October 3, 2025

Ski : "On est de la chair à canon !" Le coup de gueule du skieur star Cyprien Sarrazin après son grave accident

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Le champion des Hautes-Alpes, victime d’une très grosse chute fin 2024, se dit aujourd’hui “miraculé” alors qu’il n’a toujours pas repris la compétition.

Cyprien Sarrazin a longtemps cru qu’il ne reverrait jamais les pistes. Victime d’une effroyable chute en décembre 2024 à Bormio, le double vainqueur de la mythique descente de Kitzbühel est passé tout près du drame. “On m’avait dit que j’étais miraculé… ‘C’est un miracle que tu sois là, etc, etc.’ C’est un mot qui sonne bien. Miracle, miracle, miracle… Je le dis tout le temps, mais en fait je n’avais pas compris”, confie-t-il, les yeux embués, lors d’un entretien accordé à l’AFP.

Ce jour-là, le Français de 30 ans a subi une lourde commotion cérébrale en pleine descente d’entraînement. Longtemps diminué, souffrant de troubles visuels, il se remet peu à peu. S’il n’a plus de séquelles neurologiques et a pu reprendre une vie normale, ses genoux, déjà fragilisés, restent une inquiétude permanente. “C’est très connecté à mon bien-être mental. Quand j’ai trop mal, je pars quasiment en dépression, et à l’inverse quand je suis bien dans ma tête, ça va mieux physiquement.”

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“Ça remue beaucoup de choses”

Malgré le traumatisme, Sarrazin rêve encore “de vitesse, de compétition et d’adrénaline”. Mais le décès brutal de l’Italien Matteo Franzoso, 25 ans, emporté par une commotion similaire lors d’une descente d’entraînement au Chili en septembre, l’a profondément bouleversé. “D’un coup, c’est comme si je ne pouvais plus parler, j’ai été débordé par les émotions. Rien que d’en reparler, j’ai les larmes qui montent et la gorge qui se serre”, raconte-t-il.

La comparaison entre les deux accidents est glaçante : “C’était exactement la même situation que lui, mais lui ne s’en est pas sorti. Ça m’a mis devant le fait accompli. J’ai pris conscience que moi, j’ai eu une bonne étoile.”

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Un constat qui nourrit colère et amertume : “Je dis que je n’ai pas de séquelles post-traumatiques, mais ça montre bien qu’il y a quand même quelque chose qui bloque. Sa mort m’a vraiment impacté plus que ce que je pensais, ça remue beaucoup de choses en moi.”

“On est de la chair à canon”

Ce drame a relancé le débat sur la sécurité en ski alpin, un sport où les vitesses flirtent avec l’extrême et où chaque erreur peut être fatale. Cyprien Sarrazin ne cache plus sa frustration : “On est de la chair à canon. Et on n’a pas envie d’être le prochain qui fera avancer les choses. On aimerait que ça avance avant qu’on soit les prochains.”

Face à la vague d’indignation, la Fédération internationale de ski (FIS) a promis “d’intensifier le dialogue” et la Fédération italienne a suggéré de réduire le nombre de pistes d’entraînement dans le monde afin que seules les plus sûres soient homologuées. Mais pour Sarrazin, le problème va bien au-delà.

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“Si déjà ils étaient venus me demander : ‘Comment ça va ? Qu’est-ce que tu penses de ta chute ? Comment tu l’as vécu ?’… Ce serait peut-être pas mal de venir demander aux mecs qui ont vécu ces problèmes comment ils voient les choses. Mais ça n’a pas été le cas, pas directement en tout cas.”

Le Français se refuse à pointer du doigt un coupable mais appelle à un sursaut collectif : “Je ne blâme personne. Nous aussi les athlètes, on a longtemps laissé traîner. Mais il y a mieux à faire. On parle de vies humaines et il n’y a plus de procrastination à avoir.”

Une étoile… et une alerte

À 30 ans, Cyprien Sarrazin reste partagé entre son amour viscéral pour la vitesse et une conscience nouvelle : celle de la fragilité d’un destin qui ne tient parfois qu’à une fraction de seconde. Lui s’estime “miraculé”, mais le souvenir de Franzoso le hante encore.

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Plus qu’un coup de gueule, son témoignage sonne comme un cri d’alerte lancé à un sport en quête de survie : “On aimerait que ça avance avant qu’on soit les prochains.”

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