October 13, 2025

DIRECT. Procès Jubillar :"Je voudrais témoigner de ce que Cédric Jubillar m’a fait subir", une lettre de Louis, le fils du couple, lue à l’audience

Lecture d’une lettre de Louis, le fils des Jubillar

À la demande de Chmani, avocate de Louis et Elyah, une lettre du fils des Jubillar est lue par la présidente Hélène Ratinaud. Elle lui est directement adressée.

“Je voudrais témoigner de ce que Cédric Jubillar m’a fait subir. Il me demandait de m’agenouiller 30 minutes dans un coin, les mains sur la tête quand je faisais une bêtise. C’était quand maman travaillait et il me demandait de ne pas lui dire”, écrit Louis, 11 ans. “Cédric Jubillar me mettait des fessées et m’insultait de gros cons et j’ai perdu une dent après une tape derrière la tête”. Fait étonnant : quand le garçon parle son père, il appelle “Cédric Jubillar”.

“Le soir du 15 démembre 2020, je regardais ‘La France a incroyable talent’ avec maman qui portait ses lunettes”, raconte-t-il à propos du soir du 15 décembre. “J’ai entendu qu’une dispute a éclaté dans le salon, j’ai fait du bruit pour qu’ils arrêtent et Cédric est venu me voir, je faisais semblant de dormir”, assure à nouveau Louis. “Après, je me suis vraiment endormi”.

Cédric Jubillar est resté impassible dans son box. “Levez-vous, souhaitez-vous réagir ?”, demande la présidente. L’accusé ne souhaite pas commenter. “Vous n’avez rien à dire ?”, insite-t-elle. “Que c’est triste”, finit-il par lâcher.

Cédric Jubillar interrogé sur ses enfants

Me Chmani, l’avocate des enfants Jubillar, lance que Louis et Elyah voudraient pouvoir “se recueillir sur une tombe”. “J’aimerais leur apporter une réponse, mais je n’en ai pas”. Et à propos de son fils, qui assure que son père ment ? “Malheureusement, c’est ce qu’on lui a dit depuis des années, mais ce n’est pas la vérité”.

Questions de Me Akorri. “Cela fait 4 ans que vous attendez de pouvoir vous s’exprimer, êtes-vous satisfait des réponses données dans ce procès ?” “Oui”, répond sèchement Cédric Jubillar. “Vous avez le sentiment d’enfin dire ce que vous aviez à dire ?” “Oui”. L’avocate fait référence aux réponses courtes et aux trous de mémoire continuels de l’accusé depuis trois semaine. “S’est-il replongé dans le dossier avant le procès ?” “Un petit peu”, répond-il en assurant qu’il n’a pas relu ses dépositions. Face à l’étonnement de l’avocate, Cédric Jubillar assure qu’il n’a pas “préparé plus que ça” le procès.

Cédric Jubillar répond encore aux questions… près de 4 heures d’interrogatoire

Me Battikh lance les questions ouvertes et s’intéresse à la bague que porte l’accusé depuis le début du procès. “Vous avez dit que ce n’était pas votre alliance ?” “Tout à fait, c’est une blague que Jennifer m’a offerte”… Mais pourquoi garder celle de Jennifer et pas celle de Delphine ? L’accusé répond à côté à propos de son tour de doigt. Cédric Jubillar est proche de la rupture… Il est intérrogé depuis près de 4 heures. “Pourquoi est-ce que vous avez menti pendant ce procès ?” “Je n’ai pas menti”. Me Battikh lui retourne : “Vous n’avez pas menti lorsque vous avez dit que quelqu’un a pu rentrer chez vous sans que vous ne l’entendiez ?” “Ça, c’est vous qui le dîtes”, rétorque l’accusé, visiblement déstabilisé. “Vous l’avez dit lors de nos échanges”.

Cédric Jubillar a-t-il appris ses réponses par cœur ? “Non, pas du tout”. “Je vous l’ai déjà dit : je n’ai pas tué Delphine”, répète-t-il. “Justement, après quatre ans, vous n’avez pas envie de me crier dessus et de crier votre innocence ?” Réponse de l’accusé : “Je ne vais pas crier dans le micro, ça serait inaudible”. Me Rongier demande astucieusement à Cédric Jubillar pourquoi a-t-il envisagé de déposer son nom à l’INPI ? “J’en avais marre de voir mon nom partout dans les médias”.

