Ce mardi 14 octobre, le Premier ministre s’est adressé aux députées lors de sa déclaration de politique générale. Retour sur ses grandes annonces.
Plus d’un mois après son arrivée à Matignon — marquée par une démission, puis une renomination —, Sébastien Lecornu a livré ce mardi 14 octobre sa déclaration de politique générale devant les députés. Un discours très attendu, dans lequel le Premier ministre alors que le RN et LFI ont déjà déposé une motion de censure contre son gouvernement.
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Dès sa prise de parole devant les parlementaires, Sébastien Lecornu a dénoncé “certains (qui) veulent que la situation tourne à la crise de régime”, tout en assurant qu'”elle n’aura pas lieu”. Il a appelé, à plusieurs reprises, à “prendre des mesures d’urgence” pour rétablir la confiance entre l’exécutif et le Parlement.
Renoncement au 49.3
Le Premier ministre a confirmé qu’il renonçait à l’utilisation de l’article 49.3. “J’ai proposé un gouvernement de mission, d’objectif”, a-t-il lancé. Il ne marchera qu’avec l’Assemblée nationale et le Sénat.” Plusieurs fois, Sébastien Lecornu a martelé : “le gouvernement proposera, nous débattrons, vous proposerez.”
Lecornu a insisté sur sa volonté de “partager le pouvoir avec les députés”. Ce choix marque une inflexion majeure, alors que ses prédécesseurs à Matignon avaient fréquemment eu recours à l’article 49.3 pour faire adopter des lois sans vote des parlementaires.
La réforme des retraites suspendue jusqu’en 2027
Autre annonce majeure : la suspension de la réforme des retraites adoptée en 2023. Une concession clé, notamment demandée par le Parti socialiste pour éviter une motion de censure “dès ce soir”. “Je proposerai au Parlement dès cet automne que nous suspendions la réforme de 2023 sur les retraites jusqu’à l’élection présidentielle”, a déclaré le Premier ministre.
“Aucun relèvement de l’âge n’interviendra à partir de maintenant jusqu’à janvier 2028”, a-t-il précisé, avant d’ajouter qu’en “complément, la durée d’assurance sera elle aussi suspendue et restera à 170 trimestres jusqu’à janvier 2028.”
Pour accompagner cette décision, Sébastien Lecornu souhaite ouvrir le débat car “suspendre la réforme n’a de sens que si c’est pour aller plus loin”, selon lui. Il propose ainsi “d’organiser une Conférence sur les retraites et le travail, en accord avec les partenaires sociaux. Grâce à la suspension, cette Conférence aura le temps de se prononcer avant l’élection présidentielle.
Il ne sera pas “le Premier ministre du dérapage des comptes publics”
Sur le terrain économique, Sébastien Lecornu a tenu à afficher sa volonté de rigueur budgétaire :
“Je ne serai pas le Premier ministre du dérapage des comptes publics”, a-t-il affirmé, avant d’ajouter : “Il est urgent de dépenser moins […] des dépenses seront faites.”
L’un de ses premiers objectifs sera la maîtrise du déficit public, qu’il souhaite ramener “à moins de 5 % du PIB” dans le budget 2026.
Une contribution des grandes fortunes
Sébastien Lecornu reconnaît qu’il y a des “anomalies sur la fiscalité des plus aisés”. Plusieurs travaux d’économistes montrent que les milliardaires paient beaucoup moins d’impôts que le reste des Français. Dans son discours, il a proposé une “contribution exceptionnelle des grandes fortunes” qui permettrait “de financer les investissements du futur”, comme les infrastructures, la défense… Toutefois, aucune précision n’a été ajoutée sur la forme de cette contribution.
La réforme institutionnelle en Nouvelle-Calédonie
Sébastien Lecornu a également souligné une autre priorité : la réforme institutionnelle en Nouvelle-Calédonie. Selon lui, “l’accord de Bougival permet une réconciliation”. Le Premier ministre souhaite qu’il soit rapidement inscrit dans la Constitution : “Le gouvernement proposera d’adopter ce texte avant la fin de l’année.”
Un nouvel “acte de décentralisation”
Sébastien Lecornu a également plaidé pour une nouvelle étape de décentralisation. “Il faut décentraliser des responsabilités”, a lancé le Premier ministre, annonçant qu’il “proposera en décembre un projet de loi pour renforcer le pouvoir local”. Il a insisté sur l’urgence de cette réforme : “Il faut l’engager tout de suite. Sinon, elle sera reportée une fois de plus. Des majorités sur ce texte sont possibles.”