Absent ces deux dernières semaines en raison d’une commotion, le deuxième ligne australien Tom Staniforth, blessé, reviendra ce dimanche 14 décembre lors de la réception d’Édimbourg en Champions Cup. Celui qui est arrivé en France en 2020 a par ailleurs lancé des démarches afin de devenir Français.
Vous avez dernièrement recroisé, à Castres, votre compatriote Nick Champion De Crespigny. Lui a préféré rentrer en Australie pour retrouver la sélection. N’avez-vous jamais ressenti l’envie d’essayer cela vous aussi ?
Non, ça n’a jamais été un regret pour moi. J’ai essayé lorsque je jouais là-bas, sans y parvenir. Ça arrive. Mais je suis très bien ici, c’est tellement intéressant. Le style de jeu, l’ambiance, les stades. Je serai toujours reconnaissant envers Castres de m’avoir donné cette opportunité. Je pense que je ne reviendrai jamais en Australie.
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Vous semblez vraiment être attaché à la France… Et vos progrès en français sont impressionnants !
Oui, je m’y plais énormément avec ma famille. Quant à ma maîtrise de la langue, j’ai fait la demande pour passer l’examen afin de prouver que je parle et comprends suffisamment la langue. C’est nécessaire pour obtenir le passeport.
Vous souhaitez donc devenir Français ?
C’est le but, pour ma famille et moi. On aimerait rester en France, créer une vie ici, après le rugby. Ce serait une chose incroyable de parvenir à le faire. Mais pour cela, il faut un passeport, alors on l’a demandé. Après, il y a pas mal de choses à faire encore, comme réaliser un entretien avec la préfecture qui va demander plusieurs informations sur l’histoire de la France, et autres.
En matière de connaissance historique, vos coéquipiers vous aident-ils ?
Bon, parfois, je demande mais les mecs ne savent pas (rires). Je n’ai pas encore commencé à réviser, j’attends d’en savoir plus vis-à-vis de la préfecture.
Et à apprendre la langue ?
Oui. On a la chance d’avoir plusieurs gars capables de passer du français à l’anglais. Babs (Babillot), Stefan (Buruiana), Feibyan (Tukino), ce sont peut-être les meilleurs professeurs de l’équipe (sourire). Ils donnent beaucoup de conseils, indiquent que l’on dit ceci ou plutôt cela. Car au fond, il y a toujours des expressions que l’on ne saisit pas. Il y a aussi pas mal de joueurs qui désirent apprendre le français, donc ils parlent aussi doucement. Parce qu’au début, quand tu débarques et que tout le monde parle vite, tu ne comprends rien !
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Souvent, on dit qu’on a “basculé” quand on se met à jurer dans la langue que l’on apprend. Est-ce votre cas ?
Non ! J’en reste à l’anglais encore ! Le français est toujours une seconde langue. En revanche, pour mes enfants (4 et 2 ans, ndlr), c’est différent. Ils sont à l’école, donc optent naturellement pour le français. Des fois, ils parlent et avec ma femme on se dit : ‘’Quoi ?’’. On est obligé d’envoyer une vidéo à Babs ou Feibyan pour qu’ils nous traduisent (rires). Des fois, ma fille vient me voir et me sort : ‘’Papa t’es puni ! Papa, t’es caca boudin’’ Hein ? C’est quoi ça ? Mais c’est super positif qu’ils apprennent très tôt. Néanmoins, on est obligé de fixer la règle de parler anglais à la maison. Ok, ils pratiquent le français toute la journée, pendant huit heures, mais les deux heures le matin et deux heures le soir où on est ensemble à la maison, c’est anglais. C’est essentiel de maîtriser les deux langues, ne serait-ce que pour communiquer avec leurs grands-parents. Et puis, disons que le français est la langue entre nous si on veut dire des trucs pas sympas sur les parents quand ils sont là (rires).
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Qu’est-ce qui vous plaît finalement en France ?
Le mode de vie. On n’est pas enfermé dans le travail, on pense beaucoup à sa famille, ses amis, c’est plus important que le boulot. Il y a un équilibre que j’adore. Il s’agit d’une mentalité assez exceptionnelle. Après, en ce qui concerne les coutumes, c’est difficile de savoir toutes les petites choses. Je poursuis mon apprentissage.