Me Laurent De Caunes demande le micro et attaque ses confrères de la défense en s’adressant à Cédric Jubillar. “Revenons sur cette histoire à propos de votre livret de famille retrouvé dans la rue”, commence-t-il, “vos avocats ont voulu faire un effet d’audience ou d’audimat en abordant le sujet, au début du procès”. “Mais en y repensant, la disparition de votre livret de famille ne vous a pas inquiété ?” Cédric Jubillar n’a rien à dire. “Cela semblait important selon vos avocats, pourtant”. Pas un mot du côté du banc de la défense. Dernière question de l’avocat toulousain : “Donat-Jean (l’amant) a-t-il pu enlever et tuer Delphine ?” “Peut-être, je ne sais pas”.

Cédric Jubillar face à ses contradictions

L’avocat général soulève un point qui semble le turlupiner. “Vous qui êtes grossier et habitués à communiquer avec des insultes, comme vous le dites vous-même, pourquoi, là, il n’y a pas un mot plus haut que l’autre dans tous les messages ?” L’accusé lance : “Parce que je ne suis pas obligé de m’énerver tout le temps”.

“Rappelez-nous ce que vous faites la nuit de la disparition ?” “Je fais un tour de la maison. Je vois que la voiture est là et je reviens”. Puis, Cédric Jubillar confirme qu’il n’a pas essayé d’appeler sa femme. Pourquoi ? “Parce que je n’ai pas envie de réveiller les voisins”. Le magistrat s’étonne : “Êtes-vous du genre à vous soucier des voisins ?” “Un minimum”, répond l’accusé. Selon les gendarmes, Cédric Jubillar s’est connecté sur un site de rencontres. “Je pense que les enquêteurs interprètent mal ce qu’ils voient”. Et Game of Thrones ? “Non”. Pourtant, l’homme répondait autre chose lors des premières auditions : “On ne peut plus passer du bon temps ?”

“Quand vous appelez Delphine, vous pensez qu’elle est aux alentours de la maison, non ?”, demande Me Rongier. “Tout à fait”. Mais alors pourquoi ne s’est-il pas déplacé pour entendre le téléphone sonner ? “Il n’y avait pas de bruit dans la maison, j’aurais entendu”.

Cédric Jubillar a dépensé 900 euros avec la carte de Delphine Jubillar, après la disparition

Le 16 décembre 2020, quelques heures après la disparition de Delphine Jubillar, Cédric reconnaît avoir retiré 20 euros avec la carte de sa femme pour “acheter du shit”. L’accusé a continué à l’utiliser dans les semaines qui ont suivi. “Je l’ai utilisé pour les tâches quotidiennes et payer mes consommations d’herbe et de tabac”, énonce-t-il. “Mais aussi pour faire des courses, payer les cadeaux de Noël des petits…” Entre le 16 décembre et le 7 janvier, 900 euros sont dépensés avec la carte bleue de Delphine Jubillar. “Si votre femme avait disparu volontairement, ne pensez-vous pas qu’elle aurait besoin d’argent ?”, est-il opposé au plaquiste. “Peut-être… J’en avais besoin pour les enfants, pour la maison et pour mon propre plaisir”.

Question de Me Laurent De Caunes : “Que s’est-il passé quand les enquêteurs vous ont demandé de déverrouiller votre téléphone ?” “Je le bloque, car je me souvenais plus de mon code”, répond-il. “Vous l’utilisiez souvent pourtant ?”, continue l’avocat. “Oui, c’était le code du compte Gmail, mais je ne me souciais pas de ce genre de choses et cela m’a pris à défaut”. L’avocat s’étonne : “Pourtant, tout est mis en place pour vous aider… Et vous, vous n’aidez pas et bloquez votre téléphone”. “Oui, tout cela paraît parfaitement normal…”, ironise Me De Caunes.

Que faisait-il à l’arrivée des gendarmes dans la maison ?

