August 1, 2025

"Je suis fier d’avoir pu donner envie" : les mondiaux de judo, le dernier défi de Thierry Barruet après 51 ans sur les tatamis

l’essentiel
À 61 ans, Thierry Barruet s’apprête à disputer ses derniers championnats du monde vétérans en moins de 60 kilos. Après plus de cinq décennies dédiées au judo marquées par la création de deux clubs, le Tarn-et-Garonnais vise une ultime consécration en novembre à Paris.

Ça sera peut-être son dernier tournoi, sûrement ses derniers championnats du monde. Après 51 ans de bons et loyaux services dans le judo, Thierry Barruet s’offre un dernier grand défi en novembre : remporter ses premiers mondiaux. Enfant compliqué, ses parents le poussent sur le tatami à l’âge de 10 ans : “Ça m’a plu et ils ont eu raison de m’y mettre puisque ça m’a calmé. J’ai commencé le judo en 1974 à Castelsarrasin avec Jean-Claude Cabanne, c’est lui qui m’a transmis sa passion”, rigole le vétéran.

THIERRY BARRUET
THIERRY BARRUET
DDM – MANUEL MASSIP

L’enfant devient ado et les ceintures s’assombrissent jusqu’à devenir noires à l’âge de 16 ans. Par la suite, Thierry voit le judo comme un loisir et moins comme une compétition : quelques trophées régionaux et interrégionaux viendront garnir son armoire mais pas davantage sur le plan national : “Je me faisais casser la gueule au premier tour au-delà”, s’amuse-t-il.

La passion lui fera ouvrir deux clubs

Pourtant, le judoka peut se targuer d’avoir partagé le tatami avec une star : “J’étais dans le club de Brigitte Deydier. Elle a été trois fois championne du monde. Je m’entraînais avec elle le dimanche matin !”, se remémore-t-il tout heureux. Puis, bousculé par son mentor, il obtient son brevet d’État pour enseigner. Il lui faudra 10 ans pour l’utiliser : “Avant je n’en avais pas envie, ça ne m’intéressait pas. J’étais dans l’informatique. Quand j’en ai eu marre, je me suis mis à enseigner”, explique-t-il d’un air malicieux.

Transmettre est un rôle qu’il embrasse finalement avec plaisir, à un tel point qu’il décide en 1998 de fonder sa propre structure à Toulouse : Judo Olympia Gym, qui comptait une centaine d’adhérents. Vingt ans s’écoulent, et le Tarn-et-Garonnais trouve le temps de trajet long au fil des années. En 2016, il décide d’ouvrir un deuxième club dans son fief, à Saint-Nicolas-de-la-Grave : le Judo Club Occitan. “Au début on était 4, aujourd’hui on est plus de 40, on est monté à 70 avant le Covid”.

Problème : le temps fait son âge, sa maladie aussi, car il est atteint de polyarthrite (inflammation des articulations), l’adversaire le plus coriace qu’il ait eu à combattre : “Mon rhumato m’a dit, c’est bien de faire du sport, mais le judo, c’est un sport traumatisant et violent. À un moment donné, il va falloir que tu arrêtes.”

La fin de l’enseignement et les derniers défis

Cette échéance approche pour le sportif de 61 ans. Après trente ans d’enseignement et des centaines d’élèves formés, il a décidé de passer la main pour la saison prochaine : “Je suis content parce que jusqu’en mai, on n’avait personne pour reprendre. Mais une jeune femme très motivée, Tessa Banos, s’est présentée et le club va pouvoir continuer à vivre”, se réjouit son fondateur.

“Je suis fier d’avoir pu donner envie”, clame Thierry. Le chapitre entraîneur clos, le Tarn-et-Garonnais va pouvoir se recentrer sur sa carrière personnelle : après deux victoires et deux finales lors de ses quatre dernières sorties, il entend bien aller chercher la gagne dans la Capitale en novembre prochain : “Quand j’ai su que c’était à Paris, je me suis dit pourquoi pas, parce que ces tournois sont de sacrés investissements financiers.”

Le sexagénaire va rentrer dans sa préparation à coup de 2 à 3 séances d’entraînement par semaine sans compter celles de vélo. En cas de performance, il entrevoit les portes à un ultime challenge avec les championnats d’Europe, qui se dérouleront en France, au printemps 2026.

Le président du club a lancé une cagnotte sur le leetchi.com pour aider Thierry à couvrir les frais du championnat du monde. À noter que les cours de judo au club de Saint-Nicolas-de-la-Grave reprendront le mercredi 10 septembre.

source

TAGS: