Les riverains des vignes sont plus imprégnés que les autres Français, conclut une étude nationale inédite, dévoilée lundi par deux agences sanitaires, sans déterminer à ce stade les impacts potentiels sur la santé.
Les habitants vivant près des vignes sont plus exposés aux pesticides que le reste de la population, selon l’étude nationale PestiRiv dévoilée ce lundi 15 septembre par Santé publique France et l’Anses.
À lire aussi :
CARTE. Pesticides : perturbateurs endocriniens, glyphosate… dans quels départements français en achète-t-on le plus ?
Menée en 2021-2022 auprès de près de 2 700 adultes et enfants, l’étude a mesuré 56 substances dans les urines, les cheveux, l’air extérieur, les poussières domestiques et même dans des potagers, sur 265 sites répartis dans six grandes régions viticoles françaises (Grand Ouest, Bourgogne Franche-Comté, Auvergne Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Occitanie, Nouvelle-Aquitaine). Résultat : des niveaux d’imprégnation plus élevés autour des vignes, culture retenue pour sa forte consommation de produits phytosanitaires et sa proximité des habitations.
À lire aussi :
ENTRETIEN. Pesticides : “Les riverains des champs n’ont rien du tout ! Vous n’allez pas empêcher les enfants de jouer dans le jardin”
Dans ces zones, les niveaux retrouvés sont parfois spectaculaires : “45 % de plus dans les urines”, “plus de 1 000 % dans les poussières”, jusqu’à douze fois” plus dans l’air ambiant, détaille Clémence Fillol, de Santé publique France. Lors des périodes de traitement, la contamination pouvait encore grimper, “jusqu’à 60 % dans les urines”, “plus de 700 % dans les poussières et jusqu’à 45 fois dans l’air ambiant”, précise-t-elle.
Aucune conclusion sur les risques sanitaires
Deux facteurs expliquent cette exposition : la quantité de pesticides épandue et la distance avec les vignes. Toutefois, cette photographie n’évalue pas les effets de ces expositions sur la santé.
À lire aussi :
REPORTAGE. Pesticides : dans les vignes comme dans les champs de blé, ils ont choisi de « traiter… mais le moins possible »
“Nous ne disposons pas aujourd’hui de lien entre les niveaux d’imprégnation retrouvés et des éléments cliniques en santé humaine”, comme certaines pathologies, notamment des cancers, a résumé Benoît Vallet, directeur général de l’Anses. D’autant que d’autres expositions environnementales (métaux lourds, particules fines, etc) peuvent influer.
Ces conclusions confirment les inquiétudes des ONG. ” Plus on est près, plus on est exposé”, a commenté à l’AFP François Veillerette, porte-parole de l’ONG Générations futures. “Tout cela nous rend chagrin car on voit le peu d’empressement (de l’État) à relancer le plan Ecophyto, quasiment à l’arrêt depuis le gouvernement Attal (et la colère agricole, ndlr)”.
Le monde viticole, de son côté, se veut rassurant. Bernard Farges, président du Comité national des interprofessions des vins (CNIV), rappelle que la viticulture est “la filière agricole la plus avancée” dans la réduction des intrants, grâce au bio et aux alternatives aux molécules de synthèse. “Nous ne réussirons pas seuls”, tempère néanmoins Thiébault Huber, président de la Confédération des appellations et vignerons de Bourgogne, qui appelle l’État et les fabricants à faire évoluer les procédures d’homologation et les produits eux-mêmes.