Si deux projets photovoltaïques sont officiellement en cours sur la commune, le collectif Stop Agrivoltaïque Cressensac affirme au contraire qu’il y en aurait quatre. Le maire, Habib Fenni, dément toute nouvelle installation. Explications.
À Cressensac-Sarrazac, les projets solaires continuent de diviser profondément élus et habitants. Quelques semaines après une réunion publique houleuse organisée le 24 septembre dernier, le débat ne faiblit pas entre élus et opposants. “À ma connaissance, deux projets seulement sont en cours sur la commune, qu’importe ce que racontent les opposants. Aucun autre n’a été porté à notre connaissance”, se désole son maire, Habib Fenni.
Le premier projet, piloté par le syndicat mixte de l’aéroport Brive-Vallée de la Dordogne – qui n’a pas souhaité faire de commentaire – concerne “une surface d’environ trente-huit hectares en bordure de piste, dont une vingtaine seulement sera effectivement équipée de panneaux, mais les choses peuvent évoluer. Le porteur de projet n’est pas encore choisi”, précise l’élu. Le second, porté par la société allemande EnergieKontor, prévoit “une centrale photovoltaïque de huit hectares”, en accord avec des exploitants agricoles. “Entre ces deux installations possibles et la centrale existante de PhotoSol de Sarrazac, nous atteignons près de soixante-dix hectares de surface concernée”, a précisé le maire. “Pour nous, cela suffit. Il n’est pas question d’envisager d’autres parcs photovoltaïques sur le territoire communal.”
Un collectif qui alerte sur d’autres projets
Cette position ne convainc pas le collectif Stop Agrivoltaïque Cressensac, créé au printemps. Selon ses membres, “quatre projets seraient aujourd’hui recensés, dont un à la frontière avec Gignac, pour lequel 100 hectares de terres ont été sécurisés”, assure Caroline Erhardt, membre du collectif. “Les projets existent bel et bien, mais la population n’est jamais consultée. Les informations arrivent trop tard, souvent après les études d’impact.”
Le collectif, qui milite contre “l’accaparement des terres agricoles et naturelles par les industriels de l’énergie”, a organisé une réunion publique samedi 11 octobre pour informer les habitants sur “les enjeux fonciers et environnementaux” de ces implantations.
Un projet en attente
Au lieu-dit Pech Montat, un projet d’installation photovoltaïque porté par l’entreprise Solarvia est effectivement en cours. Mais autorisé sur le plan urbanistique, il reste suspendu à la publication “d’un arrêté du ministère de l’Énergie qui doit fixer un tarif d’achat pour les parcs photovoltaïques au sol inférieurs à un mégawatt-crête”.
“Le projet a fait l’objet d’une déclaration préalable validée par la DDT (Direction départementale des territoires). Nous sommes dans l’attente de la publication de cet arrêté”, confirme Jean-Clément Cazzara, directeur d’activité chez Solarvia. “En fonction, se posera la question de la faisabilité économique du projet.” Le projet de 0,8 ha reste donc à l’arrêt pour le moment.
Une commune voisine prudente
À Gignac, les rumeurs d’un projet sont aussi arrivées jusqu’aux oreilles de la mairie. La première magistrate de la commune, Solange Ourcival, le confirme : “des agriculteurs ont pu être approchés”, mais “aucune demande formelle n’a été transmise à la mairie”.
Présent à la réunion du 24 septembre, son premier adjoint et délégué communautaire, François Moinet, appelle, lui, à “dépassionner le débat sur le solaire”. “Les inquiétudes sont compréhensibles, mais plusieurs filtres existent. Le territoire ne sera pas couvert de panneaux du jour au lendemain.”
Un recours porté par la Confédération paysanne
Au-delà du débat local, la question du foncier agricole alimente désormais un contentieux à l’échelle intercommunale. Le mois dernier, la Confédération paysanne du Lot a décidé de déposer un recours gracieux contre le PLUi de la communauté de communes de Cauvaldor. “Un certain nombre de parcelles sont identifiées comme naturelles à vocation énergétique sans qu’il y ait une réelle évaluation environnementale. Nous avons fait un recours pour les retirer”, explique Pierre Dufour, membre de la Confédération. “La vocation première des terres reste la production alimentaire. Les énergies renouvelables doivent être développées sur des surfaces déjà artificialisées — toitures, friches ou parkings — pas sur les sols agricoles. Nous attendons une réponse ou une non-réponse de Cauvaldor avant de partir sur un recours contentieux.” Pour financer ses frais juridiques, le syndicat a lancé un appel aux dons défiscalisable par chèque et lancera prochainement une cagnotte.
Alors que le maire de Cressensac-Sarrazac a confirmé qu’il ne se représenterait pas aux élections municipales de 2026, il entend laisser “un cadre clair” à son successeur. “Nous avons fait notre part. À d’autres maintenant de trouver d’autres espaces, ailleurs.” Le prochain conseil municipal, prévu vendredi 17 octobre à 20 heures à la mairie déléguée de Sarrazac, pourrait à nouveau aborder la question. Entre ambitions énergétiques et préservation du foncier, le débat sur le solaire devrait encore susciter de vifs échanges dans le nord du Lot.