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Le Nouvel Obs avec AFP
Une femme vote à Chisinau, Moldavie, pour l’élection législative du 28 septembre 2025. ANDREI PUNGOVSCHI / GETTY IMAGES VIA AFP
C’est un scrutin sous haute tension qui s’est ouvert en Moldavie ce dimanche 28 septembre : les Moldaves vont élire leurs députés, et décider de l’avenir de leur pays voisin de l’Ukraine en guerre, entre poursuite sur la voie de l’Union européenne ou rapprochement avec la Russie.
« Je veux des salaires et des retraites plus élevés… Je veux que les choses continuent comme elles étaient à l’époque russe », témoigne Vasile, un serrurier et soudeur de 51 ans, rencontré par l’AFP dans un bureau de vote à Chisinau. Une autre électrice, Paulina Bojoga, 68 ans, dit vouloir que la Moldavie « rattrape les pays européens, car l’Europe a tout ce dont nous avons besoin ». « La situation est sur le fil du rasoir », a dit à l’AFP cette retraitée, revenue au pays après avoir vécu en Italie.
La plupart des sondages réalisés avant le scrutin donnent gagnant le Parti action et solidarité (PAS), pro-européen, au pouvoir depuis 2021. Mais selon les analystes, l’issue du scrutin est n’est pas si certaine. Et chaque camp accuse l’autre de manipulation et de tentative d’intimidation.
Le scrutin est en effet assombri par les craintes d’achats de votes et de troubles, ainsi que par une « campagne de désinformation sans précédent » menée par la Russie, selon l’UE. Moscou a démenti ces allégations, tandis que l’opposition moldave, largement pro-russe, a quant à elle accusé le PAS d’avoir planifié une fraude.
« La Moldavie pourrait tout perdre »
La présidente pro-européenne Maia Sandu, du PAS a mis en garde contre « l’ingérence massive de la Russie » après avoir voté, affirmant que la Moldavie était « en danger ». « Si les Moldaves ne se mobilisent pas suffisamment et si l’ingérence de la Russie a un impact significatif sur nos élections, alors la Moldavie pourrait tout perdre, tout ce qu’elle a gagné, ce qui pourrait également représenter un risque important pour d’autres pays comme l’Ukraine », a-t-elle déclaré aux journalistes devant un bureau de vote à Chisinau.
Maia Sandu avait dénoncé en début de semaine les « centaines de millions d’euros » déversés par Moscou pour acheter des voix, orchestrer des campagnes de désinformation en ligne et organiser des violences.
Selon Igor Botan, directeur du centre de réflexion moldave Adept, la Moldavie n’a « jamais vu un tel niveau (d’ingérence étrangère) dans une campagne électorale » depuis son indépendance proclamée en 1991.
Depuis le 1er août, la police moldave a réalisé plus de 600 fouilles en lien avec des tentatives de corruption électorale ou de déstabilisation, selon le Premier ministre moldave, Dorin Recean. Des dizaines de personnes ont été arrêtées.
La diaspora et la Transdniestrie scrutées
Une vingtaine de partis et candidats indépendants sont en lice pour le scrutin qui doit pourvoir 101 sièges. « Tout va se jouer au dernier moment », estime Valeriu Pasha, du groupe de réflexion WatchDog, qui n’exclut pas une assemblée morcelée, synonyme d’instabilité.
La participation de la diaspora (300 000 Moldaves vivant à l’étranger avaient voté en 2024) et celle de la région séparatiste de Transdniestrie, qui penche en faveur de la Russie, seront particulièrement observées.
En 2021, la participation nationale avait atteint 52,3 %. Le PAS l’avait emporté avec 52,8 % des voix contre 27,2 % pour le Bloc des socialistes et communistes (BESC).