La peur du noir de Delphine Jubillar n’est pas un détail anodin. Décrite par ses proches comme “trouillarde” et incapable de sortir seule dans l’obscurité, elle rend hautement improbable l’idée qu’elle ait quitté volontairement son domicile, dans la nuit de sa disparition. Un élément clé qui fragilise la version de son mari.
Parmi les nombreuses zones d’ombre qui entourent la disparition de Delphine Jubillar, une question revient avec insistance : la jeune infirmière avait-elle peur du noir ? La réponse n’est pas anecdotique. Elle éclaire un point essentiel de l’enquête, remise en question par la défense dès le début du procès aux assises de son mari Cédric, ouvert ce lundi 22 septembre à Albi : l’infirmière peut-elle vraiment avoir quitté seule son domicile le 15 décembre 2020 en pleine nuit, comme l’affirme son époux ?
Selon plusieurs témoignages recueillis dans le cadre de l’instruction, Delphine redoutait fortement l’obscurité. Son fils, son entourage familial comme amical évoquent une angoisse enfantine jamais disparue. À la clinique Claude-Bernard d’Albi, plusieurs collègues la décrivent comme “trouillarde”, incapable de descendre seule au sous-sol de l’établissement ou même de traverser un parking mal éclairé. Certaines racontent avoir dû l’accompagner jusqu’à sa voiture l’hiver, ou renoncer à l’emmener prendre l’air dehors après le travail. Pour sa cousine comme pour plusieurs amies, il était “impensable” qu’elle sorte seule de chez elle, en pleine nuit.
Ces récits, rapportés à l’enquête, pèsent lourd : si Delphine redoutait tant l’obscurité, l’hypothèse d’une sortie volontaire avec ses chiens paraît peu crédible. Les gendarmes ont relevé une récurrence de cette peur dans les dépositions, y voyant un obstacle majeur à l’idée d’une fugue nocturne.
La défense conteste
Mais la défense de Cédric Jubillar conteste. L’artisan assure que son épouse avait l’habitude de promener les animaux après la tombée du jour, qu’il avait même installé un éclairage extérieur pour la rassurer. Sa mère nie purement et simplement cette peur. L’amant de Delphine, lui, ne l’avait jamais perçue comme “particulièrement peureuse”, même s’il admet qu’elle n’aurait pas pris l’air sans raison. D’autres soulignent un goût pour la contemplation des étoiles : Delphine aimait parfois sortir admirer le ciel, quitte à rester longtemps dehors.
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Ce débat est revenu à la barre ce mardi 23 septembre. Une gendarme, interrogée devant la cour d’assises d’Albi, a évoqué une conversation téléphonique tenue le matin de la disparition avec une amie de Delphine. Celle-ci aurait alors mentionné une habitude de “balade nocturne”, liée à ses horaires décalés d’infirmière de nuit. Des propos consignés à l’époque dans un procès-verbal, mais nuancés à la barre du tribunal par des souvenirs plus flous dans les témoignages des gendarmes. Pour la défense, cela met à mal l’idée persistante selon laquelle Delphine n’aurait jamais pu sortir la nuit à cause de sa peur du noir.
Ces contradictions, désormais discutées à l’audience, nourrissent le débat. Mais l’accumulation de témoignages convergents de proches et de collègues donne du poids à l’idée que Delphine n’aurait pas franchi seule le pas de sa maison dans la nuit de sa disparition. Si tel est le cas, la thèse d’une sortie volontaire s’effondre, renforçant celle d’une disparition sous contrainte.