December 21, 2025

Dermatose nodulaire : "On vit dans la peur", le choc des voisins du cheptel abattu en Ariège

l’essentiel
Entre peur et colère, les voisins du GAEC de Mouriscou, l’élevage ariégeois dont les 208 bovins ont été abattus après un cas de DNC, dénoncent une gestion sanitaire brutale et craignent pour l’avenir du modèle agricole.

La dermatose nodulaire contagieuse est au cœur de toutes les inquiétudes dans la filière agricole. Depuis plus d’une semaine, la profession est sous tension après l’abattage de plus de 200 bovins aux Bordes-sur-Arize, une décision sanitaire jugée brutale par de nombreux éleveurs du territoire. Autour de l’exploitation touchée, la sidération a laissé place à la colère et à la peur. Peur d’être les prochains sur la liste, peur de voir disparaître un modèle agricole déjà fragilisé.

“Il faut arrêter ce massacre”

Rosine Moreau, élue à la commune de Castéras et exploitante à la ferme de Galinac, témoignait le 11 décembre dernier avec émotion : “On vit dans la peur, on les soutient du mieux qu’on peut… Ce qu’ils vivent, ça doit faire mal, on se met à leur place. C’est aberrant.”. Pour cette agricultrice proche de la retraite, l’inquiétude dépasse largement le seul cas des Bordes : “De toute façon, l’État, on sait ce qu’il veut faire : supprimer tous les petits agriculteurs. Ils ont déjà commencé avec la grippe aviaire à tuer des canards, des poules. Ils sont en train de tuer l’agriculture et ça fait mal.”.

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Si la mobilisation apporte un peu de réconfort, la colère reste vive : “Moi j’ai deux garçons qui sont sur l’exploitation familiale, car je prends la retraite à la fin de l’année. Mais je ne sais pas s’ils vont avoir envie de continuer quand on voit tout ça. Je sais qu’il faut se battre, ça fait chaud au cœur de voir toute cette mobilisation, mais il faut arrêter ce massacre.”.

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À quelques kilomètres de là, près du GAEC de Mouriscou, un autre éleveur partage le même sentiment d’abandon. Il dénonce un système qu’il juge déconnecté du terrain : “C’est un scandale, c’est un modèle qu’ils sont en train de tuer. Moi je suis persuadé qu’ils veulent éliminer 80 % de l’élevage bovin français pour pouvoir construire des fermes industrielles. Il faut continuer à montrer qu’on est là. Et surtout que les gens continuent à manger local, qu’ils se renseignent dans les milieux ruraux. J’ai un fils de trois ans, j’ai envie qu’il grandisse dans un autre monde.”.

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1000 exploitations ariégeoises vaccinées au 31 décembre

Face à la montée de la contestation, le gouvernement a tenté d’apporter des garanties. Ce mardi 16 décembre, le Premier ministre Sébastien Lecornu a déclaré que le Gouvernement “s’engage à faciliter et accélérer l’accès aux vaccins” via la mobilisation des logisticiens des armées et de la sécurité civile pour acheminer les doses. “Un stock de 500 000 doses, issu du ministère chargé de l’Agriculture, est déjà en cours d’acheminement vers les cabinets vétérinaires des départements concernés. Les premières vaccinations ont débuté en Ariège, Hautes-Pyrénées et Pyrénées-Orientales. Les 1 000 exploitations ariégeoises doivent être intégralement vaccinées d’ici au 31 décembre 2025.”.

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Rappelant que l’élevage français représente le premier cheptel européen, avec 16 millions de bovins et “une génétique exceptionnellement riche de plusieurs décennies”, le gouvernement affirme que “l’effort collectif doit le protéger”. Un fonds de soutien de plus de 10 millions d’euros a également été activé pour venir en aide aux petits élevages des zones touchées. Il sera complété par “un mécanisme d’exonération des charges fiscales et sociales”. Des déclarations jugées insuffisantes pour les syndicats qui maintiennent les blocages.

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