“Les gendarmes, quand elles sont arrivées, vous ont vu près de la machine à laver”, note la présidente. “Oui, je mettais des chaussettes dedans”, répond-il. La présidente ne cache pas sa surprise. “Quand avez-vous lancé la machine ?” “Le 16 ou le 17, quand j’ai lavé la couette parce que les chiens ont uriné dessus”. Pourquoi ont-ils fait cela ? “Parce que j’ai laissé entrer les chiens, à ce moment”.

Retour sur la nuit du 16 décembre et l’appel de Cédric Jubillar aux gendarmes

La deuxième partie de la nuit du 15 au 16 décembre est désormais placée sous la loupe de la justice. Le premier appel de Cédric Jubillar à la gendarmerie est diffusé. “Je ne sais pas où est passée ma femme, je me suis réveillé et je suis tout seul à la maison”, entend-on en tendant l’oreille. Le son est à peine audible. Des réglages sont rapidement effectués et l’audience peut entendre l’appel. On comprend que Cédric Jubillar s’énerve face aux questions des gendarmes. Il aborde très vite la question du divorce. “Je vais vous envoyer une patrouille”, lui dit le gendarme au bout du fil.

Lorsque les gendarmes rappellent, Cédric Jubillar ne répond pas. “Je devais être en train d’essayer d’appeler Delphine”, suppose l’accusé dans son box.

Nouvel appel à 4h25 : Cédric Jubillar dit aux gendarmes que la voiture de Delphine est bien là. “Il y avait les chiens dehors”, précise-t-il. Le gendarme lui demande s’il y a une lettre dans la maison, l’accusé répond que non.

“Vous ne croyez pas qu’elle est morte ?” 

Me De Caunes tient à replacer Delphine Jubillar au centre de l’attention : “Il ne faudrait pas que Delphine soit absente des débats. Finalement, on parle assez peu d’elle”. “Vous ne croyez pas qu’elle est morte ?” “À force si, mais j’espère bien que non, répond Cédric Jubillar. L’avocat toulousain répète sa réponse en feignant (ou pas) l’incompréhension. “Si elle était vivante, où serait-elle ?”, interroge le conseil. “Je n’ai pas réfléchi à cette question”. Surprise dans la salle.

Pourquoi avoir dit que Delphine n’était plus sa femme ? “Ce n’était plus ma femme parce qu’elle avait décidé de divorcer”.

“Vous comprenez le degré d’incohérence de vos réponses ?” L’accusé dans les cordes

Me Laurent Boguet fait le show. L’avocat des enfants du couple interpelle Cédric Jubillar sur son “rapport au mensonge”. Très vite après une question sur le fait que ce soit Delphine qui réveille son mari, alors qu’elle travaille de nuit, la défense proteste. “Oui, c’est faux, mais laissez-le répondre”, lance-t-il aux avocats Martin et Franck. “Vous êtes aussi tendus que votre client”. L’intervention fait rire la salle.

L’avocat toulousain fait à nouveau remarquer que l’expertise téléphonique a établi que son téléphone s’était bien éteint et n’était pas resté en mode avion. Ensuite, le pénaliste ravive la mémoire du public en rappelant que Jennifer, l’ex-compagne de Cédric Jubillar, a raconté, à la barre, qu’il lui avait dit qu’il avait surpris sa femme en train d’envoyer un message, qu’il l’avait étranglée et qu’il avait justifié une blessure au bras par la pose du parquet flottant (dont il parlait plus tôt). Comment posséderait-elle autant de détails, si elle ment ? “C’est du grand n’importe quoi”, s’emporte Cédric Jubillar. “Vous comprenez le degré d’incohérence de vos réponses ?”, lui rétorque l’avocat. Nouvelles protestations de la défense. “Je vous estime et vous le savez, mais il va falloir que vous nous laissiez poser des questions”.

L’avocat des enfants Jubillar reste debout et compte bien poser toutes ses questions. “On a la certitude qu’elle n’est pas sortie volontairement sur ses deux jambes”. “Vous insinuez que je l’ai tuée ?”, interroge Cédric Jubillar. “Ah oui, j’insinue”, rétorque Me Boguet, plein d’ironie. La salle réagit, les réactions se font de plus en plus régulières face à des débats qui s’échauffent. Cédric Jubillar est mis à mal et doit attendre la suspension avec impatience. Ses avocats aussi. Mais Laurent Boguet ne lâche pas le morceau : “Si ce n’est pas vous, c’est qui ?” “Elle est sortie ce soir-là, c’est obligé”, dit Cédric Jubillar, perdant patience. “Je peux vous assurer qu’il ne s’est rien passé dans cette maison et que je ne l’ai pas tuée”. Me Boguet fait mouche : “Mais vous n’en savez rien puisque vous dormiez”.

