Jugé ce mardi 2 décembre à Cahors pour des violences conjugales en état de récidive, un jeune homme de 19 ans a été condamné à trois ans de prison ferme et à une interdiction définitive du territoire.
“Docteur Jekyll et Mister Hyde”, voilà comment l’avocat de la défense qualifie son client, accusé de violences conjugales en état de récidive, sur sa compagne, Laurie*. “Il faisait le ménage, le repassage et parfois la cuisine et de l’autre côté, il y avait des gestes de violence”, poursuit-il. Pourtant, la victime a décrit quatre tabassages à la police de Cahors en moins de trois mois de relation, entre juillet et octobre 2025.
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Il l’a giflée, traînée au sol, insultée, l’a menacée de mort et l’a même frappée avec une table de chevet. Des excès de brutalité pour un jeune homme de seulement 19 ans, qui exaspèrent le parquet : “On est dans une situation de soumission, de possession, d’isolement, de dénigrement et d’emprise, c’est le contrôle coercitif”, relate Clara Ribeiro, procureure de la République.
Une histoire révélée par une amie de la victime
Une affaire qui n’aurait jamais été dévoilée au grand jour sans le signalement auprès du commissariat d’une proche de Laurie. Le 19 octobre, la plaignante appelle son amie pour lui raconter les agressions de son compagnon. Elle l’emmène tout de suite aux urgences de Cahors. Des marques de strangulation, des plaies profondes aux genoux, des blessures au dos, la jeune femme est marquée physiquement. Son conjoint est interpellé trois jours plus tard, lors d’un pointage. Parce que l’homme sortait à peine de détention, pour des faits de violence.
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Lors de la comparution immédiate, ce mardi 2 décembre, il reconnaît partiellement les faits reprochés. Il a le visage fermé et est peu locace : “Tout ce que j’avais à dire, je l’ai dit aux policiers”, dit-il à la barre. “Je veux refaire ma vie et passer à autre chose”. Le tribunal demande des explications mais ne se justifie pas. Laurie est aussi présente lors de l’audience, mais elle aussi s’exprime peu. Elle a retiré sa plainte contre son ex-compagnon, le 27 novembre, un acte que l’avocat de la défense qualifiera de “marque d’amour”.
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“Envisagez-vous de vous remettre en couple avec lui ?”, lui demande la présidente. La plaignante reste silencieuse. Une expertise psychologique révèle qu’elle a du mal à passer outre l’absence de son père, et qu’elle aurait tendance à se surinvestir dans ses relations. “Êtes-vous d’accord avec cela ?”, questionne la magistrate. “Je n’ai pas besoin de soin, je suis bien entourée, j’ai des copines, c’est inutile”, commente-t-elle.
“Vous n’avez pas peur de monsieur ?”, insiste la procureure. “Non”, répond Laurie. “Aujourd’hui, c’est madame qui culpabilise. Monsieur n’a pas eu un mot pour la victime”, relance le ministère public. Clara Ribeiro demande trois ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire pendant dix ans : “Vous n’êtes pas la bienvenue sur le territoire”, indique-t-elle.
Le prévenu déjà sous le coup d’une OQTF
L’homme originaire d’Algérie fait l’objet d’une OQTF depuis l’année dernière et d’une ITF (interdiction du territoire français) de trois ans. Il confiera à la barre vouloir quand même rester en France et avoir un enfant avec Laurie. Son casier judiciaire fait déjà état de violences aggravées avec arme. Il ne travaillait pas, vivait sous le toit de Laurie, qui elle a un emploi.
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“Il ne faut pas tomber dans la caricature d’un homme violent par nature, il a à peine 19 ans, il est jeune et immature”, défend l’avocat du prévenu.
Le jeune homme sera déclaré coupable et sera condamné à trois ans de prison, et écopera d’une interdiction du territoire français définitif. Il a interdiction d’entrer en contact et de se rendre au domicile de la victime pendant trois ans.

