Malgré la crise que traverse le monde de l’hippisme et notamment le PMU, le tableau n’est pas complètement noir selon Manuel Demnard. Le président de l’hippodrome de la Cépière à Toulouse appelle à l’optimisme.
Quel regard portez-vous sur la situation secteur hippique en France ?
Le monde des courses se finance grâce aux jeux du PMU. Pendant des années, il a été l’institution des jeux en France et avait quasiment un monopole. Mais depuis une quinzaine d’années, tout a changé avec l’arrivée des jeux à gratter et puis l’ouverture considérable sur l’offre de paris avec la possibilité de jouer sur tous les sports.
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Cette concurrence s’est ressentie en 2024 et 2025 avec une baisse de chiffre d’affaires importante… L’univers des courses passe une période compliquée mais dispose d’atouts pour rebondir. Car dans ce monde, il y a 2 500 entraîneurs, 2 500 jockeys, 13 000 propriétaires de 28 000 chevaux et 233 hippodromes… Ce secteur économique à part entière a encore énormément de potentiel et doit être soutenu.
Pourquoi a-t-on assisté à cette perte de vitesse malgré ces atouts ?
Le secteur s’est peut-être un peu endormi à cause de cette place de leader historique. Pendant des années, tout tournait tout seul mais maintenant, il faut se remonter les manches et inverser la tendance.
Comment faire à votre échelle ?
Il y a de bons indicateurs. D’abord, les hippodromes, depuis un an, connaissent une hausse sensible de leur fréquentation. Nous avions délaissé l’accueil du public au profit de la qualité des infrastructures et des services dédiés aux professionnels. Il a fallu trouver un équilibre. Nous avons donc investi 500 000 euros en ce sens avec une volonté d’accueillir le plus grand nombre et en offrant une meilleure expérience pour les parieurs. L’hippodrome doit redevenir un des grands rendez-vous du sport à Toulouse au même titre que les matchs du Stade Toulousain ou du TFC.
Ces investissements ont-ils déjà abouti des résultats ?
Le public revient et recommence à découvrir le monde des courses. À Toulouse, nous sommes passés de 14 000 visiteurs en 2023 à 17 000 en 2024 et nous tablons sur le fait de largement dépasser les 25 000 cette année. Et quand je vois que cet été, tous les hippodromes de bord de mer étaient pleins, je me dis qu’on est en train de le faire. Rien n’est gagné mais on se dit qu’on va dans la bonne voie.
Dans ce contexte, de quel œil voyez-vous le Pacte PMU 2030, qui doit venir en aide au secteur ?
Il fallait réagir. Cela s’est fait peut-être un peu tardivement, mais ça se fait. Et ce qui est extrêmement positif, c’est qu’il y a une prise de conscience. Le problème est général et les deux sociétés mères (Trop et Galop) doivent mieux travailler ensemble. C’est un des objectifs primordiaux de ce plan.
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Pensez-vous qu’Eric Woerth soit la bonne personne pour atteindre ces objectifs ?
C’est une personne qui connaît très bien notre environnement et qui pourrait être utile dans ses réflexions. Je pense que c’est le bon interlocuteur. Il a été maire de Chantilly, qui est une place de l’hippisme en France avec ses centres d’entraînement importants.
En 2024, une hausse des taxes sur les paris hippiques a été abandonnée. Est-ce une crainte de revoir cette mesure proposée dans les mois ou années à venir ?
Déjà que le contexte compliqué. Est-ce qu’il faut encore déséquilibrer un secteur fragile ? Mais abandonnant la mesure, le gouvernement a pris conscience que notre secteur ne peut pas nous comparer avec les jeux à gratter ou le loto. Derrière les paris hippiques, il y a des éleveurs, des entraîneurs, des jockeys, des hippodromes… Cela représente 40 000 personnes. Et c’est aussi un moyen de soutenir l’élevage français car je rappelle que nous dépendons du ministère de l’Agriculture. Et ce modèle ne vit que grâce au PMU. Quant à savoir si le gouvernement reviendra à la charge, je pense que la raison primera.