Le grand projet de rapprochement des activités satellites de deux géants européens du spatial pourrait aboutir d’ici la fin de l’année 2025. Une lettre d’intention pourrait être prochainement signée avant de soumettre le projet à la Commission européenne.
Le bébé est long à accoucher mais les parents font tout ce qu’ils peuvent. Airbus et Thales se sont engagés ces derniers mois dans des discussions sérieuses, parfois tendues sur le projet de rapprochement de leurs activités satellites respectives. Voilà plus d’un an que les deux acteurs du spatial européen manœuvrent pour imaginer un futur géant européen du secteur. En février dernier, les deux entreprises avaient choisi leur banque d’affaires pour être accompagnées dans ce projet de méga fusion.
Une lettre d’intention d’ici fin septembre
Selon des sources proches du dossier, le projet de mariage baptisé “Bromo” entre désormais dans une phase décisive. Si les discussions avaient achoppé cet été sur des questions de gouvernance, Airbus et Thales Alenia Space (contrôlé à 66 % par Thales) pourraient signer une lettre d’intention formelle d’ici la fin du mois de septembre. Elle donnerait une base concrète et solide pour aborder la dernière phase des négociations.
Une réunion de haut niveau avec la possible participation de Michael Schoellhorn, directeur général d’Airbus Defence and Space, doit d’ailleurs avoir lieu cette semaine. “C’est le money time car chacun va avancer la valeur des actifs qu’ils apportent” confie une source du secteur spatial à Toulouse. Et de cette valorisation sera déterminé un poids dans le futur actionnariat et donc dans la future gouvernance.
Un poids lourd d’une valeur de dix milliards d’euros
Marier ces deux acteurs ferait naître une entreprise de six milliards d’euros de chiffre d’affaires que les marchés financiers valoriseraient environ dix milliards d’euros. “Je pense que la signature [NDLR : définitive] pourrait avoir lieu en 2025” a confié Michael Schoellhorn à la presse italienne le week-end du 13 septembre. Fidèle à lui-même le groupe Thales s’est borné à déclarer qu’ “aucun accord n’a été trouvé” pour l’instant.
Présenté à Bruxelles en 2026
Après l’accord final qui pourrait intervenir d’ici fin décembre, le projet de création d’une société commune sera soumis aux autorités de la concurrence européenne qui étaient jusque-là peu enclines à donner leur feu vert par peur d’une trop forte concentration du secteur satellites en Europe. Mais après trois projets de fusion jamais aboutis dont le dernier en 2019 avant le covid, la donne a changé. Il faut aller vite. Le marché des satellites à orbite basse, plus léger, plus nombreux et moins chers que les gros satellites, spécialité d’Airbus et Thales, a explosé au profit surtout de nouveaux acteurs comme Space X d’Elon Musk.
Plus de 8 000 emplois directs à Toulouse
Pour sauver la filière européenne dans un contexte de concurrence acharnée, Bruxelles pourrait donner son feu vert dans le courant de l’année 2026. S’en suivrait alors la fusion opérationnelle avec des volets sensibles : ceux de l’emploi, du maintien (ou pas) des sites industriels dans les différents pays, des rapprochements d’équipes et de nominations de la gouvernance. Pour mémoire, à Toulouse, Airbus Space emploie près de 5 000 salariés alors que son cousin Thales Alenia Space en emploie 2 700 (+ 2 500 à Cannes).