Olivier Couderc titube un peu, puis s’assoit sur une chaise le temps de cette interview où il se confie sur son mal incurable. Il est plein d’espoir et de volonté, porté par ceux qui l’encouragent dans sa lutte contre la maladie de Huntington. La course en relais de l’Ekiden, samedi soir, à Cahors, aide la recherche contre ce fléau qu’Olivier combat avec un courage bouleversant.
Il marche “d’une manière un peu désarticulée” commentent certains. D’autres ne s’embarrassent pas de vocabulaire très respectueux adapté à la situation du handicap de cet homme. Ils disent carrément de lui, en ricanant sur son passage : “Mais ce type est complètement bourré !”. Erreur !
Olivier Couderc, que l’on voit tous les jours, du matin au soir, arpenter de long en large le boulevard Gambetta, à Cahors, est atteint de la maladie de Huntington. Un mal définit par l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) comme “héréditaire et actuellement incurable, associé à la dysfonction et la dégénérescence de certains neurones impliqués dans des fonctions motrices, cognitives et comportementales.”
Ce samedi 27 septembre, 1 800 coureurs et 400 marcheurs sont attendus au départ de l’Ekiden, à Cahors, sans oublier des équipes de joëlettes, pour soutenir la recherche contre cette maladie.
Une brillante carrière dans la restauration à Cannes
Olivier, Cadurcien de 53 ans, a suivi toute sa scolarité à Cahors, avant de s’installer à Cannes où il a ouvert deux restaurants, L’Olivier et le Pause-Café, mais également un snack baptisé Le 35 sur la croisette. Puis sa vie a dégringolé il y a à peine 5 ans.

“Je ne suis pas bourré, je marche comme ça parce que c’est ma maladie qui m’y oblige. J’ai eu la confirmation du mal dont je souffrais par un médecin qui n’a pas eu de doute. Je pouvais m’attendre à ma maladie, car elle a déjà emporté mon père et mon frère.”
Depuis son diagnostic, son état s’est dégradé, mais Olivier fait preuve d’une force mentale et d’une volonté inouïes pour tenir le choc : celui que lui imposent ses douleurs et les regards extérieurs.
“J’ai suivi plusieurs protocoles. J’ai rencontré des médecins, des spécialistes et des chercheurs”
Il résiste à tout et persiste dans ses efforts du quotidien pour ne surtout pas flancher sous le poids du mal et de ses effets. “Je marche beaucoup pour garder une certaine force musculaire et entretenir ma forme. Il le faut. Je prends beaucoup de médicaments. À Marseille, j’ai suivi plusieurs protocoles et de nombreux tests. J’ai rencontré des médecins, des spécialistes et des chercheurs. Samedi soir, bien sûr, je ne participerai pas à la course de l’Ekiden, à Cahors, qui soutient la recherche contre ma maladie. Mais je suis de tout coeur avec les organisateurs et les malades. Je comprends tout ça.”
En d’autres termes, Olivier comprend les souffrances des autres puisque ce sont les mêmes qu’il endure sans jamais se plaindre. D’ailleurs qui l’a vu esquisser le moindre rictus de douleur dans ses longues promenades diurnes et nocturnes, à Cahors ?

“Il est courageux. On le voit tous les jours sur le boulevard. Il ne s’arrête jamais”
“Je pars de chez moi, en centre-ville, puis je fais trois fois le trajet entre le haut du boulevard et le bas du pont Louis-Philippe. Ensuite, le soir, je recommence, en parcourant une bonne partie du boulevard, dans une marche plus rapide, comme je le peux. Je m’arrête chez plusieurs commerçants. J’ai quelques amis ici”, confie-t-il. Des amis qui l’encouragent comme on accompagne un coureur de fond lancé dans sa course.
“Il est courageux. On le voit tous les jours sur le boulevard. Il ne s’arrête jamais, sauf pour discuter un peu. Puis il repart” déclare Stéphane, restaurateur, admiratif devant son ami d’enfance.
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Olivier se lève de sa chaise après cette interview. Il se hâte de façon désordonnée, mais maîtrisée. Il est engagé dans un long marathon contre la mort, une course contre la montre et le temps qui l’use sans l’abattre. Alors, il s’accroche. Olivier a foi en ses forces mentales… et en la recherche médicale en laquelle il a placé son principal espoir. Le seul.