Des manifestants à Lima, le 16 octobre 2025. CONNIE FRANCE / AFP
Le nouveau gouvernement du Pérou a suspendu vendredi 17 octobre le chef de la police de Lima, après les violentes manifestations mercredi soir dans la capitale qui ont fait un mort, tué par un policier, et plus d’une centaine de blessés.
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A l’appel du mouvement « Génération Z », symbole de la contestation mondiale des jeunes contre leurs gouvernements, la jeunesse de Lima tenait à exprimer son rejet de la politique péruvienne, après la destitution expresse le 10 octobre de l’ex-présidente Dina Boluarte remplacée par le chef du Parlement José Jeri, et son exaspération face à la montée de la criminalité.
Aux cris de « qu’ils s’en aillent tous », les manifestants ont porté en étendard le drapeau du manga One piece. Cette mobilisation a été la plus violente depuis le début des manifestations qui s’intensifient depuis un mois dans le pays contre le crime organisé, déclenchant une crise politique.
• La police reconnaît avoir abattu un manifestant
La police péruvienne a reconnu jeudi sa responsabilité dans la mort par balles d’un manifestant lors des heurts survenus mercredi soir à Lima qui ont fait 113 blessés, 84 policiers et 29 civils. Lors de ces heurts, un manifestant, Eduardo Ruiz, 32 ans, est décédé, atteint par des tirs. Rapidement, la responsabilité de la police a été pointée, et l’ONG Coordinadora Nacional de Derechos Humanos (CNDDHH) a affirmé qu’Eduardo Ruiz « aurait été touché par un tir d’un policier en civil ».
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Jeudi matin, le parquet a annoncé ouvrir une enquête pour « clarifier les circonstances » du décès, ordonnant « la collecte de preuves audiovisuelles et balistiques ». Jeudi soir, le chef de la police, le général Oscar Arriola, a confirmé lors d’une conférence de presse qu’un sous-officier était bien à l’origine du tir mortel.
• Le chef de la police suspendu
Vendredi, le général Enrique Felipe Monroy a été suspendu et remplacé par le général Manuel Vidarte, selon le document signé par le haut commandement de la police, qui dépend du ministère de l’Intérieur. Selon une source sécuritaire auprès de l’AFP, cette suspension est effective dans l’attente des résultats de l’enquête ouverte par le parquet sur les violences lors de cette manifestation.
• Le président souhaite instaurer l’état d’urgence
Le président Jeri, nommé jusqu’aux élections générales d’avril 2026, a dit vouloir instaurer l’état d’urgence dans la capitale Lima, et ainsi envoyer l’armée patrouiller dans les rues et restreindre certains droits comme la liberté de réunion. « Prochainement, probablement dans quelques heures, nous annoncerons les premières mesures en ce sens », a déclaré José Jeri vendredi lors d’une cérémonie dans une base policière de Lima.
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Dans un communiqué, le Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme a exhorté vendredi les autorités à donner « la priorité au dialogue » et à utiliser « la force » de manière « exceptionnelle ». Le nouveau président avait jeudi réclamé au Parlement « des pouvoirs législatifs pour légiférer principalement sur des questions de sécurité citoyenne ». « Parmi elles figure la question des prisons », depuis lesquelles les menaces d’extorsion sont généralement coordonnées, a-t-il ajouté, sans plus de détails.