Récit
Selon les critères de l’ONU, le seuil de famine est dépassé dans une partie de l’enclave palestinienne. De retour de mission, trois médecins britanniques parlent d’une stratégie d’asphyxie progressive.
On ne meurt pas de faim. On meurt lorsque le corps, privé de ressources, déraille et ne se répare plus. C’est un processus long et pénible. Réversible à tout moment, jusqu’à un certain point. Comment ça se passe ? Lorsque les sucres rapides et le glycogène s’épuisent, au bout de quarante-huit heures environ, le corps s’intéresse aux graisses. Après les graisses, il « dévore » les muscles, puis les organes. Le système immunitaire s’effondre, la moindre infection devient fatale. Chez un adulte en bonne santé, l’agonie peut durer quelques semaines, tout au plus. Enfin, à condition qu’il boive en quantité suffisante, une eau non contaminée, à condition aussi qu’il n’y ait pas d’épidémie, pas de blessures qui s’infectent, pas de maladies sous-jacentes. Et chez un bébé, un enfant, une personne âgée ? C’est une question de jours.
A Gaza, nous en sommes là. Après les bombes et les missiles, les obus de char, les snipers, voici venue la dernière arme de la guerre : la faim. L’enclave palestinienne ne survit plus, elle meurt désormais. Dans la poussière, les ruines, dans les camps de tentes, la nuit, le jour, Gaza n’est plus qu’une longue plainte de râle et de désespoir. « Les habitants de Gaza ne sont ni morts ni vivants, ce sont des cadavres ambulants. » Ces mots, ce sont…

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