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Le Nouvel Obs avec AFP
Un quartier détruit dans le nord de la ville de Gaza, le 6 février 2025. SAEED JARAS/MIDDLE EAST IMAGES VIA AFP
Le plan des Etats-Unis pour l’après-guerre à Gaza prévoit de déplacer toute la population du territoire palestinien, qui serait placé sous administration américaine pendant dix ans pour le transformer en un centre touristique et technologique, rapporte le « Washington Post » dimanche 31 août.
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Le document de 38 pages, consulté par le quotidien américain, envisage le déplacement « volontaire » des quelque 2 millions d’habitants de Gaza vers d’autres pays ou dans des zones sécurisées à l’intérieur du territoire dévasté par près de deux ans de guerre, le temps de sa reconstruction. Ceux qui accepteraient de partir recevraient 5 000 dollars (environ 4 300 euros) en cash ainsi qu’une aide couvrant quatre ans de loyer et un an de nourriture, selon ce plan.
Les propriétaires terriens se verraient quant à eux offrir des « jetons numériques », à utiliser pour financer une nouvelle vie ailleurs ou à échanger contre un appartement dans l’une des six à huit nouvelles « villes intelligentes et alimentées par l’IA » devant être construites à Gaza. Des usines de voitures électriques, des centres de données ou des hôtels y seraient financés par des investissements publics et privés.
« Entité palestinienne réformée et déradicalisée »
Le territoire palestinien serait placé le temps de la reconstruction sous l’administration d’une entité baptisée Gaza Reconstitution, Economic Acceleration and Transformation Trust, ou GREAT Trust. Le plan prévoit que cet organisme gouverne pendant dix ans avant de laisser la place à une « entité palestinienne réformée et déradicalisée ».
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Il a été élaboré, selon le « Washington Post », par certains des Israéliens à l’origine de la Fondation humanitaire pour Gaza (Gaza Humanitarian Foundation, GHF), une organisation privée soutenue par Israël et les Etats-Unis, créée pour distribuer l’aide alimentaire et au centre de nombreuses critiques. Sollicité par l’Agence France-Presse (AFP), le département d’Etat américain n’a pas répondu dans l’immédiat.
Donald Trump avait lancé en février l’idée d’une prise de contrôle de la bande de Gaza par les Etats-Unis pour en faire la « Riviera du Moyen-Orient », une fois vidée de ses habitants qui pourraient selon lui être déplacés vers l’Egypte et la Jordanie. Salué par l’extrême droite israélienne, ce plan a été rejeté par les pays arabes et la plupart des pays occidentaux, l’ONU mettant de son côté en garde contre un « nettoyage ethnique » à Gaza.
La guerre à Gaza a été déclenchée par l’attaque du Hamas en Israël du 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1 219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles. La campagne de représailles d’Israël a fait au moins 63 459 morts à Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas, dont les chiffres sont jugés fiables par l’ONU.