December 25, 2025

ENTRETIEN. Mort d’Émile : après la saisie des vélos, où va l’enquête ? "La thèse de l’accident est toujours à l’étude"

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De “nouveaux éléments” ont été saisis par les enquêteurs au domicile des grands-parents du petit Émile Soleil, en ce début de semaine. Le général François Daoust, ancien commandant du pôle judiciaire de la gendarmerie nationale, décrypte les récentes avancées de l’enquête.

La Dépêche du Midi : De nouvelles saisies “d’éléments” ont eu lieu en ce début de semaine au domicile des grands-parents du petit Émile. Quel regard portez-vous sur l’évolution de l’enquête ?

Général François Daoust : L’enquête suit une logique méthodique : il s’agit de fermer des portes au fur et à mesure. Les enquêteurs avancent pas à pas, et cherchent à mettre en cohérence les témoignages, les indices matériels et les résultats d’expertises. Les éléments d’enquête avaient montré que le corps de l’enfant avait été déplacé après sa mort : les enquêteurs sont ainsi à la recherche d’un objet qui aurait pu permettre de dissimuler le corps du petit Émile. Il pourrait s’agir tout aussi bien d’une malle, d’une cantine, voire d’un sac à dos.

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Les enquêteurs sont aussi en quête d’un objet qui aurait pu provoquer le “traumatisme facial violent” qui a été détecté sur le crâne de l’enfant. Dans ce cadre, deux vélos ont été saisis par les enquêteurs : ils seront soumis à expertise.

Les investigations sur la mort du petit Emile Soleil continuent et la piste de l'accident n'est pas écartée estime le général François Daouste.
Les investigations sur la mort du petit Emile Soleil continuent et la piste de l’accident n’est pas écartée estime le général François Daouste.
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Que peut-on attendre de ces expertises ?

Les objets saisis – comme ces vélos – sont envoyés en laboratoire. L’objectif, c’est de rechercher d’éventuelles traces ADN de l’enfant. Si des traces sont trouvées, il faut ensuite les expliquer. Ces traces sont-elles le fruit d’un simple contact de l’enfant avec l’objet ? Ou traduisent-elles un impact, peut-être accidentel ? Un vélo qui tombe – par exemple – sur la tête d’un petit enfant, peut provoquer une fracture. Tout ce qui peut être lié, directement ou indirectement, à la blessure observée sur le crâne de l’enfant est expertisé.

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L’expertise de ces vélos pourrait également s’attarder sur les pneus : des traces appartenant à des deux roues auraient pu être détectées à proximité de l’endroit où les ossements du petit Émile ont été retrouvés.

Ces saisies ont eu lieu au domicile des grands-parents du petit Émile : la thèse d’une responsabilité familiale est toujours à l’étude ?

En vérité, cette piste n’a jamais été totalement écartée : même si les grands-parents sont ressortis libres de la garde à vue qui avait été menée en mars 2025, cette piste reste à l’étude. Si des éléments matériels apparaissent, d’autres perquisitions pourraient suivre. Bien sûr, d’autres pistes sont envisagées : l’hypothèse d’un tiers ayant causé accidentellement la mort de l’enfant, puis dissimulé le corps, reste elle aussi ouverte.

La piste de l’accident reste donc toujours sur la table ?

Elle reste tout à fait crédible. Globalement, plusieurs éléments permettent de dire si des lésions qui sont observées sur un ossement correspondent à une blessure volontaire ou non. Si plusieurs traces d’impacts sont détectées, cela peut signifier qu’il y a eu des coups répétés. Dans le cas du petit Émile, on parle d’une lésion au niveau du zygomatique droit. Difficile de dire si le coup qui a provoqué ce traumatisme facial était volontaire ou non.

L’avocat d’Anne Vedovini, la grand-mère d’Émile, a indiqué qu’elle avait réalisé un “complément d’enquête” en réunissant des “notes” et des “réflexions” sur le dossier. Cette dernière souhaite par ailleurs réaliser une “demande d’actes complémentaires” d’ici janvier. Est-ce une démarche habituelle ?

Oui, c’est une pratique courante. Des personnes impliquées dans une affaire, même sans être soupçonnées dans une enquête, peuvent mener leur propre réflexion et vouloir la transmettre au magistrat. Par ailleurs, l’avocat peut solliciter le juge d’instruction pour mener des expertises supplémentaires ou des analyses plus poussées. Cela permet parfois d’éclaircir un point resté flou ou de vérifier certaines hypothèses. Ces demandes sont fréquentes dans les affaires complexes.

Comment l’enquête va-t-elle évoluer dans les prochaines semaines ?

On sait aujourd’hui qu’une vingtaine d’enquêteurs restent mobilisés sur cette enquête, effectuant perquisitions et saisies, aussi bien chez les proches du petit Émile que chez des personnes citées dans ce dossier. Le but à terme ce sera d’affiner le travail anthropologique et de dire si les lésions qui ont été observées sur le crâne du petit Émile sont le fruit de coups volontaires ou non. Bien sûr, il s’agira de savoir quel objet a provoqué ce traumatisme facial et enfin, de chercher à identifier le lieu exact où le drame a eu lieu.

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