August 3, 2025

"Je veux juste qu’on me laisse réparer" : deux ans après l’affaissement de sa maison suite à un dégât des eaux causé par un voisin, la colère d’une sinistrée

l’essentiel
Maison fissurée, sol effondré : cette victime d’un dégât des eaux à Nogaro se bat depuis deux ans et dénonce l’inaction de l’OPH 32.

Depuis plus de deux ans, Pierrette Pérez, propriétaire d’une maison mitoyenne à Nogaro, vit un véritable cauchemar. Sa maison, héritée de sa mère, est devenue inhabitable à la suite d’un affaissement brutal en mars 2023. À l’origine du sinistre, selon elle, une accumulation d’eaux pluviales, mal évacuées depuis des années, et rejetées dans les fondations par une pompe dans la maison voisine.

L’affaire remonte à 2019. Après le décès de sa mère, elle conserve la maison familiale. Installée sur la côte Atlantique, elle aime revenir régulièrement à Nogaro où elle a grandi et garde de nombreuses attaches.
Une nuit, elle entend un bruit continu, semblable à celui d’une machine à laver. “Je croyais que les voisins faisaient tourner une machine. En fait, c’était une pompe de relevage chez le voisin, qui rejetait l’eau de sa cave… sous ma maison”.

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Face à cette révélation, elle alerte l’Office Public de l’Habitat du Gers (OPH 32), propriétaire du logement voisin. La réponse est déroutante : “Ils m’ont dit qu’ils avaient bien repéré des inondations récurrentes, mais qu’ils ne savaient pas d’où venait l’eau. Je leur dis : ‘enlevez-moi cette pompe’”. Rien n’est fait pour résoudre la situation. Le problème, déjà ancien, s’aggrave.

Un affaissement brutal et un arrêt de péril

Le 5 mars 2023, le drame se produit. Un ami, qui occupait la maison quelques jours par semaine pour l’aérer et la chauffer, est réveillé en pleine nuit. “Il m’a appelée affolé. Il me dit que tous les meubles sont couchés, le sol s’est affaissé, le mur aussi”. Pierrette Pérez alerte immédiatement la mairie, son assurance. Un arrêté de péril est pris dans la foulée.

“Je disais toujours à mon ami de couper le gaz quand il partait. Heureusement qu’il l’avait fait. Sinon, la maison aurait pu exploser”.

Sa compagnie d’assurances missionne un cabinet d’expertise. Mais les conclusions déçoivent. “L’expert a parlé de mouvements d’argile. Il refusait même qu’on fasse une étude de sol, demandée par l’assurance elle-même ! En l’absence d’un arrêté de catastrophe naturelle, l’assureur a fermé le dossier. J’ai reçu une lettre m’annonçant qu’ils ne prendraient rien en charge. Ça m’a broyé.”

Mais la Nogarolienne reste déterminée, et elle poursuit son combat. “J’ai une formation juridique, j’ai travaillé dans l’administration, alors j’ai persisté.”

Elle obtient enfin une étude de sol indépendante en février 2024. Elle révèle sans ambiguïté l’origine du sinistre, l’érosion des fines du sol par l’eau. “Ce que je disais depuis deux ans était vrai. C’est un dégât des eaux, causé par la pompe de l’OPH.”

L’impossibilité de reconstruire sans action de l’OPH

Suite à cette étude, l’assureur accepte de rouvrir le dossier et débloque des fonds. Les travaux sont définis : démolition du rez-de-chaussée hors murs porteurs, remblaiement, chape neuve, injections de résine. “Tout est prêt. Mais on ne peut pas injecter de résine si l’eau continue à s’infiltrer. La résine ne supporte pas l’humidité”.

Or, depuis mars 2025, l’OPH a reconnu sa responsabilité. Mais au lieu de lancer immédiatement les travaux, elle attend. “Ils ont seulement publié un appel d’offres le 1er juillet ! Même si un prestataire est choisi, il ne pourra rien faire avant l’automne. Et moi, je perds encore du temps”, regrette Pierrette Pérez.

Elle demande, au minimum, que sa maison soit “mise hors d’eau” rapidement, même provisoirement. “J’ai trouvé les artisans pour réparer ma maison, l’assurance m’a débloqué une partie des fonds. Mais rien ne peut être fait tant que je ne suis pas mise hors d’eau”, s’impatiente encore la Nogaoralienne.

Elle envisage de réclamer des indemnités pour perte de jouissance du bien. “Je n’en peux plus. Je vis dans une maison prêtée lorsque je viens à Nogaro voir des proches. Ce n’est pas une résidence secondaire. C’est chez moi. Je veux juste qu’on me laisse réparer”.

La Nogarolienne demande à être de toute urgence "mise hors d’eau" pour réparer.
La Nogarolienne demande à être de toute urgence “mise hors d’eau” pour réparer.
D.R.

L’OPH 32 promet de tout refaire dès septembre

L’Office Public de l’Habitat (OPH) assure que les travaux de réhabilitation du réseau pluvial à l’origine du sinistre touchant Pierrette Pérez débuteront en septembre. Une intervention “globale”, qui concernera l’ensemble de la douzaine de maisons concernées par le réseau, et non uniquement le logement de la sinistrée.

“Le terrain est en pente, et comme le problème a démarré en amont, on ne pouvait pas se contenter d’une intervention ciblée. On va tout refaire d’un coup”, explique le représentant de l’OPH. Un nouveau réseau d’eaux pluviales et d’eaux usées sera donc créé, avec une tranchée traversant les jardins de toutes les maisons concernées, y compris deux logements aujourd’hui privés.

Cette décision s’appuie sur un diagnostic approfondi mené grâce à une caméra d’inspection : “On a vu que le terrain subissait une érosion progressive autour de la canalisation. Il était donc urgent de changer l’ensemble du réseau, pas seulement le tronçon initialement identifié”.

Ce changement d’échelle a toutefois rallongé les délais. “Comme le montant dépasse les 100 000 €, nous avons dû lancer un appel public à la concurrence, ce qui implique un mois de rédaction, deux mois d’appel à candidatures, puis trois semaines de délibération”, justifie l’OPH. Le coût de cette opération sera pris en charge totalement par l’OPH32, précise encore l’organisme.

Il reconnaît néanmoins que “la situation a été plus longue que prévu”, en raison d’une première erreur d’analyse du sinistre, initialement attribué à la sécheresse. “Heureusement, les expertises ont permis de faire la lumière”.

Une réunion d’information est prévue après le 15 août avec les autres riverains qui, pour l’heure, n’ont pas été prévenus de l’intervention à venir.

 

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