Excréments de chiens, clé de bras et photo envoyée

Me Mourad Battikh au micro : “Vous sortez pour une pause “café clope” avec les chiens et vous ne savez pas s’ils ont déféqué ?” La question avait déjà été abordée quelques jours plus tôt. “Tout à fait”, répond une fois de plus Cédric Jubillar. “Je n’ai pas de chiens, mais des amis m’ont assuré que c’était impossible de ne pas savoir cela…” L’accusé répond comme il y a quelques jours : “Étant donné que je suis tout le temps sur mon téléphone, je n’en sais rien”.

“Vous êtes droitier ou gaucher ?”, demande l’avocat parisien, sans que l’assistance ne comprenne l’objet de la question. “Je suis droitier”. “Si vous deviez faire une clé de bras, quel bras utiliseriez-vous ?” Le plaquiste répond : “Le bras droit”. Le pénaliste retourne à sa place. Plus le temps avance, plus Cédric Jubillar s’agite dans son box. Il a du mal à rester en place et se gratte la tête.

Au tour de Me Pauline Rongier. “Dans la soirée, vous avez grillé Delphine en train d’envoyer une photo ?” “Non, c’était pendant l’été”. Et s’il n’en a pas parlé, c’est parce qu’il “n’étale pas sa vie de couple”.

“On m’a poussé à dire des choses”… L’accusé sous le feu des questions de la partie civile

L’avocat général Ruff veut appuyer sur le point de la téléphonie. Si son téléphone n’a plus eu d’autonomie en rentrant chez lui ce soir-là, comment a-t-il pu rentrer chez lui, aller dans la salle de bains, prendre une douche et brancher son téléphone… Le tout entre 22h04 et 22h08. “C’est faisable”, juge-t-il. Nouvelle contradiction : alors qu’il avait dit avoir utilisé l’application “torche” avant que le téléphone ne s’éteigne, désormais, “il ne s’en rappelle pas”.

Si Delphine promenait les chiens le soir, c’était à quelle heure ? “Aucune idée”. “Monsieur Jubillar, vous ne pouvez pas dire tout et son contraire”, s’agace Nicolas Ruff. Précédemment, l’accusé avait horodaté ses balades entre 23 heures et minuit. “On m’a poussé à dire des choses”. “Et là aussi, on me pousse à dire des choses”.

Autre sujet abordé : Delphine portait-elle ses lunettes le 15 au soir ? “Je pense qu’elle ne les portait pas”. “Parfois elle mettait des lentilles”. Était-ce une habitude ? “Je ne sais pas”.

Premières tensions… Cédric Jubillar veut se déshabiller pour montrer une cicatrice

À 14h50, le 16 décembre 2020, deux lésions sont constatées sur le corps de Cédric Jubillar par le médecin légiste. L’accusé en a une au niveau du bras droit, et l’autre au niveau de la phase dorsale du thorax. “Au niveau du bras, c’est une citatrice et au niveau du thorax, je ne sais pas, c’est peut-être quand j’ai porté le parquet contre mon corps”. Protestations de la défense sur ce point médical. “Ne commencez pas Me Franck”, intervient la présidente. La partie civile s’y met. “Ah ben voilà, un médecin”, lance l’avocate en direction d’un conseil qui lui fait face.

Moment cocasse… L’accusé commence à enlever sa polaire noire pour montrer sa cicatrice, soutenu par ses avocats. La salle réagit, de surprise. “Non, non, il n’est pas question que vous vous déshabilliez ici monsieur Jubillar”, intervient la présidente qui signale à la défense qu’il fallait demander une contre-expertise. Nouvelle empoignade verbale non-audible entre avocats.

