« Jamais un cheval à moins de 10 contre 1 ! C’est une règle chez moi ! Mais si les cotes minables vous intéressent, personne ne vous empêche d’acheter une boule de verre, du marc de café, une pendule, ou pourquoi pas, un billet de loterie ! » Une des répliques cultes du « Gentleman d’Epsom », œuvre majeure de Gilles Grangier dialogué par Audiard et servi par Gabin (Richard Briand-Charmery, dit « le Commandant ») Louis de Funès (restaurateur mais surtout turfiste), et même Jean Lefebvre parfait dans le rôle de « Charly », garçon de courses. Le film est sorti en 1962, en plein âge d’or du PMU créé en 1930, basé d’abord sur des paris simples, avant d’évoluer, le premier tiercé a été couru à Enghien-les-Bains le 22 janvier 1954.
Des décennies durant, la fameuse pince à encocher et les ingénieux bordereaux carbonés, validés à la main, vont animer les cafés du dimanche matin (aujourd’hui, on parie tous les jours). L’informatisation ne s’imposera qu’en… 1987. Depuis deux ans déjà, le Loto Sportif a fait son apparition, remplacé en 1997 par le Loto Foot avant la révolution des paris en ligne.En 2010, l’Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel remplacée depuis par l’ANJ) voit le jour après la loi relative à l’ouverture à la concurrence sur le territoire français, verrouillé jusque-là par le monopole de la Française des Jeux et du PMU.
Ce vaste espace de liberté (qui peut vite « emprisonner » ceux qui ne savent pas maîtriser leurs envies de richesse…), la multiplication des offres et le « poids » des gains envisageables, il ne faut pas aller chercher beaucoup plus loin la baisse d’intérêt des recettes « traditionnelles » sur les courses de chevaux. Une baisse relative puisqu’on restait l’année dernière sur plus de 9 milliards de mises…
Malgré les alertes et les nuages qui « pimentent » fortement les rapports entre les deux entités historiques, « France Galop » et la « Société d’Encrouragement du trotteur français », « Brunoise » et ses frères et sœurs ne vont pas déserter les hippodromes du jour au lendemain. L’État, très intéressé évidemment, a décidé de se pencher sur un secteur qui concerne directement 40 000 emplois en France avec son plan « Pacte PMU 2030 ».
La concurrence ne va pas ralentir, les opérateurs de jeux en ligne qui plaidaient depuis plusieurs années pour l’autorisation d’exploiter des casinos sont sur le point d’aboutir. Avec Chypre, la France était le seul pays de l’Union européenne à les interdire encore et le pays ne peut échapper à l’inévitable « mise en cohérence », avec les autres membres. Légaux ou illégaux (au début du XXe siècle, on jouait déjà sur l’Olympique de Marseille, le Cercle Athlétique de Paris ou… l’Union Sportive de Cazères !) les paris ont toujours fasciné. L’appât du gain bien sûr, mais pas seulement. Le plaisir et le rêve n’ont heureusement pas besoin de quinté ou jackpot pour exister.
Le facteur cheval
