vrai marqueur. Et quand vous venez au Stadium, vous n’avez pas de problème de sécurité. Vous arrivez de manière très tranquille, en famille, c’est jeune… Ensuite, dans les tribunes, les supporters sont très bruyants, il y a une belle ambiance, comme on a pu le voir face à Metz. Idem en déplacement : à Monaco le week-end dernier, on avait plus de 300 supporters qui avaient fait le déplacement, et je les ai entendus tout le match. C’est quelque chose qu’on doit faire perdurer et grossir. Le stade n’est pas encore plein et pour revenir sur cette semaine, le public va avoir un impact très important. Il y aura deux adversaires différents, Rennes qui est dans le doute mais face à une bête blessée, il faut toujours être très vigilant. Et dimanche contre Le Havre, ce sera un combat, face à une équipe très difficile à manœuvrer, qui lutte pour le maintien et qui est bâtie pour ça. Ce sont deux matchs complètement différents, qui vont se jouer sur des détails. Et un stade plein avec une grosse ambiance, ça peut faire la différence. Les joueurs le voient et l’entendent.
Le match de mercredi face à Rennes, votre ancien club, aura-t-il une saveur particulière pour vous ?
Ce ne sera pas vraiment neutre à 100 %, je vous mentirais, mais aujourd’hui, la seule chose qui m’importe, c’est qu’on gagne. Il faut gagner ce match, on doit repartir de l’avant après la défaite à Monaco. Je serai content de voir quelques personnes en face, mais j’y penserai après le match.

