Le président finlandais Alexander Stubb et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky à Kiev, en Ukraine, le 3 avril 2024. VADIM GHIRDA/AP/SIPA
Son nom et son visage sont inconnus du grand public, et pourtant… A Washington ce lundi 18 août, il y aura les dirigeants américain, ukrainien, allemand, français, britannique, italien… et finlandais. Entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump, la présence du président nordique Alexander Stubb aux discussions inédites sur la résolution de la guerre en Ukraine pourrait paraître étonnante : l’économie finlandaise ne représente que 1,6 % du PIB européen, sa population est largement plus faible que l’agglomération parisienne et ses dépenses militaires sont environ dix fois moins importantes que celles de la France, selon les chiffres de l’OTAN et de l’Union européenne. Reste qu’Alexander Stubb, à la tête du pays, sera bien présent ce lundi avec la délégation restreinte dans la capitale américaine.
« Nous poursuivrons nos efforts conjoints avec l’Ukraine, nos collègues européens et les Etats-Unis [lundi] à Washington » pour « continuer à soutenir l’Ukraine », a ainsi écrit le président finlandais Alexander Stubb sur X la veille de la rencontre.
Mais pourquoi Alexander Stubb est-il présent ? Loin du poids économique, démographique ou militaire de la Finlande, la raison de sa venue est que l’avenir de la guerre en Ukraine représente un enjeu « existentiel » pour le pays, comme il l’avait lui-même déclaré en janvier 2024, dans des propos rapportés par le journal britannique « The Guardian ». Alors en campagne pour la présidentielle, le chef d’Etat avait même justifié sa candidature par l’invasion russe : « Je n’avais pas l’intention de revenir en politique, et certainement pas en politique nationale… Mais l’attaque de Poutine contre l’Ukraine a changé la donne. »
Une très longue frontière avec la Russie
La Finlande est en effet un très proche voisin de la Russie, et l’issue de la guerre en Ukraine concerne directement sa sécurité intérieure. Quelques heures de voiture suffisent à rallier la capitale Helsinki à Saint-Pétersbourg et la frontière entre les deux pays s’étend sur plus de 1 300 km ; une zone de contact fermée aux échanges depuis décembre 2023 et barricadée d’ici 2026 par une clôture de 3 mètres de haut le long des 200 km les plus sensibles du tracé.
Cette frontière est même la plus longue zone de contact entre la Russie et l’Otan, depuis que la Finlande a rompu sa politique de neutralité vis-à-vis de son voisin de l’Est et a adhéré à l’Alliance atlantique au lendemain de l’invasion en Ukraine.
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Le long de ce tracé, la Russie représente une menace pour la Finlande. En mai dernier, le quotidien américain « The New York Times » avait révélé, grâce à des images satellites, que de nouvelles infrastructures militaires étaient justement en cours de construction le long de la zone de contact, prédisant qu’elle serait un lieu de tension dans les années à venir. La Finlande regarde de « très près » ces mouvements militaires de Moscou et doit se « préparer au pire », avait alors réagi Sami Nurmi, à la tête de la stratégie des forces de défense finlandaises.
Un hobby commun avec Trump, le golf
Alexander Stubb pourrait, de plus, aider les discussions à Washington. Son atout ? Sa passion pour le golf qu’il partage avec Donald Trump. Un passe-temps déjà consommé : le duo a gagné ensemble le tournoi masculin du Trump International Golf Club, le 29 mars dernier à Mar-a-Lago, en Floride. L’occasion pour le président finlandais, 57 ans, de discuter « des questions actuelles de politique étrangère, notamment l’Ukraine », comme il l’avait écrit sur son compte X, accompagné d’une photo des deux hommes, tout sourire en polos blancs.
Le président finlandais a même été qualifié de « pont entre l’Europe et Trump » par le sénateur américain Lindsey Graham dans « The Wall Street Journal ». Alexander Stubb « envoie des SMS, obtient des informations sur ce qu’il se passe et donne des conseils » à Donald Trump, avait continué l’élu dans le quotidien économique américain.
Autre exemple : Volodymyr Zelensky a même particulièrement remercié le président finlandais pour l’avoir aidé à « construire un lien avec le président américain ». Des mots prononcés en juillet dernier, lors du 50ᵉ anniversaire de l’Acte final d’Helsinki, symbole du rôle diplomatique de la Finlande entre l’Est et l’Ouest. En 1975, les deux blocs avaient signé cet accord historique dans la capitale nordique pour conduire à la création de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) et garantir l’inviolabilité des frontières. Des idéaux bafoués entre-temps par l’invasion russe en Ukraine.