Devant les assises, l’audience se poursuit après l’assassinat du 10 août 2020. Une des victimes s’est exprimée pour dédouaner les accusés. Un grand moment de vérité.
En septembre 2014, les proches de la famille “H” comparaissaient devant la cour d’assises Ils étaient accusés, et finalement condamnés, pour avoir tiré à l’arme lourde sur deux voitures au petit matin de mars 2019, aux Izards à Toulouse. Cet épisode n’a tué personne. Un miracle. À l’époque une victime prise pour cible a affirmé devant les jurés : “Je ne me connais pas d’ennemie !”
Ce mercredi, Yanis, 28 ans, parle depuis la prison de Villeneuve-lès-Maguelone où il est incarcéré. “Mis en examen pour des meurtres en bande organisée. Je bénéficie de la présomption d’innocence”, s’empresse d’ajouter cet “enfant” des Izards.
Le soir du 10 août 2020, devant la Poste, il a été pris pour cible, avec d’autres. Un mort deux blessés. Lui a été touché par deux balles dans la jambe. Il portait un tee-shirt Lacoste et un bob Gucci. “Dans les cités, c’est courant”, prévient-il.
“Si c’étaient eux, je le dirais”
Ces détails vestimentaires ne manquent pas de sel. Parce que dans un téléphone retrouvé dans la voiture utilisée par les tueurs, des messages concernant justement “Yaya”, l’homme au tee-shirt au crocodile au bob ont été retrouvés. “Ce n’est pas mon surnom”, se défend la victime.
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On n’est pas obligé de la croire mais il s’est bien fait tirer dessus. “Suis la victime, Madame la présidente. Pas l’accusé”, glisse-t-il. La présidente Valérie Noël, imperturbable, poursuit ses questions. Les réponses restent remarquablement évasives.
“Vous étiez chouf”, demande la présidente. “Non, je ne suis pas mouillé dans le trafic de stupéfiants”, affirme le témoin cité et récité au détour des pièces du dossier. Son avocat, Me Pierre Le Bonjour, présent à ses côtés à la prison de la région Montpellier, ajoute deux trois questions précises pour l’écarter des mauvaises habitudes du quartier. On peut sourire.
L’avocate générale Léa Bergereau n’obtient pas davantage malgré des pions avancés avec précision. “L’homme tué début septembre se trouvait sans doute dans la Renault Mégane utilisée pour les coups de feu du 10 août”, note-t-elle. Le témoin s’étonne, affirme ne pas connaître ce garçon, probable victime d’un match retour début septembre.
Les accusés vont bien, se disent toujours innocents. Une de leurs avocates, Me Pauline Godet invite la rumeur dans les débats et pose une question. La réponse de Yanis fuse : “Oh j’ai en en effet entendu 1 000 et une rumeurs sur cette histoire. Vous savez, dans les quartiers, ça va vite…” Et non, les accusés ne sont pas impliqués. “Si c’étaient eux, je le dirais. Promis.”
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