Le Lotois Emmanuel Tecles a le verbe facile et la passion à fleur de peau quand il nous immerge avec lui dans son univers si singulier : l’Urbex, la photographie de lieux abandonnés, en ruine ou dans un état de délabrement très avancé. Un délabrement que ce photographe a le don et le talent de rendre beau. Il vient de franchir la frontière croate dans un tour d’Europe de 9 000 km. On le rejoint en Italie.
L’univers baroque fascine le Cadurcien Emmanuel Tecles. Ce spécialiste hors normes de l’Urbex en France vit désormais en région toulousaine. Il est considéré comme un maître en la matière tant il parvient à donner une valeur artistique à ce qui lui apparaît insolite. Il le dit d’ailleurs lui-même : “L’insolite doit devenir artistique. Une ruine peut être belle.”

Ses éclairages, ses angles de vue, les modèles qu’il y ajoute pour redonner vie au lieu et le réhumaniser parfois, font de chacune de ses photos des réalisations uniques. Ses clichés recèlent en eux tout le poids d’une époque, une histoire fragile, qui plie mais ne rompt pas, comme pour laisser le temps à ce photographe de rendre l’endroit encore plus beau.
Des vues imprenables sur un présent imprévisible qui baigne dans le passé
“Je prends du plaisir à photographier à nouveau les lieux où je me suis déjà rendu, car j’aime voir comment l’endroit a évolué. Et si jamais la ruine qu’il était devenu n’existe plus du tout, je me dis que les photos prises quelques mois ou années en arrière sont des témoins privilégiés de ce lieu” considère le photographe.

Il a réalisé des vues imprenables sur un présent imprévisible ancré dans un passé qu’il prend plaisir à glorifier et immortaliser. Ce qui n’attirerait peut-être pas toujours le regard du commun des mortels, captive le sien. “Les origines de l’Urbex, c’est d’abord un regard sur l’histoire d’un lieu, une envie irrésistible de le photographier, de l’éclairer ou de le rendre encore plus mystérieux” déclare-t-il.
9 000 km à travers l’Europe, cet été, pour photographier l’insolite
Emmanuel Tecles va même beaucoup plus loin dans sa réflexion et son intention. Lui veut absolument magnifier l’endroit qu’il immortalise dans son jus. Il continue à bourlinguer, inlassablement. Actuellement il parcourt l’Europe avec un ami et un inséparable compagnon de route : son appareil photo.

“Nous venons de passer la frontière croate. Nous sommes en Italie. On a fait l’Albanie, la Grèce, la Bulgarie puis nous sommes passés par la Serbie. Le but de ce voyage, où nous avons déjà parcouru 6 500 km, c’est aussi de faire beaucoup de repérages et d’images à l’aide de drones. À la fin de cette aventure, nous aurons roulé environ 9 000 km en Europe.”
Certes, Emmanuel affectionne l’urbex. “Mais à force de réaliser d’autres images dans des lieux que je trouve fantastiques, comme des théâtres abandonnés ou ses usines désaffectées, des sculptures oubliées… je considère que c’est une autre dimension encore plus fascinante et insolite qui s’ouvre à moi” s’enthousiasme-t-il, jamais rassasié.

“Dans ma démarche, il y a de l’investigation, de l’exploration et enfin de la contemplation”
“Je fais des repérages par le biais d’articles, de cartes, puis en effectuant des recherches sur le web et sur place à l’aide du drone. Dans ma démarche, il y a de l’investigation, de l’exploration et enfin de la contemplation. Même dans le cas d’une ruine. Aller au bout du bout, c’est réaliser une image artistique rendant le lieu fantastique. Je vais au-delà de l’Urbex car, dans la continuité de mon travail, le fait de rajouter des modèles me permet de raconter une histoire dans ces lieux. En fait, j’y apporte ma touche très personnelle avec ma vision et ce que m’inspire le lieu.”

Un site web, des photos, des livres et deux expos à venir
Les photos d’Emmanuel Tecles sont visibles et disponibles sur commande sur son site web tekprod-photographies-urbex.com. L’artiste y présente ses collections et son actu littéraire également, puisque ses plus belles images sont immortalisées dans des ouvrages d’art.
“Je travaille sur des thématiques bien précises pour chaque livre. J’en prépare un nouveau de 220 pages, un vrai beau livre qui sortira dans un an.”
La recherche de salles d’expo, à Cahors par exemple où cela est très compliqué pour l’enfant du pays, est aussi sa quête pour montrer son travail et faire voyager le public. Ses photos seront visibles lors d’une expo-vente qui se tiendra à la Halle Piquot, à Léguevin (Haute-Garonne) du 11 au 30 septembre. Il y animera une conférence. Puis en novembre, Emmanuel exposera ses images au Salon d’art de Muret.
Le drone : le troisième œil d’Emmanuel
“Rechercher, explorer, s’extasier : voilà le sens de mon travail. À la fin, je veux revenir de mes voyages avec des clichés sauvant un peu le lieu, l’immortalisant et honorant sa mémoire. C’est mon idée directrice. L’utilisation du drone m’offre un autre œil qui permet d’optimiser ce travail” résume Emmanuel, en conclusion.
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Emmanuel Tecles recherche l’émerveillement. Celui qui s’offre soudain sous ses yeux et qu’il prend un immense plaisir à partager. Son Urbex à lui dépasse de très loin l’Urbex classique. Il ajoute du fantastique au réel, en utilisant la beauté naturelle qui lui saute aux yeux… et aux nôtres ensuite.