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Le Nouvel Obs avec AFP
Donald Trump lors d’une conférence de presse conjointe avec le président russe Vladimir Poutine à l’issue de leur rencontre à la base militaire Elmendorf-Richardson à Anchorage, en Alaska, aux Etats-Unis, le 16 août 2025. GAVRIIL GRIGOROV/SPUTNIK/SIPA
Une attaque tout en majuscules. Alors que les yeux sont rivés sur la rencontre Zelensky-Trump et les dirigeants européens, ce lundi 18 août au soir à Washington, le président américain a martelé quelques heures plus tôt vouloir « se débarrasser du vote par correspondance » pour contrer une supposée fraude électorale, l’une de ses principales idées fixes. Et ce, alors que Vladimir Poutine lui aurait exprimé son soutien sur ce sujet lors de leur rencontre en Alaska, vendredi.
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Le milliardaire républicain a annoncé qu’il signerait un décret pour « aider à apporter de l’honnêteté dans les élections de mi-mandat », en novembre 2026, sans pour autant donner de précisions sur le contenu du texte.
« Je vais mener un mouvement pour se débarrasser du vote par correspondance, et pendant qu’on y est, aussi des machines électorales, “imprécises”, très onéreuses, et fortement controversées, qui coûtent dix fois plus que le papier à filigrane, précis et sophistiqué, qui est plus rapide et qui ne laisse aucun doute à la fin de la soirée sur qui a gagné et qui a perdu l’élection », a déclaré le président américain dans une longue publication sur sa plateforme Truth Social.
Donald Trump n’a jamais reconnu sa défaite à la présidentielle de 2020 face à Joe Biden et a dénoncé sans fondement des fraudes électorales massives, notamment dans le vote par correspondance, une méthode pourtant largement utilisée aux Etats-Unis.
L’ombre de Poutine
Dans son post sur Truth Social, Donald Trump prédit que sa volonté d’abolir le vote par correspondance serait contestée par les démocrates car, selon lui, ils « trichent à des niveaux jamais vus auparavant ».
Dans une interview donnée vendredi après sa rencontre en Alaska avec Vladimir Poutine, le républicain de 79 ans avait en outre affirmé que le dirigeant russe lui avait dit être du même avis que lui sur le vote par correspondance.
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« Vous savez, Vladimir Poutine m’a dit un truc, l’une des choses les plus intéressantes », a déclaré Donald Trump au présentateur Sean Hannity de Fox News.
« Il m’a dit : “Votre élection a été truquée à cause du vote par correspondance” », a affirmé le président américain. « Il m’a dit : “Aucun pays n’a le vote par correspondance. C’est impossible d’avoir du vote par correspondance et des élections honnêtes” », a-t-il ajouté.
Lundi, alors qu’il doit recevoir à la Maison-Blanche le président ukrainien Volodymyr Zelensky et une flopée de dirigeants européens pour discuter d’une issue à la guerre en Ukraine, le républicain a repris ces allégations à son compte. « Nous sommes désormais le seul pays au monde qui utilise le vote par correspondance. Tous les autres l’ont abandonné à cause des fraudes électorales massives rencontrées », a-t-il écrit.
Une affirmation fausse puisque de nombreux pays, notamment européens, utilisent le vote par correspondance pour tous types d’élections.
Abus des prérogatives présidentielles
Le républicain avait déjà signé fin mars un décret visant à restreindre le vote par correspondance et à imposer aux Etats américains des contrôles renforcés sur les listes électorales.
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Aux Etats-Unis, l’organisation des élections est de la prérogative des Etats, tandis que le Congrès met en place un certain cadre. Mais Donald Trump remet en question cette idée et selon lui, l’autorité de l’Etat fédéral prime sur celle des Etats.
« Pour rappel, les Etats sont simplement un “agent” pour l’Etat fédéral dans le décompte et le calcul des voix. Ils doivent faire ce que l’Etat fédéral, représenté par le président des Etats-Unis, leur dit de faire, pour le bien de notre pays », a-t-il soutenu lundi.
Des experts avaient estimé que le décret de mars représentait un abus des prérogatives présidentielles. Le professeur de droit électoral Rick Hasen, de l’université de Californie à Los Angeles, l’avait ainsi qualifié de « coup de force de l’exécutif » et des associations avaient annoncé le contester en justice.