Sur le site de l’accident du funiculaire à Lisbonne (Portugal), le 4 septembre 2025. HORACIO VILLALOBOS/GETTY IMAGES VIA AFP
Le déraillement d’un funiculaire à Lisbonne a fait 16 morts, dont au moins neuf étrangers, selon les éléments de l’enquête révélés jeudi 4 septembre par les autorités portugaises, qui ont promis de faire la lumière sur le drame survenu mercredi, sans avancer à ce stade d’hypothèse sur ses causes.
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D’après le témoignage d’une femme relayé par les médias locaux, l’un des deux wagons jaunes du célèbre ascenseur de Glória, qui montent et descendent ce dénivelé de 48 mètres alternativement, en système de contrepoids, a heurté brutalement la station d’arrêt habituelle au pied de la chaussée longue de 265 mètres. Cette femme et d’autres personnes ont alors aperçu l’autre véhicule dévaler la rue pentue à toute allure, avant de dérailler au niveau d’un léger virage et de se fracasser contre un immeuble mercredi vers 18 heures (19 heures à Paris). Voici ce que l’on sait ce vendredi 5 septembre.
• Une Franco-Canadienne décédée
Le dernier bilan a été établi à 16 morts et cinq blessés graves, selon le Premier ministre Luís Montenegro, qui a évoqué « une des plus grandes tragédies humaines » de l’histoire récente du Portugal, après avoir décrété une journée de deuil national.
Parmi les personnes mortes dans l’accident se trouve une ressortissante franco-canadienne, a annoncé ce vendredi le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot. « Nous avons la confirmation du décès d’une de nos compatriotes dans le tragique accident », a posté le ministre sur le réseau social X. « Nous adressons toutes nos pensées à sa famille et à ses proches. L’ambassade se tient à leur disposition pour les accompagner ».
Il s’agit d’une victime qui n’avait pas été identifiée jusqu’ici comme française. Dans un communiqué, le ministère souhaite par ailleurs un « prompt rétablissement » à l’autre Française blessée dans l’accident.
• Trois victimes pas encore identifiées
Parmi les personnes mortes dans l’accident, le parquet avait déjà identifié jeudi soir cinq Portugais, deux Sud-Coréens et un Suisse. La police judiciaire avait de son côté déclaré avoir mené des recherches permettant de conclure « avec un haut degré de probabilité » qu’il y avait aussi parmi ce groupe de victimes décédées deux Canadiens, un Américain, un Allemand et un Ukrainien.
Il restait donc encore à déterminer la nationalité de trois personnes décédées dans l’accident. L’Agence France-Presse n’est pour l’instant pas en mesure de dire si la victime franco-canadienne annoncée ce vendredi par Paris est l’une des deux victimes identifiées comme canadiennes par la police ou s’il s’agit d’une des trois personnes dont la nationalité était encore inconnue.
Certains médias locaux évoquaient la présence d’une famille de touristes allemands parmi les victimes, une hypothèse partiellement confirmée par la police. Selon cette dernière, un homme originaire de ce pays est mort dans l’accident, une Allemande a été grièvement blessée, comme un jeune enfant, plus légèrement touché, de la même nationalité, mais les enquêteurs n’ont pas confirmé un lien de parenté entre eux.
• Au moins 11 étrangers parmi les blessés
Parmi la vingtaine de blessés recensés, les secours avaient aussi dénombré au moins onze étrangers : deux Allemands, deux Espagnols, une Française, un Italien, un Suisse, un Canadien, un Sud-Coréen, un Marocain et un Cap-Verdien.
• Une éventuelle rupture de câble de sécurité
Jeudi, la rue du funiculaire était toujours fermée à ses deux extrémités. Pendant plusieurs heures, des enquêteurs équipés de gants bleus et de gilets fluorescents ont recueilli des indices en s’affairant autour de la carcasse du véhicule qui, en fin de journée, gisait encore là où elle s’est disloquée.
« Je peux garantir que la sécurité est une priorité absolue de la Carris [gestionnaire des transports de Lisbonne] depuis 152 ans et que nous serons intraitables dans la recherche des causes et des responsabilités de cet accident », a assuré lors d’une conférence de presse Pedro de Brito Boga, le patron de Carris.
Plusieurs médias ont rapidement évoqué l’éventuelle rupture d’un câble de sécurité, une hypothèse que le patron de Carris n’a pas confirmée, laissant le soin à l’enquête en cours de le déterminer.
Interrogé lui aussi à plusieurs reprises sur les possibles causes de l’accident, le directeur de la police judiciaire a affirmé qu’aucune piste n’était écartée pour le moment. « Rien n’est exclu. Nous ne pourrons prendre position que quand nous serons sûrs. A ce stade, il faut garder l’esprit ouvert, a déclaré Luís Neves. Face à l’avalanche de victimes, de faits et d’éléments à recueillir, avec l’implication de plusieurs structures de l’Etat, nous ne pouvons pas parler sur ce thème car cela n’aurait pas de consistance. »
Après cet « accident sans précédent », « la ville a besoin de réponses », a insisté le maire de Lisbonne, Carlos Moedas.
• Les autres funiculaires de la ville arrêtés
Par souci de prévention, la mairie a suspendu le fonctionnement des trois autres funiculaires de la ville, « pour vérification de leurs conditions de fonctionnement et de leur sécurité », a précisé Margarida Castro, responsable de la protection civile municipale de la capitale portugaise. Car la question de l’entretien du funiculaire, confié à un sous-traitant par Carris, est aussi sur toutes les lèvres.
« La maintenance de cet équipement […] est externalisée depuis au moins 2007. Actuellement, elle est effectuée dans le cadre d’un contrat conclu le 20 août, entré en vigueur le 31 août », a précisé Pedro de Brito Bogas. « Les inspections périodiques se sont déroulées sans aucune faille […]. Le plan de maintenance de cet équipement a été scrupuleusement respecté », a aussi insisté le patron du gestionnaire des transports lisboètes.