Des Palestiniens transportent des sacs de farine déchargés d’un convoi d’aide humanitaire qui est arrivé à Gaza depuis le nord de la bande, le 26 juillet 2025. JEHAD ALSHRAFI/AP/SIPA
L’armée israélienne a annoncé ce dimanche 27 juillet qu’elle observerait « une pause tactique » quotidienne dans plusieurs zones de la bande de Gaza et la mise en place de couloirs humanitaires sécurisés pour les convois de l’ONU et des ONG afin de faire face à une crise de la faim qui s’aggrave.
Israël a également annoncé ce dimanche avoir parachuté de l’aide humanitaire sur le territoire palestinien, après des semaines de pression internationale pour permettre l’arrivée de vivres et autres denrées vitales à la population affamée, dans le territoire palestinien ravagé par plus de vingt et un mois de guerre. « Le Nouvel Obs » fait le point sur les annonces israéliennes.
• Une pause de 10 à 20 heures et des « couloirs permanents »
« La pause sera observée de 10 heures à 20 heures [9 à 19 heures en France] à partir d’aujourd’hui [ce dimanche] », à commencer par les zones de Deir-al-Balah (centre), Al-Mawasi (sud) et la ville de Gaza (nord) où il n’y a « pas d’opérations militaires », a indiqué l’armée israélienne dans un communiqué.
Des « couloirs permanents » seront mis en place « de 6 heures à 23 heures [5 à 22 heures en France] pour permettre le passage en toute sécurité des convois de l’ONU et des organisations d’aide humanitaire qui livrent et distribuent de la nourriture et des médicaments à la population de la bande de Gaza », ajoute-t-elle.
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L’armée israélienne précise que la décision a été coordonnée avec ces organisations, suite à « des discussions à ce sujet ». Les habitants de ces zones ont été prévenus via une publication en arabe du porte-parole militaire israélien Avichay Adraee sur X.
« Des camions égyptiens chargés d’aide ont commencé à entrer dans la bande de Gaza par le point de passage de Rafah », frontalier avec l’Egypte, a annoncé ce dimanche matin le média égyptien, proche du pouvoir, Al-Qahera News, dans un message sur X accompagné d’images montrant des convois dans la zone frontalière.
L’ONU ou les ONG opérant à Gaza n’ont pas réagi officiellement dans l’immédiat, tandis que des sources humanitaires, sceptiques en privé, ont dit attendre de voir les effets concrets de l’annonce israélienne sur le terrain. Dans la nuit, le ministère des Affaires étrangères a annoncé « “une pause humanitaire” dans les centres civils et les couloirs humanitaires pour permettre la distribution de l’aide humanitaire », faisant porter à l’ONU la responsabilité de son blocage.
• Reprise des parachutages d’aide
Israël a diffusé dans la nuit de samedi à ce dimanche les images d’un parachutage de « sept lots d’aide contenant de la farine, du sucre et des conserves » sur la bande de Gaza. Israël, qui assiège le territoire palestinien depuis le début de la guerre contre le Hamas le 7 octobre 2023, avait imposé début mars un blocus hermétique au territoire, très partiellement assoupli fin mai, qui a entraîné de très graves pénuries de nourriture et de biens de première nécessité.
Le parachutage a été « mené en coordination avec des organisations internationales et dirigé par le Cogat [un organisme du ministère de la Défense, NDLR] », a indiqué l’armée dans un communiqué diffusé dans la nuit de samedi à ce dimanche sur Telegram.
Le chef de l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a estimé samedi que la reprise des largages d’aide humanitaire par voie aérienne au-dessus de Gaza constituait une démarche « inefficace » face à la catastrophe humanitaire qui ravage le territoire palestinien.
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Cette méthode, déjà mise en œuvre en 2024 notamment par les Emirats arabes unis, la Jordanie et la France, avait été décriée par nombre de responsables humanitaires, qui l’avaient jugée dangereuse et de portée limitée, soulignant qu’elle ne pouvait se substituer à la voie terrestre.
• Des annonces après l’échec des négociations d’une trêve
La décision du gouvernement israélien survient après les déclarations de Donald Trump qui a accusé le Hamas de ne pas vouloir un accord sur un cessez-le-feu à Gaza. « Le Hamas ne voulait pas vraiment conclure un accord. Je pense qu’ils veulent mourir. Et c’est très, très grave », avait déclaré vendredi le président américain.
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou avait annoncé, après l’échec des négociations, « étudier d’autres options pour ramener » les otages et « mettre fin au règne terroriste du Hamas ». Le mouvement islamiste avait, lui, accusé l’émissaire américain Steve Witkoff de revirement pour « servir l’intérêt d’Israël ».