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Le Nouvel Obs avec AFP
Des soldats vénézuéliens dans les rues de Caracas, la capitale du pays, lors d’un exercice militaire, le 21 septembre 2025. IVAN MCGREGOR / ANADOLU VIA AFP
L’armée vénézuélienne a organisé samedi 20 septembre une journée de formation à destination des populations civiles en vue d’une éventuelle « agression américaine », alors que Donald Trump menace Caracas de conséquences « incalculables » s’il refuse d’accepter le retour de migrants clandestins aux Etats-Unis.
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Washington a déployé depuis près d’un mois des bateaux de guerre dans les Caraïbes, présentant le déploiement comme une opération anti-drogue, et a détruit au moins trois bateaux de narcotrafiquants présumés dans des eaux proches du Venezuela.
Caracas dénonce pour sa part un « plan impérialiste » visant renverser le pouvoir et s’emparer de ses ressources naturelles.
• L’armée vénézuélienne enseigne « la manipulation des armes »
« Je n’exagère pas si je dis que des millions de paysans et de paysannes sont prêts à prendre les armes et à défendre la République bolivarienne du Venezuela si elle était agressée par l’empire nord-américain », a lancé en soirée le président Nicolas Maduro lors d’une cérémonie télévisée avec des paysans dans l’Etat d’Aragua (centre-nord).
« Che Guevara disait, il s’ouvrira 1, 2, 3 Vietnam. Si le Venezuela est agressé, il s’ouvrira 1, 2, 3 Boyaca, Ayacucho, Junin et Carabobo (noms de batailles de l’indépendance NDLR). Et nous maintiendrons cette grande patrie, rebelle, en résistance prolongée et libre, toujours libre », a-t-il poursuivi.
Maduro, qui cherche à mobiliser les populations civiles depuis le début de la crise avec Washington, avait annoncé jeudi le déploiement des « casernes, la Force armée bolivarienne » pour « enseigner à tous […] ce qu’est la manipulation d’armes ».
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L’armée a envoyé samedi des formateurs dans plusieurs villes, notamment à Petaré, immense quartier populaire de Caracas, où des habitants ont appris les rudiments du maniement d’armes et la « méthode tactique de résistance révolutionnaire » (MTRR). Luzbi Monterola, 38 ans, fonctionnaire, habitante de Argelia Laya, une commune de Petaré, fait partie des volontaires : « Je viens apprendre ce que je dois savoir pour pouvoir défendre ce qui m’importe vraiment : ma patrie ».
Le 13 septembre, des milliers de Vénézuéliens avaient répondu à l’invitation à se rendre dans les casernes. Samedi, la mobilisation populaire semblait moins importante, avec peu de lieux de formation. Vingt-cinq blindés ont par ailleurs défilé dans Caracas.
• Trump menace le Venezuela de conséquences « incalculables »
Aux Etats-Unis, le président Donald Trump s’est à nouveau montré menaçant : « Nous voulons que le Venezuela accepte immédiatement tous les prisonniers et internés d’hôpitaux psychiatriques […] que les dirigeants vénézuéliens ont poussé de force vers les Etats-Unis », a-t-il écrit samedi sur son réseau Truth Social.
Il a ajouté, en lettres capitales : « Faites-les dégager de notre pays immédiatement, sinon le prix que vous paierez sera incalculable ».
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Le rapatriement de migrants vers le Venezuela est toutefois un des rares secteurs où les canaux de discussions entre les deux pays restent ouverts, a souligné une source diplomatique à l’AFP. Vendredi, un avion américain a ramené 185 migrants à Caracas. Cela porte à plus de 13 000 le nombre de Vénézuéliens rapatriés depuis l’accession de Donald Trump au pouvoir en début d’année.
• La chaîne YouTube de Maduro fermée
La chaîne YouTube du président vénézuélien Nicolas Maduro, l’un des canaux de diffusion de ses interventions, a disparu de la plateforme, a constaté samedi l’AFP. « Cette page n’est pas disponible. Nous sommes désolés pour le désagrément » : tel est le message qui apparaît lors de la recherche du compte du président vénézuélien, qui comptait 233 000 abonnés.
La quasi-totalité des interventions de Nicolas Maduro sont diffusées sur YouTube, ainsi que sur d’autres canaux comme Telegram ou la télévision publique. Le gouvernement n’a fait aucun commentaire officiel mais, selon la chaîne officielle Telesur, la chaîne YouTube a été « fermée » vendredi après-midi. « Sans aucune justification, la chaîne YouTube a été fermée, en plein déploiement des opérations de guerre hybride des États-Unis contre le Venezuela », écrit Telesur sur son site web.
« Bien que le caractère politique de la fermeture du compte n’ait pas été confirmé, il ne peut pas non plus être exclu », a ajouté le média dans un autre message.