Héros de la guerre 14-18, vainqueur de l’Atlantique en 1930, homme riche et influent, Dieudonné Costes a eu plusieurs fois des démêlés avec la justice.
Un trait revient sans cesse dans la vie trépidante et passionnante de Dieudonné Costes (1892-1973) : son côté résolument « bad boy ». Rien ne prédisposait ce fils de la petite bourgeoisie provinciale (ses parents sont à la tête d’une petite fabrique de chapeaux de paille) à devenir une célébrité internationale, doublée d’un homme d’affaires prospère, à l’ego énorme, aux humeurs redoutées et aux fâcheries définitives, avec parfois ses plus proches compagnons. Parti de Septfonds, lycéen à Toulouse, étudiant très bref, il est surtout passionné de mécanique et d’aviation. En 1912, il obtient son brevet civil de pilotage, achète un Blériot XI et gagne sa vie en meetings aériens. Juste avant la guerre de 14, il s’engage dans l’armée et vise l’aéronautique militaire. La guerre éclate, il la commence comme simple passager ou mitrailleur, et se retrouve même à l’arrière du front comme moniteur de vol.
Chasseur de canards depuis… son avion
Pour tromper l’ennui, il chasse le canard en survolant à basse altitude les étangs de Beauce. D’où quelques jours d’arrêt de rigueur. Et le jour où on l’envoie enfin au front, c’est pour y faire des acrobaties qui ne sont pas du goût de ses supérieurs. Costes est en quelque sorte exfiltré à l’armée d’Orient, du côté de Salonique où il arrive en 1916. Il reprend ses chasses au canard, mais son avion finit par s’écraser dans un étang boueux. Là, c’est trop, l’armée le mute à titre disciplinaire dans un régiment de zouaves. La punition passée, il reprend sa place dans une escadrille et va se révéler excellent chasseur, comptant six victoires homologuées (avions ennemis abattus) à la fin des hostilités.
À lire aussi :
95 ans après, on redécolle pour New-York avec Costes et Bellonte
Rendu à la vie civile, il trouve un poste chez Latécoère et effectue des liaisons aériennes entre Toulouse et le Maroc. Costes en est renvoyé quand on découvre qu’il convoyait aussi de la cocaïne ! En 1925, il entre chez l’avionneur Breguet comme pilote d’atelier. C’est là qu’il va se lancer dans des tentatives de records, dont un record mondial de distance en 1926 (5 396 km) et la première traversée de l’Atlantique sud le 15 octobre 1927. Son « Point d’interrogation » sera financé avec les capitaux de François Coty, parfumeur et patron de presse nationaliste.
Arrêté en 1947
Son exploit de 1930 le rend riche et le lie durablement à la firme Hispano Suiza. Il investit dans la station de ski du Mont-Dore, en Auvergne.
La guerre de 40 jette une ombre sur sa biographie. Il se voit en agent double, intoxicant les services secrets allemands avec de faux documents.
À lire aussi :
HISTOIRE. Le Tarn-et-Garonne dans la Résistance : la légende de l’aviation, le Reich et le FBI… Les vies parallèles de Dieudonné Costes
Mais en 1947, il est arrêté et inculpé en France. Il sera défendu par Me Isorni, l’avocat de Philippe Pétain et bénéficie d’un non-lieu qui n’efface pas le soupçon. Il est mort dans son lit en 1973, malade, affaibli et ruiné.