Le président ukrainien Volodymyr Zelensky et son homologue ukrainien Donald Trump lors d’une rencontre en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, à New York, le 23 septembre 2025. EVAN VUCCI/AP/SIPA
Volodymyr Zelensky aura fort à faire ce vendredi 17 octobre pour convaincre Donald Trump de livrer à l’Ukraine des missiles Tomahawk, alors que le président américain et son homologue russe Vladimir Poutine viennent de relancer leur dialogue. Le président ukrainien sera reçu à la Maison-Blanche pour la troisième fois depuis le retour au pouvoir du républicain.
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En février, lors de leur première entrevue, le président américain avait rudoyé publiquement son homologue ukrainien pendant un extraordinaire affrontement dans le bureau Ovale. Donald Trump avait alors asséné brutalement à Volodymyr Zelensky qu’il n’avait « pas les cartes en main. » La seconde rencontre, en août, avait été beaucoup plus cordiale.
Cette fois, le président ukrainien arrive à la Maison-Blanche juste après un coup de fil surprise entre Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine, dont ce dernier a profité pour avertir qu’une livraison de missiles Tomahawk « nuirait considérablement » à la relation russo-américaine ainsi qu’aux perspectives de règlement du conflit.
Les présidents américain et russe ont convenu de se voir à Budapest, « dans les deux prochaines semaines », selon le président américain.
Prudence de Trump sur la livraison de Tomahawk à Kiev
Sur son réseau Truth Social, Donald Trump a jugé que son échange avec Vladimir Poutine avait été « très productif », Moscou parlant d’un entretien « extrêmement franc et empreint de confiance ».
« Nous voyons déjà que Moscou se précipite pour reprendre le dialogue dès qu’ils entendent parler de Tomahawk », avait commenté sur le réseau social X Volodymyr Zelensky à son arrivée jeudi à Washington.
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Le président américain s’est montré très prudent jeudi sur l’éventuelle livraison de ces missiles à Kiev. « Nous ne pouvons pas appauvrir [les réserves de] notre propre pays », a dit Donald Trump, ajoutant : « Nous en avons besoin aussi, donc je ne sais pas ce que nous pouvons faire. »
Le BGM-109 Tomahawk vole jusqu’à 1 600 kilomètres, à 880 km/h à quelques dizaines de mètres du sol. Il permettrait à l’armée ukrainienne de frapper plus en profondeur en Russie, au moment où Moscou, avec l’arrivée de l’hiver, intensifie ses attaques sur les infrastructures énergétiques ukrainiennes.
« Mettre fin à cette guerre “sans gloire” »
La proximité retrouvée entre Donald Trump et Vladimir Poutine, dont la relation s’était un peu rafraîchie, a donc de quoi inquiéter Kiev, tout comme la perspective d’une réunion entre les deux hommes. Leur dernier sommet, le 15 août en Alaska, s’était conclu sans perspective concrète de paix. Cette fois, le président américain a dit qu’il espérait « mettre fin à cette guerre “sans gloire” entre la Russie et l’Ukraine ».
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Dès son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump a rompu l’isolement dans lequel les puissances occidentales maintenaient Vladimir Poutine depuis l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie en février 2022. Le locataire de la Maison-Blanche a aussi remis en cause l’aide militaire accordée à Kiev pendant la présidence de son prédécesseur démocrate Joe Biden.
Le président américain, persuadé d’avoir une relation privilégiée avec son homologue russe, avait d’abord assuré qu’il pouvait mettre fin au conflit rapidement, avant de concéder que l’entreprise était plus complexe que prévu. Le milliardaire new-yorkais a aussi changé récemment d’avis sur le rapport de force militaire, estimant à la surprise générale que l’Ukraine pouvait remporter la guerre.
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Donald Trump, qui se refuse à attribuer à la Russie la responsabilité de la guerre, a souvent renvoyé dos à dos les deux belligérants, parfois sur un ton presque désinvolte. En juin, il avait comparé le conflit le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale à une bagarre entre « deux enfants qui se battent dans un parc ». Jeudi, il a déclaré à propos de Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine : « Nous avons un problème. Ils ne s’entendent pas très bien ces deux-là. »