Le calme revient et la présidente demande : “Quelle explication avez-vous quant à la disparition de votre femme ?” “Je n’en ai aucune”. Quelle explication a-t-il donnée à ses enfants ? “On leur a toujours dit que Delphine était partie en forêt et qu’elle s’était perdue”. Série de questions sur les potentielles causes de la disparition… Pense-t-il qu’elle a pu se suicider ? “Je ne pense pas”. Et la disparition volontaire ? “Je n’en ai aucune idée, je n’espère pas”.

Pourquoi Cédric Jubillar n’a pas consulté de sites pornographiques le soir de la disparition ?

La présidente Hélène Ratinaud rappelle que l’accusé a consulté des sites pornographiques tous les soirs depuis le 8 décembre, mais pas le 15, puis il reprend le 16. “Ce soir-là, j’étais vraiment exténué, je n’en avais pas envie. Le travail m’avait claqué”. Pourtant, le 16 décembre, il devait aussi être fatigué à cause du réveil à 4 heures du matin et une journée éprouvante. “C’était une journée dense, mais pas fatigante”, dit-il sobrement.

Promenade des chiens, pyjama de Delphine… Cédric Jubillar se contredit

Ce 15 décembre au soir, Delphine Jubillar écrit à son amant. “Elle était tout le temps sur son téléphone donc oui”, commente l’accusé. Selon la présidente, entre 20h48 et 21h33, la disparue n’utilise pas son smartphone. À la question de savoir ce qu’elle faisait, Cédric Jubillar commence à perdre à nouveau la mémoire : “Je ne sais pas”. Delphine s’est-elle douchée ? “Je ne sais plus”. La réponse a donc changé… Pendant l’enquête, le plaquiste avait dit que Delphine s’était douchée.

Sur la promenade des chiens, pourquoi Cédric Jubillar a-t-il fait une sortie de 45 minutes, le 15 décembre au soir ? Lors de ses premières auditions, il n’avait pas parlé de cette promenade, mais seulement d’un instant “café clope” avec une marche jusqu’au champ en face. Un temps bien moins long que raconté aujourd’hui. “Pourquoi n’avez-vous pas dit que vous aviez fait une promenade de 30 à 40 minutes ?” “Je ne sais pas, je ne me rendais pas compte”. Pourquoi ne pas avoir parlé de cette promenade avec les chiens dès les premières auditions ? “Je ne sais pas. Ça ne m’est pas venu à l’esprit de le dire avant”. Si lui a sorti les chiens, quel est l’intérêt pour Delphine de les ressortir ? “Parce qu’elle va les promener beaucoup plus tard”, justifie-t-il avant de dire qu’il n’a aucune idée du temps que cela a pris.

Hélène Ratinaud demande à Cédric sa tenue pour dormir. “En général, je me couche en pyjama, mais je dors tout nu”. Légers rires dans la salle… Et la tenue de nuit de Delphine ? Lors de précédentes auditions, Cédric Jubillar avait dit que sa femme devait être en pyjama. Ce 13 octobre, “je ne me rappelle pas”, lâche-t-il.

La soirée du 15 décembre, selon Cédric Jubillar

La présidente Hélène Ratinaud demande à Cédric Jubillar de raconter sa soirée du 15 décembre 2020. “Delphine était sur son téléphone devant la télévision, sur le canapé”, dit-il. “J’ai joué avec les petits jusqu’à 19h45 et après, j’ai préparé le repas pendant que Delphine donnait le bain aux enfants”. “J’ai fait des coquillettes et des cordons-bleus à la demande de Louis”, détaille-t-il. “J’ai ensuite débarrassé la table, puis je suis allé promener les chiens pendant que Delphine couchait Elyah vers 21h”, continue l’accusé, “J’ai demandé à Delphine si elle pouvait aller promener les chiens une fois de plus avant d’aller se coucher et moi, je suis allé me coucher”.

“Pourquoi êtes-vous sorti ?” “Pour promener les chiens et fumer mon joint”, répond-il sans sourciller. Cédric Jubillar confirme avoir croisé une voisine. “Puis, je rentre, je me douche et je demande un câlin à Delphine et Louis. Puis, je dors”. Son téléphone passe en mode économie d’énergie à 200 mètres de chez lui avant de rentrer. Il affirme alors l’avoir passé en mode avion et l’avoir mis en charge toute la nuit dans la chambre. Pourtant, l’enquête a démontré qu’à 22h08, le téléphone s’est éteint et est passé hors réseau.

