Si le TGB a été l’un des clubs phares des dernières saisons sur le plan sportif, dans les coulisses se cachait une réalité bien plus sombre. Entre éviction des bénévoles, licenciement des salariés et approche du club verrouillée à tous les niveaux, le couple Cointre-Gomez a fait du Quai de l’Adour un véritable camp retranché.
Arrivée à l’été 2023 avec un projet Euroligue sur trois ans, Jeannie Cointre n’aura finalement pas sauvé le club comme espéré lors de son arrivée. La faute, notamment, à une gestion qui s’est transformée en véritable hécatombe où seul François Gomez a gardé sa place.
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Une place de choix pour le seul entraîneur de Ligue Féminine à avoir eu un contrat en CDI. « Cela m’a permis de comprendre que le patron du club, c’est M. Gomez, puisqu’il nous a dit qu’il était hors de question d’être coach en NF1 pour l’un des plus grands entraîneurs que le monde a connus », confiait, non sans ironie, le président de la Fédération française de basket-ball dans un document que nous nous sommes procuré.
Une expertise technique que François Gomez avait su vendre à ses présidents, puisque son salaire — à savoir 125 310 € — représentait à lui seul 25 % de la masse salariale de l’effectif, qui s’évaluait à 512 101 €, selon un document comptable de la saison 2023/2024 que nous nous sommes procuré.
Avec une telle emprise, l’ancien entraîneur de Perpignan, quand le club a coulé, se permettait même de dire que le TGB était son club en public. « J’ose dire sans aucune modestie que c’est mon club, il m’appartient. Quand on s’attaque à mon club, à cette institution (le TGB, NDLR) sans aucune raison, j’ai le droit, avec mon impulsivité légendaire, d’expliquer aux gens qu’il ne faut pas le faire », réagissait François Gomez au lendemain de la défaite en finale contre Basket Landes.
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Une déclaration lunaire au Quai de l’Adour, quand le TGB était déjà en proie à de gros soucis financiers et que le club avait déjà conscience de sa future relégation à venir. « Le club évoluait au-dessus de ses moyens depuis longtemps, avec des joueuses surpayées », regrette une ancienne bénévole. Un discours qui fait écho à celui du président de la Fédération, Jean-Pierre Hunckler, qui confiait que « le club a été rétrogradé pour non-respect de la masse salariale, qui doit être encadrée au TGB, puisqu’il est en redressement judiciaire depuis 8 ans. »
« Il y a eu de la casse humaine »
Et pour performer sur le plan sportif, Jeannie Cointre et François Gomez ont fait le choix de reléguer le plan humain au dernier plan. « Dès que les personnes deviennent dérangeantes, on les met au placard ou on s’en sépare. Ça fait de la casse humaine, au-delà de la dimension financière. Il y avait de la transparence chez certains administratifs. Mais ça n’allait pas. Tous les gens qu’on a remerciés ou ceux dont on a fait en sorte qu’ils partent, se sont retrouvés dans des situations très délicates. Les salaires n’étaient pas payés, les papiers pour le chômage n’étaient pas envoyés au bon moment pour retarder les droits des gens. Ils ont fait en sorte que les choses deviennent opaques autour du club », confie une ancienne bénévole, remerciée après plusieurs années au club.
Selon cette dernière, c’est cette situation floue autour du club qui n’a pas permis aux gens de se rendre compte de ce qu’il se passait. Et notamment lors de l’assemblée générale de l’année dernière, où nous avions annoncé dans nos colonnes les prémices des problèmes. « Certaines subventions ne peuvent être versées que lorsque les comptes, le bilan, sont présentés. Pourtant, le club a obtenu certaines subventions sans fournir de justificatif, affirme l’ancienne bénévole. C’est un passe-droit. Et ce sont ces mêmes personnes qui ont porté en triomphe la présidente à l’assemblée générale en la félicitant de son travail, sans même avoir pris conscience de ce qu’il se passait réellement. »
Depuis, la municipalité s’est retrouvée dos au mur, au point que le maire de Tarbes, Gérard Trémège, fasse un mea culpa, soulignant la mauvaise gestion du club lors du dernier conseil municipal. « Je constate que ceux qui commençaient à s’interroger il y a un an avaient raison. Les comptes sont d’une sincérité discutable. »
Une gestion plus qu’opaque qui a aussi eu des répercussions chez les joueuses. « La casse humaine existe aussi bien chez les administratifs que chez les joueuses », témoigne un ancien employé.
Faisant sans doute référence au jour où une joueuse a fondu en sanglots au Quai de l’Adour, parce qu’elle devait changer d’appartement en plein milieu de saison, les loyers n’étant pas payés par le club. De Charybde en Scylla pour ce TGB à la gestion défaillante et opaque, l’issue ne pouvait être que négative. Elle a été fatale, puisque les jours avant la liquidation sont comptés, et avec d’autres conséquences.