Vladimir Poutine, à droite, et l’envoyé spécial de Donald Trump, Steve Witkoff, se saluent avant d’entamer des négociations, le 25 avril 2025, au Kremlin à Moscou (Russie). KRISTINA KORMILITSYNA/AP/SIPA
Steve Witkoff, l’émissaire de Donald Trump, est attendu en Russie en milieu de semaine – mercredi ou jeudi – à quelques jours de l’expiration de l’ultimatum posé par le président américain à son homologue russe Vladimir Poutine pour qu’il arrête la guerre en Ukraine.
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Cette visite pourrait permettre d’apaiser les rapports diplomatiques entre Washington et Moscou, qui ont récemment connu un pic de tensions. En effet, vendredi dernier, le président américain a déployé deux sous-marins nucléaires à la suite d’une dispute en ligne avec l’ancien président russe Dmitri Medvedev (2008-2012). Alors que le conflit en Ukraine ne cesse de s’enliser, plus de trois ans après l’invasion de l’armée russe, que faut-il attendre de cette visite de l’envoyé de Donald Trump – ancien magnat de l’immobilier qui s’auto-qualifie de « diplomate amateur » ? On fait le point.
• Quel accueil Moscou réserve-t-elle aux Etats-Unis ?
Ce lundi 4 août, le Kremlin a jugé la visite de Steve Witkoff comme « importante et utile », alors que Donald Trump a annoncé que les deux sous-marins américains se trouvaient « dans la région », sans préciser laquelle. Il n’a pas non plus indiqué s’il s’agissait de sous-marins à simple propulsion nucléaire ou bien de sous-marins équipés d’ogives nucléaires.
Face au déploiement de ces submersibles, le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a appelé « tout le monde (à) faire preuve d’une grande prudence dans ses déclarations sur le nucléaire ». Estimant que ces deux sous-marins étaient « déjà en service » en permanence, il a indiqué que Moscou ne souhaitait pas se « laisser entraîner dans une telle polémique ». Le chef de cabinet du président ukrainien Volodymyr Zelensky, Andriï Iermak, a lui estimé que « la Russie ne comprend qu’une chose : la force ».
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Steve Witkoff a déjà rencontré Vladimir Poutine à Moscou, à plusieurs reprises. Mais les efforts de Donald Trump pour rétablir le dialogue avec le Kremlin n’ont pas porté de fruits. « Nous sommes toujours heureux de voir Steve Witkoff à Moscou et toujours ravis d’être en contact avec lui. Nous pensons que ces contacts sont importants, constructifs et utiles », a malgré tout indiqué, ce lundi, Dmitri Peskov, ajoutant qu’une rencontre avec Vladimir Poutine n’était « pas exclue ».
• Quel message Steve Witkoff portera-t-il au Kremlin ?
La semaine dernière, Donald Trump a donné 10 jours à la Russie – soit jusqu’au vendredi 8 août – pour qu’elle mette fin à la guerre en Ukraine, sous peine de nouvelles sanctions non précisées.
Le président américain, qui avait entamé son deuxième mandat début 2025 en se targuant de pouvoir arrêter la guerre en Ukraine en quelques jours, exprime désormais de plus en plus ouvertement sa frustration à l’égard de Vladimir Poutine.
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Aux journalistes qui lui ont demandé quel sera le message de Steve Witkoff à Moscou et s’il y avait quelque chose que la Russie pouvait faire pour éviter les sanctions, Donald Trump a répondu : « Oui, conclure un accord pour que les gens cessent d’être tués. » Le président américain a menacé d’infliger des « droits de douane secondaires » aux pays qui continuent de faire commerce avec la Russie, tels que la Chine et l’Inde.
• Quelles sont les conditions de la Russie et de l’Ukraine pour signer un accord de paix ?
Vladimir Poutine, qui a toujours rejeté les appels au cessez-le-feu, a affirmé ce vendredi 1er août qu’il souhaitait la paix, mais que ses exigences pour mettre fin à son invasion lancée en février 2022 restaient inchangées. La Russie exige que l’Ukraine lui cède quatre régions partiellement occupées (Donetsk, Lougansk, Zaporijjia, Kherson), en plus de la Crimée annexée en 2014, et qu’elle renonce aux livraisons d’armes occidentales et à toute adhésion à l’OTAN.
Des conditions inacceptables pour Kiev, qui veut le retrait des troupes russes et des garanties de sécurité occidentales, dont la poursuite des livraisons d’armes et le déploiement d’un contingent européen. Volodymyr Zelensky s’est déclaré à plusieurs reprises prêt à rencontrer en personne son homologue russe pour essayer de débloquer les discussions, une proposition pour l’heure écartée par le Kremlin.
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Mais malgré la pression exercée par Washington et la venue de Steve Witkoff à Moscou, l’offensive russe contre son voisin se poursuit. La Russie a tiré, au cours de la nuit de dimanche à lundi, 162 drones et un missile sur l’Ukraine, dont la quasi-totalité ont été abattus, a indiqué l’armée de l’air ukrainienne. Côté russe, une attaque de drones ukrainiens a provoqué, ce dimanche, un incendie dans un dépôt pétrolier de Sotchi, cité balnéaire connue pour avoir accueilli les Jeux olympiques de 2014. Ces attaques croisées ont fait des blessés des deux côtés du front.