Cédric Jubillar répond vite et directement. L’accusé a, semble-t-il, repris du poil de la bête et parle plus facilement. Il coupe même la présidente. “Attendez que je finisse avant de répondre, ce sera plus pratique”. Ses réponses sont bien plus précises et moins hésitantes.

L’audience est suspendue… Reprise à 13h30.

“Delphine vous a peut-être pris pour un idiot ?”

Le point des finances est abordé : Cédric Jubillar a tenté de retirer de l’argent ce 15 décembre, vers 17h, rappelle Hélène Ratinaud. Le retrait a été refusé. L’accusé concède que les fins de mois pouvaient être difficiles pour lui et qu’il comptait sur sa femme. Mais concrètement comment faisait-il ? “En ponctionnant les comptes de Delphine et des enfants puis en les remboursant dès qu’il était payé”. Chose qu’il avait déjà reconnue vendredi dernier.

L’avocat général Nicolas Ruff pose une question à propos des échanges par messages entre Cédric et Delphine Jubillar. “Que répond-elle à vos messages lorsque vous espérez encore ?” “Elle ne répond jamais par ‘je t’aime'”, répond l’accusé. “J’ai l’impression qu’elle laisse planer une forme d’ambiguïté pour que vous continuiez les travaux sur la maison”. “Peut-être”, répond le plaquiste qui semble surpris par la remarque. “Elle s’est un peu moquée de vous, elle vous a peut-être pris pour un idiot ?”, demande le magistrat à dessin… “Je ne sais pas”. Cédric Jubillar reste le même et répond toujours de manière vague.

Reprise de l’interrogatoire de Cédric Jubillar

L’interrogatoire de Cédric Jubillar reprend, l’accusé se lève… La présidente Hélène Ratinaud reprend son programme de questions là où il a été arrêté vendredi. Elle interroge le plaquiste sur la journée du 15 décembre. “Je me suis levé aux alentours de 6h du matin, je suis allé prendre mon bus pour aller au travail. Avec mon patron, on s’est rendu au chantier où nous avons posé du parquet flottant toute la journée. Puis, je suis rentré en reprenant le bus”. Son premier joint, “je le fume à 6h45”. Le déroulé montre que Cédric Jubillar fume toutes les heures. “Une pause cigarette est en fait une pause cannabis”.

La présidente fait projeter les photos de vêtements, saisis par les gendarmes, que portait Cédric Jubillar le 15 décembre. Un polo, un jean et une veste en mauvais état sont donc présentés. Les affaires sont partiellement maculées de tâches diverses et variées. “Je pense que ce sont les vêtements que je portais”, affirme-t-il. Cette deuxième partie d’interrogatoire reprend sur les mêmes bases… L’accusé répond avec les mêmes phrases et formules. La réponse “Tout à fait” a déjà été usée 5 ou 6 fois en 20 minutes. Il n’a que très peu de souvenirs précis.

Égal à lui-même, Cédric Jubillar est droit et répond vaguement mais directement. Ses mains sont agrippées à la petite ouverture de la vitre du box des accusés.

“Cédric m’a arraché Delphine”, Donat-Jean, l’amant de Delphine, se constitue partie civile

Me Battikh prend la parole pour lire un courrier que lui a adressé l’amant de Delphine Jubillar, Donat-Jean. “Il a décidé de se porter partie civile”. Le témoin a rappelé la douleur et le préjudice moral subis depuis la disparition de l’infirmière. “Cédric m’a arraché Delphine”, a-t-il écrit.

Le présidente Hélène Ratinaud accepte. Personne ne s’oppose.

“Vous n’avez pas relevé de trait de perversité ?”

Place à la défense avec Me Franck : “Vous n’avez pas relevé de trait de perversité ?” “Ce mot est difficile à entendre… Quand on parle de structure perverse, c’est pour des abuseurs sexuels. J’ai évité de répondre à cette question, car je n’avais pas les éléments”.

Au tour de Me Martin avec une question sur le rapport mère-fils. “Cédric Jubillar en veut à sa mère de ne pas l’avoir protégé, mais un lien d’amour très fort le lie à elle”, explique l’expert avant de préciser, “il a d’ailleurs pu se sentir ‘insécurisé’ par la force de ce lien”.

