Membres de l’unité CAPSAT aux côtés des manifestants, le 12 octobre 2025. LUIS TATO / AFP
A Madagascar, une situation évolutive et complexe. Et qui dirige le pays d’ailleurs, ce mardi 14 octobre au soir ? Après avoir quitté en urgence le pays dimanche à la suite d’une tentative d’assassinat et la crainte d’un coup d’Etat, le président malgache Andry Rajoelina a été destitué après un vote à l’Assemblée alors même qu’il avait prononcé sa dissolution plus tôt ce mardi 14 octobre. Une énième épreuve politique sur l’île alors que la contestation du pouvoir a été renforcée par le ralliement de nombreux soldats aux manifestants depuis le week-end dernier, qui appellent désormais à « prendre le pouvoir. »
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Madagascar est en proie à une contestation populaire importante depuis plusieurs semaines, lancée par le mouvement « Gen Z », qui a d’abord protesté contre les mauvaises conditions de vie sur l’île avant de s’opposer fermement au président, qui avait accédé une première fois au pouvoir par un coup d’Etat en 2009 dans des circonstances similaires.
· L’Assemblée nationale dissoute
Le président malgache Andry Rajoelina a annoncé ce mardi matin par décret la dissolution de l’Assemblée nationale avant un vote le visant pour abandon de poste. « Conformément aux dispositions de l’article 60 de la Constitution, l’Assemblée nationale est dissoute », indique un décret diffusé sur la page Facebook de la présidence, dont l’authenticité a été confirmée à l’AFP par l’entourage du président.
Lundi, il avait écarté toute démission, lors d’une prise de parole depuis un lieu inconnu. « Ce choix s’impose pour rétablir l’ordre au sein de notre nation et renforcer la démocratie », a-t-il justifié dans un message sur les réseaux sociaux dans la foulée.
Andry Rajoelina était sous la menace d’un vote le visant pour « empêchement temporaire » qui nécessitait la majorité des deux tiers de l’Assemblée nationale. D’après la Constitution, les élections législatives doivent se tenir « soixante jours au moins et quatre-vingt-dix jours au plus après le prononcé de la dissolution ».
· Le président destitué
Mais l’Assemblée nationale de Madagascar a voté ce mardi après-midi la destitution du président Andry Rajoelina ! Contesté dans la rue et reclus dans un lieu inconnu, Andry Rajoelina a dénoncé durant le vote une « réunion (…) dépourvue de toute base légale », via les services de la présidence tandis que l’opposition estime elle la dissolution illégale. Au total 130 des 163 députés, soit plus de la majorité des deux tiers requise, ont voté en faveur de la destitution du chef de l’Etat, qui doit encore être formellement déclarée par la Haute cour constitutionnelle.
· Un appel des militaires à « prendre le pouvoir »
Dans la foulée de cette destitution, l’unité militaire CAPSAT (Corps d’armée des personnels et des services administratifs et techniques), qui s’est ralliée au mouvement de contestation du président Andry Rajoelina à Madagascar, a annoncé « prendre le pouvoir » lors d’un discours à Antananarivo juste après le vote par l’Assemblée nationale qui a destitué le chef de l’Etat.
« On va prendre le pouvoir à partir d’aujourd’hui et on dissout le Sénat et la Haute cour constitutionnelle. L’Assemblée nationale, on la laisse continuer à travailler », a indiqué le colonel Michael Randrianirina devant le palais présidentiel dans le centre de la capitale malgache. Contesté dans la rue et reclus dans un lieu inconnu, Andry Rajoelina, qui avait dissous un peu plus tôt ce mardi l’Assemblée, a dénoncé durant le vote le destituant une « réunion (…) dépourvue de toute base légale ».
La Haute cour constitutionnelle, ayant constaté la « vacance » du poste de président, « invite » dans un communiqué « l’autorité militaire compétente incarnée par le colonel Randrianirina Michaël, à exercer les fonctions de chef de l’Etat ».
· Le président destitué s’accroche au pouvoir
La présidence de Madagascar a dénoncé une « tentative de coup d’Etat » après l’annonce par les militaires d’une prise de pouvoir, assurant que le président Andry Rajoelina, destitué par un vote de l’Assemblée nationale, « demeure pleinement en fonction ». « La République de Madagascar ne saurait être prise en otage par la force », a affirmé dans un communiqué la présidence, alors que la localisation du président, réfugié dans un « lieu sûr », est tenue secrète.
· Air France prolonge la suspension de ses vols vers Antananarivo
Air France va prolonger la suspension de ses liaisons entre l’aéroport Paris-Charles de Gaulle et Antananarivo au moins jusqu’à vendredi 17 octobre inclus « en raison de la situation sécuritaire à destination ». « La reprise des opérations restera soumise à une évaluation quotidienne de la situation sur place », a ajouté la compagnie aérienne française dans un message transmis à l’AFP.