Face à une FFBB qui s’est montrée plus que patiente et conciliante depuis bientôt 10 ans, le Tarbes Gespe Bigorre s’est appuyé sur une défense approximative, parfois au bord de la légalité, avec des pressions politiques jusqu’au plus haut niveau, sans donner aucun gage de garantie. Les dessous de la défense du club face à la Fédération.
« Il y a un risque de tribunal pénal » : le TGB n’en est peut-être qu’aux prémices de ses ennuis. Dans un document que nous nous sommes procuré, Jean-Pierre Hunckler, le président de la Fédération française de Basket-ball (FFBB), ne cachait pas son inquiétude quant à la gestion et à l’avenir du club bigourdan.
Début août, l’homme fort du basket français s’est épanché sur le cas du Tarbes Gespe Bigorre. De quoi y voir un peu plus clair dans la défense que le pensionnaire du Quai de l’Adour a tenté de mettre en place cet été.
” Devant le comité olympique, les dirigeants du TGB se sont présentés les mains dans les poches ; les dossiers ont été envoyés au CNO 10 à 12 heures après le moment où devait avoir lieu la conciliation “
Une défense vaine, puisque le club n’a pas obtenu gain de cause face à une Fédération qui n’a cessé de perdre patience compte tenu du manque de professionnalisme des dirigeants du TGB. « Le club a été rétrogradé par la commission de contrôle de gestion pour la 4e année consécutive, pour les mêmes raisons : non-respect du budget engagé au départ, non-respect de la masse salariale, qui est encadrée depuis 4 à 5 ans, si ce n’est plus, puisque le TGB est en redressement judiciaire depuis 8 ans. Le club a fait appel, mais ses représentants sont arrivés sans aucun engagement précis, et la chambre d’appel a maintenu la décision de la CCG. Entre le moment de la chambre d’appel et le comité olympique, il n’y a pas eu d’échange avec le club, même si ce dernier a raconté toujours les mêmes bêtises. Devant le comité olympique, ils (les dirigeants du TGB, NDLR) se sont présentés les mains dans les poches ; les dossiers ont été envoyés au CNO 10 à 12 heures après le moment où devait avoir lieu la conciliation et n’ont pas été pris en compte », s’est fendu le président de la FFBB, avant de démentir le discours que les dirigeants et entraîneurs avaient tenu dans la presse locale et nationale. « Contrairement à ce qui a été dit, le conciliateur a quand même regardé les dossiers qui sont arrivés après, et cela a permis de le conforter dans sa décision de maintenir en l’état la décision de la commission de gestion et de la chambre d’appel. À savoir que le TGB ne proposait aucune négociation avec la Fédération pour être réintégré en Boulangère WonderLigue. »
« Hors de question d’évoluer en Nationale 1 »
Engagée dans des procédures avec le TGB depuis trois étés maintenant, la Fédération a répété sa volonté de « ne pas aboutir à une liquidation du club ». Mais, presque deux mois après cette fameuse visioconférence, et un comité directeur qui s’est tenu vendredi 19 septembre, selon nos informations, le club n’a toujours pas de cap et oscille entre liquidation et Régionale 2. La faute à un budget non conforme présenté par le TGB à la CCG pour l’engagement en Nationale 1 féminine. Et cela après que le club a fait savoir à la Fédération qu’il était impensable d’évoluer en troisième division. « Madame Cointre m’a dit qu’il était hors de question et que c’était la Boulangère WonderLigue ou rien, car ils étaient vice-champions de France », rapporte Jean-Pierre Hunckler.
Sauf qu’après avoir balayé la troisième division d’un revers de main pour faire pression sur la Fédération, le TGB s’est résolu à étudier cette possibilité.
« Emmanuel Macron avait été interpellé lors de sa visite au Tour de France sur le cas du TGB »
Et cela malgré toutes les pressions politiques que le club a tenté d’exercer, même jusqu’au plus haut biveau de l’Etat. Le président de la FFBB poursuit : « Il faut savoir qu’entre le passage devant la commission et cette réunion (celle du 6 août, NDLR), j’ai eu le maire de Tarbes et le président du Département qui m’ont appelé pour trouver des solutions financières. Je leur ai dit qu’au regard du dossier TGB, c’était impossible, et qu’il était hors de question d’intervenir personnellement sur une décision de la chambre d’appel. Je leur ai parlé de la solution de la NF1 et ils l’ont trouvée bonne afin d’assainir la situation. Derrière, le club a mis le dossier dans les mains des politiques, puisque j’ai été appelé par le chargé des sports de l’Élysée, en me disant que le président Emmanuel Macron avait été interpellé lors de sa visite au Tour de France dans les Pyrénées par le club, dans un message qui disait que le TGB était maltraité par la Fédération de basket. Je pense que c’est la plus mauvaise décision qu’ils ont pu prendre. J’ai ensuite été appelé par le cabinet du Premier ministre et le cabinet du chargé des sports. »
« Le TGB est en train de pourrir la vie des bénévoles »
Allant même jusqu’à interpeller le président de la Fédération lui-même lors du match de l’équipe de France contre la Grande-Bretagne à Pau, le 8 août. Selon nos informations, une élue tarbaise a profité du match des Bleus pour plaider la cause du TGB : « Pourquoi vous ne sauvez pas le TGB ? Le club a donné toutes les garanties qu’il fallait », aurait lancé l’élue, avant que le président ne lui réponde sèchement : « Avez-vous vu le dossier ? » Ce à quoi l’élue aurait répondu : « Non je ne l’ai pas vu, mais je sais de source sûre qu’il est complet », provoquant l’ironie de Jean-Pierre Hunckler : « Moi, le dossier je l’ai. Je l’ai lu et étudié, alors je sais très bien ce qu’il y a dedans. Vous devriez mieux vous renseigner. »
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Une pression finalement inutile, puisque les dirigeants du TGB n’ont pas obtenu gain de cause. La faute à une situation financière plus que préoccupante, tout en étant en redressement judiciaire sur une période qui court depuis 2015 et jusqu’en 2029 — et cela malgré toute la bonne volonté de la FFBB de sauver ce qui pouvait encore l’être. « Nous sommes des facilitateurs mais on a un club qui se fout complètement des jeunes licenciés qui sont à côté », a regretté Stéphanie Pioger (responsable des services juridiques à la FFBB), avant que le comité départemental ne dise son inquiétude sur les licences délivrées pour un montant estimé à 4000 euros dus à ce jour.
Reste qu’après la patience, la Fédération a opté pour l’intransigeance. « Aujourd’hui, la FFBB sera intransigeante, car le TGB est en train de pourrir la vie des bénévoles du comité départemental et de tous les autres, d’autant que ces gens racontent des bêtises à tout le monde depuis 2 ou 3 ans. »
Un discours qui n’étonne pas les anciens membres du bureau du TGB, évincés au cours des dernières semaines, mois ou années : « La Fédération a fait preuve de beaucoup de patience avec le club, mais un jour le couperet allait finir par tomber. Chaque année, depuis que Jeannie Cointre était au club, elle lançait des idées de projets qu’elle vendait à la Fédération pour dire que de l’argent allait rentrer dans les caisses du club. Mais au final, ces événements et ces initiatives ne voyaient jamais le jour. Au bout de deux étés, je pense que la Fédération et la commission en ont eu marre des fausses promesses. C’est pour ça qu’ils ont exigé des gages de garanties que le club n’a jamais été en mesure de fournir. »
Pression, influence, retards et dossier incomplet : le TGB aura finalement adopté une mauvaise défense pour essayer de se sauver.