Donald Trump a exprimé des doutes dimanche 7 décembre sur le rachat de Warner Bros. Discovery (WBD) par Netflix. JULIA DEMAREE NIKHINSON/AP/SIPA
Le champion du streaming vidéo Netflix s’est entendu avec Warner Bros Discovery (WBD) pour racheter l’essentiel du groupe de médias, valorisé 83 milliards de dollars, peut-on lire dans un communiqué publié par les deux entreprises américaines vendredi 5 décembre. Netflix souhaite récupérer notamment son concurrent dans le streaming vidéo HBO Max, ainsi que les célèbres studios Warner Bros et leur catalogue. Une décision qui suscite l’inquiétude d’une partie d’Hollywood, des exploitants de cinémas et d’élus quant à l’avenir de la diffusion en salles et à une concentration excessive du secteur.
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En réaction, le président américain a exprimé des doutes dans le rachat de Warner Bros Discovery par Netflix dimanche, lors d’une cérémonie de remises de récompenses au Kennedy Center, soulignant que le géant du streaming possédait déjà « une très grosse part de marché ». Une intervention de la Maison Blanche presque inévitable, qui risque de prendre une place importante dans l’échange.
Un rachat hors-norme
Si le projet de fusion dans sa forme actuelle allait à son terme, Netflix avalerait la plateforme concurrente HBO Max, ainsi que les studios Warner Bros. Or Netflix est la première plateforme mondiale de vidéo à la demande et HBO Max la troisième (hors Amazon Prime Video), Disney+complétant le podium.
La plateforme de streaming indique cependant qu’elle entend préserver, pour l’instant, le modèle économique de Warner Bros, notamment les sorties de films en salles. La plateforme affirme aussi que cette méga acquisition va lui permettre d’étendre sa capacité de production studio aux États-Unis et de continuer à accroître ses investissements dans les contenus originaux.
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Netflix se retrouverait donc à la tête d’un catalogue gigantesque, qui comprend les sagas « Harry Potter » et « Le seigneur des anneaux », les super-héros de DC Studios (Batman, Superman ou encore Wonder Woman) ou encore la série « Game of Thrones ». La plateforme n’hériterait pas, en revanche, des chaînes de télévision de Warner Bros. Discovery (Discovery Channel et CNN notamment), qui seraient logées, avant le rachat, dans une entité distincte de Warner Bros. et qui serait cotée en Bourse.
Le géant des vidéos en ligne a coiffé au poteau le câblo-opérateur Comcast et le groupe de médias Paramount Skydance, également sur les rangs pour ce rachat, dont le patron, David Ellison, est un proche de Donald Trump.
Une menace pour les cinémas
La fédération d’exploitants Cinema United voit dans l’absorption de Warner Bros par Netflix « une menace sans précédent » pour les salles obscures. Pour la sénatrice démocrate Elizabeth Warren, ce rachat « menace d’augmenter le prix des abonnements, d’entraîner un choix plus réduit, (…) tout en menaçant l’emploi aux Etats-Unis ».
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Pour éviter toute complication, le codirecteur général Ted Sarandos a assuré que Netflix ne remettrait pas en cause la sortie en salle des films produits par Warner Bros, mais entendait réduire la période d’exclusivité avant la diffusion en vidéo.
Cette prise de parole n’a cependant pas calmé les foules. Dans une lettre adressée à des membres du Congrès, un collectif de producteurs a averti que le passage de Warner Bros sous le giron de Netflix reviendrait à mettre « la corde au cou du secteur » des salles de cinéma.
Implication de la Maison Blanche
Avant d’être actée, cette négociation doit être validée par les autorités américaines, compte tenu de la loi Sherman Antitrust Act, autour du droit à la concurrence et de la restriction du monopole, donnant le pouvoir au gouvernement américain d’annuler un achat.
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Vendredi, un responsable du gouvernement indiquait à la chaîne CNBC, sous couvert d’anonymat, que l’administration Trump manifestait un « fort scepticisme » vis-à-vis de cette union. Cette défiance s’est confirmée ce dimanche, lorsque Donald Trump a déclaré douter de ce rachat, qui « pourrait être un problème ». « Je serai impliqué dans (la) décision » des régulateurs sur ce rachat à 83 milliards de dollars, a-t-il ajouté.
Le projet fera probablement « l’objet d’un examen approfondi de la part des régulateurs américains et européens, car il soulève des craintes légitimes de monopole », a commenté dans une note l’analyste Kathleen Brooks, de XTB. Netflix table sur une finalisation dans les 12 à 18 mois, signe qu’il anticipe un examen approfondi des régulateurs.
Le président des Etats-unis a par ailleurs indiqué que le codirecteur général de Netflix, Ted Sarandos, était venu récemment le voir à la Maison Blanche. Lors d’une conférence téléphonique avec les analystes, ce dernier s’est dit « hautement confiant » dans la validation par les autorités de la concurrence.

