October 8, 2025

"Complètement hors la loi" : une immense grue de chantier survole son jardin, un riverain veut la faire démonter

l’essentiel
Les riverains de la rue des Pavillons à Villeneuve-sur-Lot vont cohabiter pendant de nombreux mois avec un chantier mené par Domofrance. Une grue de plusieurs dizaines de mètres de haut est au cœur des crispations.

La vue depuis la terrasse de Didier Lemperier a quelque peu changé ces dernières semaines. Cet habitant de la rue des Pavillons à Villeneuve, sur la rive gauche non loin de la voie verte, a vu pousser une immense grue aux abords de son terrain. L’appareil de levage a été installé au beau milieu du quartier, sur une parcelle vierge vendue voilà plusieurs mois. Lui et ses voisins vont devoir s’habituer à cette vision, puisqu’elle est bien partie pour y rester de nombreux mois. Mais ce n’est pas spécialement pour ça que Didier est en colère. Chaque jour, la flèche de la grue vient survoler… son terrain et de sa piscine.

Depuis sa terrasse, Didier reste sur le qui-vive à n’importe quel mouvement de la grue de chantier.
Depuis sa terrasse, Didier reste sur le qui-vive à n’importe quel mouvement de la grue de chantier.
DDM G.B.

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« Je suis en droit de la faire démonter »

C’est donc dans ce quartier parallèle à l’avenue de Pujols que Domofrance, bailleur social, construit 13 nouveaux logements. Leur livraison est prévue pour 2027. Le chantier a démarré en mai dernier, avec le terrassement et donc l’installation de la grue, haute de plusieurs dizaines de mètres, au cœur de l’été. Les riverains, interloqués par la non-concertation autour de cette construction, sont directement allés voir les responsables du chantier. « On nous a dit de ne pas nous inquiéter, que la grue ne traverserait pas chez nous » se souvient Didier. Mais il n’a pas attendu longtemps avant que lui ou son épouse n’aperçoive le géant métallique passer au-dessus de leur terrasse… même chargé, vidéos à l’appui. Mais voilà, en l’absence d’échange entre le propriétaire et le responsable du chantier, ce dernier se trouve dans l’illégalité. Didier Lemperier fouille alors dans les textes de loi.

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« La propriété du sol emporte la propriété du dessus et du dessous », peut-on lire dans l’article 552 du Code civil. Cela veut dire que quand vous êtes propriétaire d’un terrain, vous l’êtes aussi du sous-sol… et de ce qui se trouve au-dessus. En somme, Domofrance aurait dû demander une autorisation de survol du terrain. Le retraité a donc fait venir un huissier pour constater de l’infraction. « C’est complètement hors la loi. Je suis en droit de la faire démonter » affirme Didier Lemperier.

Depuis sa terrasse, Didier reste sur le qui-vive à n’importe quel mouvement de la grue de chantier…. vidéo à l’appuie.
Depuis sa terrasse, Didier reste sur le qui-vive à n’importe quel mouvement de la grue de chantier…. vidéo à l’appuie.
DDM G.B.

Le bailleur social dit mettre en œuvre « une régularisation administrative »

En colère, il décide de se tourner vers la mairie de Villeneuve – « avec espoir » – pour régulariser la situation. Mais le chantier étant sur une parcelle privée, elle ne peut intervenir. On lui conseille de porter plainte, mais on lui oppose une fin de non-recevoir. « Il y a des lois en France, il faut les respecter » lance-t-il, résigné d’être « mis devant le fait accompli ». « Vu qu’il n’y a pas de document concernant l’autorisation, que se passe-t-il en cas d’accident ? » s’interroge-t-il, l’œil toujours rivé sur les va-et-vient de la grue.
Du côté de Domofrance, le chantier se poursuit avec la pose des fondations et des premières cloisons, grâce à cette grue. Le bailleur social dit mettre en œuvre « une régularisation administrative » pour le montage de l’engin élévateur. Il a également pris en charge l’installation d’une nouvelle haie entre la propriété de Didier et celle des nouveaux logements sociaux.

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Quant à Didier, il hésite encore à « saisir le conciliateur de justice ». « Le temps de la procédure, le chantier risque d’être terminé » souffle-t-il. Il veut surtout que cette mésaventure serve d’avertissement pour d’autres riverains qui verraient une grue survoler leur jardin.

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