À l’occasion de sa 35e convention annuelle à Toulouse, Intercommunalités de France publie un sondage Ifop révélant une confiance accrue des citoyens envers leurs élus locaux, dans un contexte politique national de crise de confiance sans précédent sous la Ve République.
À rebours du climat de défiance qui mine les institutions nationales, notamment depuis la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin 2024, les Français confirment leur attachement aux échelons de proximité. Selon un sondage Ifop réalisé pour Intercommunalités de France auprès de 2000 personnes et présenté ce jeudi lors de la 35e convention annuelle de l’organisation à Toulouse, la confiance envers les élus locaux atteint un niveau rarement observé.
Près de 68 % des répondants déclarent ainsi faire confiance à leur maire pour développer les services publics et renforcer la cohésion territoriale, soit une progression de six points depuis la dernière mesure. La figure du président d’intercommunalité s’impose, elle aussi, comme un acteur désormais reconnu : 57 % des sondés lui accordent leur confiance, en hausse de dix points depuis 2017. Dans un paysage politique national marqué par l’instabilité, ces chiffres traduisent une réaffirmation du rôle des collectivités locales comme repères institutionnels.
Les élus locaux largement salués
L’étude souligne également un net écart entre le jugement porté sur les élus locaux et celui réservé à l’exécutif. 67 % des Français font davantage confiance aux collectivités qu’au Gouvernement pour répondre à leurs besoins quotidiens, contre 8 % seulement en sens inverse. Cette tendance se répète sur d’autres champs : mise en place de services publics efficaces (59 % contre 15 %), gestion des aides à la rénovation énergétique (48 % contre 19 %) ou encore maîtrise des finances publiques (44 % contre 22 %).
Sur le terrain budgétaire, la position des répondants apparaît sans ambiguïté. Si la maîtrise de la dépense publique est jugée prioritaire, elle ne doit pas, selon eux, se traduire par un effort accru des collectivités. 63 % désapprouvent les mesures budgétaires imposées par les gouvernements successifs aux territoires, tandis que 91 % jugent prioritaire de réduire les dépenses de l’État – un taux deux fois supérieur à celui exprimé à l’égard des collectivités (47 %). Cette perception illustre une distinction nette entre l’État central, perçu comme dépensier, et les exécutifs locaux, jugés plus vertueux.
Les zones rurales se sentent délaissées
Mais la cohésion territoriale demeure fragile. Huit Français sur dix se disent satisfaits de la qualité de vie dans leur territoire, mais 50 % des habitants des communautés de communes estiment que leur zone ne bénéficie pas de l’action publique – soit deux fois plus que dans les intercommunalités urbaines. Le sentiment de délaissement reste vif dans les zones rurales (67 % estiment que les pouvoirs publics n’en font pas assez), devant les territoires d’Outre-mer (49 %) et les banlieues populaires (42 %).
Autre enseignement majeur : la santé devance désormais la sécurité parmi les principales préoccupations. 61 % des Français considèrent que la situation s’est dégradée dans l’accès aux services de santé depuis 2017 (+ 16 points), et 57 % évoquent une détérioration concernant les services d’urgence (+ 19 points). La sécurité reste un sujet sensible (53 %, + 3 points), mais recule dans la hiérarchie des inquiétudes. À l’inverse, la perception d’un recul de l’accès à l’emploi (40 %, – 14 points) et du commerce de proximité (41 %, – 10 points) s’atténue.
L’échelon local essentiel pour maintenir la qualité de vie et la cohésion
“En somme, l’étude Ifop-Intercommunalités de France de septembre 2025 met en lumière un paradoxe apparent : d’un côté, la France des territoires ruraux et périurbains, qui exprime haut et fort un sentiment d’abandon, et de l’autre, des citoyens globalement attachés à leurs services publics de proximité (santé…) et enclins à plébisciter l’action de leurs élus locaux. Face aux défis budgétaires et aux fractures territoriales, le niveau local apparaît ainsi, aux yeux des Français, comme un échelon essentiel pour maintenir la qualité de vie et la cohésion dans l’ensemble des territoires”, estiment François Kraus, directeur du pôle Politique/Actualités et Léo Major, chargé d’études.
“Les maires et présidents d’intercommunalités, en première ligne, portent plus que jamais l’espoir de combler le fossé entre les territoires ruraux délaissés et les centres urbains jugés dynamiques.”