Cédric Jubillar est-il dans le déni ?

Les questions continuent d’affluer depuis le banc des parties civiles. Me Vallat demande très clairement si Cédric Jubillar est dans le déni… “Je n’en sais rien”, répond directement le psychiatre. Me Chmani enchaîne : “L’accusé peut-il mentir ?” “Vous allez trop loin, je reste sur ce qui est dans mon rapport”.

Son rapport à la femme est abordé par Me Boguet… Cédric Jubillar parlait mal et insultait sa grand-mère, sa mère et sa femme. Que cela peut-il signifier ? “Le fait d’insulter n’est pas incompatible avec le fait d’aimer.

Question pertinente de Me de Caunes, selon le psychiatre… L’avocat toulousain s’interroge sur le “ton enjoué” de Cédric Jubillar lors des entretiens qui pourrait trancher avec son attitude au procès. “Il n’a pas de trouble de l’humeur, mais cette attitude pourrait être liée à des traumatismes de la petite enfance… Une façon de se mettre à distance des choses douloureuses”. “Le remords peut-il faire peur ?” “Je n’irai pas jusque-là”, rétorque Pierre H.

“Colère maîtrisée” et “mécanisme de distanciation”

L’interrogatoire commence pour l’expert… “Présente-t-il des troubles de mémoires ? Parce que lorsque des questions lui sont posées dans ce procès, il perd souvent la mémoire…”, demande d’abord la présidente Hélène Ratinaud. L’expert semble décontenancé par la question et affirme que cela pourrait être une “expression” de ces traumatismes passés.

Me Pauline Rongier prend le relais et questionne Pierre H. à propos d’une “colère maîtrisée” dont pourrait faire preuve Cédric Jubillar. “À l’égard de Delphine aussi, il y avait une colère maîtrisée ?”, s’interroge l’avocate parisienne. “Maîtrisée, je ne sais pas, mais il était en colère vis-à-vis d’elle, il estime avoir été abandonné”. Nouvelle question : “Cédric Jubillar a-t-il déjà dit des choses positives sur Delphine ?” “Oui, quand il a parlé de la première rencontre et des trois premières années”. L’accusé aurait parlé de l’infirmière comme de la “femme de sa vie”. Il l’a déjà répété plusieurs fois lors de ce procès.

Me Battikh rappelle que Cédric Jubillar n’a jamais parlé de Delphine en utilisant son prénom. “Ce peut être un mécanisme de distanciation pour se protéger et ne pas penser”, estime le psychiatre avant d’à nouveau faire référence à son enfance “cabossée”. “L’accusé est clivé”.

“Le manque de sanctions a pu provoquer un sentiment de toute-puissance”

Le psychiatre réaffirme que Cédric Jubillar n’a pas de pathologie mentale, pas de psychose ou d’antécédent psychiatrique particulier. L’accusé a un souci d’identification à la figure paternelle : “L’image masculine n’a pas été rassurante”. Le seul homme qui semble l’avoir réellement aimé, “c’est son grand-père maternel”, qu’il vient alors de perdre lors des entretiens en 2021. “Quand il en parle, il craque, et c’est d’ailleurs le seul moment de vrai relâchement que j’ai constaté”. Car, la majorité du temps, Cédric Jubillar est “très sûr de lui”, “égocentrique”, “parfois arrogant” et a “beaucoup d’aplomb”.

“Cédric Jubillar a une haute opinion de lui-même… Il peut se montrer capable de “manipulation et de dissimulation”. “Le manque de sanctions a pu provoquer un sentiment de toute-puissance”. Le principal intéressé reste impassible dans son box au fur et à mesure du déroulement du rapport. Malgré le fait que des éléments très personnels soient abordés, Cédric Jubillar ne montre aucune émotion à part peut-être un peu d’impatience… Sa jambe bouge frénétiquement dans un piétinement incessant.

L’accusé peut se présenter comme quelqu’un “d’intolérant” lorsqu’il est frustré et était “impulsif” à l’adolescence. Même lors de son passage à l’âge adulte et sa paternité, il est resté “immature” mais est aussi devenu “psychorigide” et “méfiant”.

