Des réfugiés au port du Pirée, à Athènes, le 20 juillet 2025, après avoir été secourus en mer Méditerranée. DIMITRIS ASPIOTIS/SHUTTERSTOCK/SIPA
Le Parlement grec a adopté ce mercredi 3 septembre une loi controversée prévoyant des « retours forcés » des demandeurs d’asile déboutés et criminalisant le séjour illégal dans le pays, passible désormais de peines de prison allant de deux à cinq ans.
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Malgré de nombreuses critiques de la part du Haut-Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés, du médiateur du citoyen grec, du syndicat des juges administratifs et de nombreuses ONG des droits humains, le projet a été voté par la majorité conservatrice au pouvoir de la Nouvelle Démocratie (ND), le parti nationaliste Niki et des députés indépendants d’extrême droite après un débat houleux entamé mardi au Parlement.
L’ensemble des partis d’opposition de gauche ont voté contre cette loi, selon le bureau de presse du Parlement. Les socialistes du Pasok ont qualifié la législation d’« illégale », « chaotique » et « inapplicable » et le KKE (communiste) de « raciste » et « honteuse ». Le texte prévoit « des retours forcés » pour des demandeurs d’asile déboutés au cas où ces derniers n’optent pas pour « le retour volontaire » dans leur pays. Le séjour illégal devient un délit et est passible d’au moins deux ans de prison allant jusqu’à cinq ans.
« Il doit savoir qu’il ne sera jamais régularisé dans notre pays »
« Les citoyens des pays tiers soumis à des décisions de retour seront placés en détention jusqu’à leur départ », a prévenu le ministre des Migrations, Thanos Plevris. Des peines d’au moins trois ans sont prévues pour les étrangers soumis à des décisions de retour qui reviennent en Grèce sans papiers.
Evoquant la récente politique de l’Union européenne qui encourage « les retours forcés », le ministre s’est félicité du fait que la Grèce soit « le premier pays à introduire une mesure extrêmement dissuasive » pour les sans-papiers et à « criminaliser de cette manière le séjour illégal ».
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« Désormais, l’immigrant illégal doit savoir qu’il sera placé en détention administrative et sous surveillance » et qu’il commet « une infraction pénale et qu’il ira en prison », a indiqué le ministre, connu pour ses positions antimigratoires en tant qu’ancien membre d’un parti d’extrême droite. « Il doit savoir qu’il ne sera jamais régularisé dans notre pays », a-t-il expliqué mardi lors d’un entretien à la télévision Mega.
La loi porte un nouveau tour de vis à la politique migratoire grecque et intervient deux mois après la suspension de l’examen des demandes d’asile pour une période de trois mois pour les étrangers venant des pays de l’Afrique du Nord. Cette mesure, également critiquée, avait été adoptée début juillet après l’arrivée des milliers de personnes en Crète, l’une des îles les plus touristiques du pays (sud).