Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou à Jérusalem, le 27 juillet 2025. GIL COHEN-MAGEN / AFP
Le cabinet de sécurité israélien a approuvé dans la nuit de jeudi 7 août à vendredi 8 août un plan présenté par Benjamin Netanyahou pour « vaincre » le Hamas et « prendre le contrôle » de la ville de Gaza, dévastée par la guerre et en proie à une grave crise humanitaire. Après 22 mois de guerre, les 2,4 millions de Palestiniens qui habitent dans l’enclave sont en proie à une « famine généralisée », indique l’ONU. Les représailles israéliennes y ont déjà fait 61 258 morts, en majorité des civils et au moins 99 personnes sont mortes de faim. Du côté israélien, l’attaque du Hamas a entraîné la mort de 1 219 personnes.
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• Prise de contrôle de la ville de Gaza
Plus tôt, jeudi, le Premier ministre israélien avait annoncé sur Fox News qu’Israël avait « l’intention » de prendre le contrôle de l’enclave mais « pas [de] la gouverner » ou de la « garder ». « Nous voulons remettre [Gaza] aux forces arabes qui le gouverneront correctement sans nous menacer et en offrant une bonne vie aux habitants », a encore dit Benjamin Netanyahou.
Selon le plan validé dans la nuit, l’armée israélienne « se prépare à prendre le contrôle de la ville de Gaza tout en distribuant une aide humanitaire à la population civile en dehors des zones de combat », indique un communiqué des bureaux du Premier ministre.
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La presse israélienne annonçait depuis plusieurs jours un plan visant « à conquérir l’ensemble de la bande de Gaza, y compris la ville de Gaza et les camps de réfugiés » situés dans le centre du territoire. Selon les informations du « Monde », la guerre d’occupation va avoir lieu dans les zones « qui n’avaient pas été frappées puis conquises au sol avec la même intensité que le reste de l’enclave, soit un quart environ du territoire ». L’armée israélienne commencera ainsi par ordonner l’évacuation de la ville de Gaza puis « les camps de réfugiés au centre et les zones encore habitables au Sud », poursuit le quotidien.
• Cinq « principes » adoptés par le cabinet de sécurité
Le cabinet de sécurité israélien a adopté à la majorité « cinq principes pour conclure la guerre », indique le texte. Ces points sont : « Le désarmement du Hamas ; le retour de tous les otages – vivants et morts – ; la démilitarisation de la bande de Gaza ; le contrôle sécuritaire israélien dans la bande de Gaza ; l’établissement d’une administration civile alternative qui ne soit ni le Hamas ni l’Autorité palestinienne. »
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Actuellement, l’armée israélienne occupe ou opère au sol dans près de 75 % de la bande de Gaza, principalement depuis ses positions permanentes dans le territoire le long de la frontière. Elle bombarde partout où elle le juge nécessaire.
• Quelques oppositions en Israël
Le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a dénoncé vendredi matin sur X la décision du cabinet, la qualifiant de « catastrophe qui va entraîner beaucoup d’autres catastrophes ». Il a estimé que ce plan allait amener « la mort des otages, celle de nombreux soldats, coûter des dizaines de milliards aux contribuables israéliens et [provoquer] une faillite diplomatique ».
Cette vaste opération de plusieurs mois va, en effet, nécessiter une mobilisation massive de réservistes. Alors même que, les juifs orthodoxes ont appelé à la mobilisation contre l’obligation de la conscription militaire, à laquelle la plupart échappent pour le moment, et que l’Etat entend leur imposer. Plusieurs centaines d’entre eux ont manifesté jeudi à Jérusalem.
La presse s’est fait aussi l’écho des réserves du chef d’état-major, voire de son opposition à ce plan, l’intéressé s’est pour la première fois exprimé publiquement jeudi : « Nous continuerons d’exprimer notre position sans crainte, de manière pragmatique, indépendante et professionnelle », a commenté le lieutenant-général Eyal Zamir. Et de mettre en garde : « Nous ne limiterons plus notre réponse. Nous éliminerons les menaces à leur stade précoce ».
• Le Hamas promet « un coût élevé et douloureux » pour Israël
« Les plans de Netanyahou […] confirment sans l’ombre d’un doute son désir de se débarrasser des otages et de les sacrifier dans la poursuite de ses intérêts personnels et de son agenda idéologique extrémiste », a affirmé jeudi le Hamas, qui retient toujours 49 otages, dont 27 sont présumés morts.
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Dénonçant « un revirement flagrant du processus de négociation […] malgré la proximité d’un accord final », le mouvement islamiste assure que « toute escalade […] ne sera pas une promenade de santé et aura un coût élevé et douloureux » pour Israël.
Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), 86,3 % du territoire est militarisé par Israël et soumis à des ordres d’évacuation. Les zones non occupées sont aussi les plus peuplées : les villes de Khan Younès et Gaza, les camps de réfugiés de Deir-el-Balah, dans le centre du territoire.