“Je suis un raté de l’éducation”

“Ma mère était une gamine de 17 ans et mon père biologique, un trou du cul de 20 ans, il n’a pas assumé”, a témoigné Cédric Jubillar au moment de parler de son enfance. Il a toujours appelé sa mère “Nadine”, son père biologique “son géniteur” et son beau-père, “il le considère comme son père”. L’accusé est d’abord plutôt positif sur ce dernier avant de reconnaître qu’il a été très violent avec lui. D’ailleurs, “Cédric en veut à sa mère d’avoir accepté les violences de son beau-père sans rien dire”, selon Pierre H. Même si le plaquiste a assuré que sa mère l’adore.

Sur la suite et son adolescence, Cédric Jubillar a dit : “Je suis un raté de l’éducation”, “les coups ont remplacé les mots”.

“Delphine doit être en Espagne”, aurait déclaré l’accusé

Pendant les entretiens, “Cédric Jubillar n’a jamais appelé Delphine par son prénom”, assure l’expert psychiatre. Concernant les enfants, “ils étaient désirés”. “Elyah a été nommée d’après un personnage de Game of Thrones”. Le plaquiste s’est insurgé sur le fait de ne pas pouvoir communiquer avec eux depuis son incarcération. “C’est toujours moi qui me levais la nuit”, aurait-il confié. “Cédric Jubillar reconnaît qu’il avait tout à perdre dans le divorce qu’avait demandé Delphine”, note Pierre H., “il y avait des disputes et il a pu se montrer peu patient avec ses enfants”.

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Les questions sur la sexualité fâchent Cédric Jubillar au fil du temps, selon l’expert. “Au début, il n’avait pas de mal à en parler en décrivant une sexualité ‘satisfaisante'”… “Et à la fin, il m’a dit : ‘Vous êtes qui pour me demander ça ?'”

L’accusé a abordé l’hypothèse du départ volontaire de Delphine Jubillar, “elle doit être en Espagne”, aurait-il supposé. Cédric Jubillar a assuré que sa femme a “délaissé” ses enfants. Par rapport à la séparation, l’accusé aurait déclaré : “J’ai cherché à savoir si Delphine avait quelqu’un, dès mai, juin, j’ai eu des soupçons”. Puis, concernant l’enquête, le plaquiste se présente comme la victime d’une sorte de complot : “Les gendarmes ont maquillé les preuves”.

L’audience a repris avec l’expert psychiatre

Pierre H. s’avance… Le psychiatre est vêtu d’une chemise bleue claire, recouverte par un gilet ouvert. Avec ses lunettes bleu électrique posées sur le nez, l’expert commence à lire son rapport. “Nous avons eu deux entretiens, le 1er juillet et le 6 octobre 2021”. “La première chose qu’il m’a dite : ‘Je n’ai pas beaucoup de temps à vous accorder'”, confie Pierre H. ne cachant pas avoir été étonné. L’homme n’a constaté aucun trouble ou aucune pathologie particulière. “Cédric Jubillar m’a expliqué qu’il n’avait rien fait et a exprimé une colère par rapport à ses conditions de détention.” “C’est une colère maîtrisée”. “Il est capable d’être influencé pour faire des bêtises”, ajoute le psychiatre.

Concernant le cannabis, la consommation de Cédric Jubillar est “excessive” et il est donc addict. Le cannabis “ne l’a jamais rendu agressif”. “Sa consommation aurait un effet anti-stress. Il fume régulièrement depuis l’âge de 12, 13 ans”. Me Laurent De Caunes grimace… Le pénaliste a beaucoup de mal à entendre l’expert. Il est demandé à ce dernier de se rapprocher du micro.

Lors de la seconde entrevue, Cédric Jubillar aurait changé d’état d’esprit. “On me considère comme la star, je m’en fous de ce qu’ils pensent”, aurait-il affirmé. L’homme prend un traitement pour faire baisser son anxiété et ne présenterait pas de profil suicidaire.

Un psychologue a dévoilé son rapport après l’analyse de Cédric Jubillar ⬇️

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Bonjour et bienvenue dans ce direct consacré au 14e jour du procès de Cédric Jubillar

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