Dans le district de Kandahar (Afghanistan), le 16 octobre 2025. SANAULLAH SEIAM / AFP
Après la rupture de leur trêve, des responsables afghans et pakistanais se rendent ce samedi 18 octobre au Qatar pour des négociations, dans l’espoir de mettre fin aux hostilités ayant fait des dizaines de morts. « Le Nouvel Obs » fait le point.
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• Kaboul accuse Islamabad de violation de la trêve
A l’annonce de la trêve mercredi à 15 heures, Islamabad avait affirmé qu’elle devait durer 48 heures mais l’Afghanistan avait estimé qu’elle serait en vigueur jusqu’à sa violation par la partie adverse. Kaboul a accusé vendredi soir le voisin pakistanais de l’avoir rompue, après des frappes ayant tué au moins 10 civils dans la province de Paktika (est). Des sources de sécurité pakistanaises ont confirmé des « frappes aériennes de précision sur le sol afghan ».
• Des dizaines de morts pendant les affrontements
Le cessez-le-feu a tenu pendant deux jours, ramenant le calme dans les régions frontalières et à Kaboul, après une flambée de violences d’une rare intensité. Les affrontements ont fait des dizaines de morts, des combattants mais aussi des civils, surtout mercredi. L’escalade militaire s’inscrit dans des tensions bilatérales récurrentes, alimentées par des questions sécuritaires. Islamabad, confronté à une résurgence d’attaques contre ses forces de sécurité, accuse inlassablement son voisin afghan « d’abriter » des groupes « terroristes », ce que Kaboul dément.
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Jeudi, le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif avait jugé que la balle était « dans le camp » des autorités de Kaboul pour une trêve durable, dénonçant une nouvelle fois le fait que « des terroristes opèrent du côté afghan de la frontière avec impunité ». « Le Pakistan attend des actions concrètes et vérifiables du régime taliban contre ces éléments terroristes », a martelé Shafqat Ali Khan, le porte-parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères, au cours d’une conférence de presse, assurant « essayer de travailler par la voie diplomatique pour la rendre durable ».
La confrontation a commencé la semaine dernière après des explosions dans la capitale afghane que les autorités talibanes ont imputées au voisin pakistanais. En représailles, elles ont déclenché samedi dernier à la frontière une offensive, à laquelle Islamabad a promis une « réponse musclée ». La Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (Manua) a dit jeudi avoir recensé 37 civils tués et 425 blessés du côté afghan de la frontière en ces quelques jours.
• Des négociations à Doha
Samedi matin, chaque partie a annoncé envoyer des délégations au Qatar pour des discussions. Le Pakistan sera représenté par le ministre de la Défense Khawaja Asif et le chef des services de renseignement, le lieutenant général Asim Malik, d’après la télévision d’Etat. Côté afghan, le ministre de la Défense Mohammed Yaqoub est en route.
« Nous redisons que l’Afghanistan croit en une solution pacifique et en la sécurité régionale, mais tout est arrivé du fait de l’agression du Pakistan », a déclaré le porte-parole du gouvernement taliban, Zabihullah Mujahid, disant considérer ces actes comme « des provocations et une tentative de prolonger la guerre ». Kaboul « se réserve le droit de répondre », a-t-il poursuivi, « mais par respect pour l’équipe de négociateurs », les forces afghanes doivent « s’abstenir de toutes nouvelles actions ».